Environ 6,8 millions de citoyens étaient invités à voter afin de choisir parmi neuf prétendants, dont le général Mamadi Doumbouya, 41 ans, qui avait pourtant déclaré au départ ne pas vouloir se présenter à l’élection présidentielle.
L’élection présidentielle organisée dimanche en Guinée s’est déroulée sans incidents majeurs, selon les autorités électorales. D’après la Direction générale des élections (DGE), la participation aurait atteint 85 %, quatre ans après la prise de pouvoir du général Mamadi Doumbouya, aujourd’hui considéré comme le grand favori du scrutin.
Cette présidentielle marque une étape clé de la transition politique enclenchée après le coup d’État de septembre 2021, même si elle se tient dans un contexte de restrictions des libertés et d’exclusion de plusieurs figures importantes de l’opposition.
Un vote sans suspense apparent
Près de 6,8 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour départager neuf candidats. Parmi eux figure le général Doumbouya, âgé de 41 ans, qui avait initialement affirmé ne pas briguer la magistrature suprême. Face à lui, des concurrents peu connus du grand public, dans une compétition jugée déséquilibrée par de nombreux observateurs.

Selon la DGE, le taux de participation provisoire s’élevait à 85 % à la fermeture progressive des bureaux de vote à 18h00, heure locale. Les autorités ont toutefois prolongé le vote jusqu’à 19h00 dans certains centres, afin de permettre aux derniers électeurs de s’exprimer.
Une affluence contrastée à Conakry
Malgré les chiffres officiels élevés, les journalistes présents dans plusieurs bureaux de vote de la capitale ont observé une mobilisation limitée tout au long de la journée. Dans certains centres, notamment au cœur de Conakry, les bureaux ont fermé sans affluence notable.
Au bureau de vote de l’école Federico Mayor, en centre-ville, le dépouillement a débuté immédiatement après la fermeture, en l’absence d’électeurs. «Le résultat est déjà connu», confiait un habitant ayant choisi de s’abstenir, estimant que l’issue du scrutin ne faisait guère de doute.

Un climat sécuritaire renforcé
Le général Doumbouya a accompli son devoir civique dans le quartier de Kaloum, entouré d’un important dispositif de sécurité. Fidèle à ses habitudes, le chef de la junte s’est déplacé escorté par des éléments des forces spéciales, accompagné de son épouse. Il n’a fait aucune déclaration publique, lui qui est resté discret tout au long de la campagne.
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La capitale était placée sous haute surveillance, avec des patrouilles renforcées et la présence de véhicules blindés dans plusieurs quartiers. La veille du scrutin, les forces de sécurité avaient annoncé avoir neutralisé des individus soupçonnés de préparer des actions visant à troubler l’ordre public.
Une opposition absente et contestataire
La plupart des leaders de l’opposition ont été écartés du processus électoral par la nouvelle Constitution, adoptée par référendum en septembre dernier. En réaction, plusieurs partis ont appelé au boycott du scrutin.
Depuis l’étranger, l’opposant historique Cellou Dalein Diallo a dénoncé une élection qu’il qualifie de « mascarade », accusant les autorités de vouloir légitimer une confiscation du pouvoir. Des critiques relayées par certains observateurs, qui estiment que le vote vise avant tout à consolider la position du chef de la transition.
Des inquiétudes sur le respect des libertés
Les Nations unies ont exprimé leurs préoccupations quant au déroulement de la campagne, évoquant des cas d’intimidations à l’encontre de membres de l’opposition. Pour plusieurs analystes, la Guinée s’inscrit dans une longue tradition de régimes autoritaires, civils ou militaires, depuis son indépendance.
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Cette présidentielle s’insère dans une année électorale dense sur le continent africain, marquée par la reconduction de dirigeants en place et par une restriction croissante de l’espace politique dans plusieurs pays.
Une transition portée par des enjeux économiques
Adoptée lors d’un référendum largement boycotté par l’opposition, la nouvelle Constitution autorise les membres de la junte à se présenter aux élections et allonge la durée du mandat présidentiel à sept ans, renouvelable une fois. Elle a ainsi ouvert la voie à la candidature du général Doumbouya.
Notre Afrik avec AFP








