En réunissant 11 milliards de dollars lors de la dernière reconstitution du Fonds africain de développement, la Banque africaine de développement signe un record historique. Une performance saluée par les partenaires, qui y voient le fruit d’un leadership affirmé et d’une vision africaine plus assumée du développement.
Il y a des chiffres qui impressionnent, et d’autres qui structurent une époque. Les 11 milliards de dollars mobilisés pour la reconstitution du Fonds africain de développement (FAD) relèvent de la seconde catégorie. Jamais, depuis sa création, le guichet concessionnel de la Banque africaine de développement (BAD) n’avait atteint un tel niveau de ressources. Un jalon majeur, dans un contexte mondial pourtant peu favorable aux engagements financiers de long terme.
Pour Sidi Ould Tah, président du Groupe de la BAD, ce résultat dépasse la seule performance comptable. «Cette reconstitution historique est avant tout un vote de confiance en la capacité de l’Afrique à transformer ses fragilités en opportunités», a-t-il souligné, insistant sur la responsabilité collective qui accompagne un tel niveau d’ambition. Selon lui, le FAD doit désormais être perçu comme «un instrument stratégique au service de la résilience, de la croissance inclusive et de la souveraineté économique du continent».

Même tonalité du côté des pays bénéficiaires. Un ministre des Finances d’Afrique de l’Ouest confie que cette reconstitution «arrive à un moment critique, où nos marges budgétaires sont étroites mais où les besoins d’investissement sont immenses». Pour ces économies à faible revenu, le FAD demeure souvent le principal levier pour financer des infrastructures de base, renforcer l’accès à l’énergie ou soutenir l’agriculture productive.
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Les partenaires au développement, eux aussi, saluent une méthode. Un représentant européen ayant pris part aux négociations évoque «un processus plus lisible, plus exigeant aussi, qui met l’accent sur les résultats et l’impact». À ses yeux, la BAD a su démontrer que «chaque dollar mobilisé peut générer un effet multiplicateur réel sur le terrain, à condition d’être bien orienté».
Car derrière les montants, c’est bien l’orientation stratégique du Fonds qui retient l’attention. Climat, sécurité alimentaire, industrialisation, intégration régionale : les priorités affichées traduisent une volonté de sortir d’une logique d’urgence permanente. «Le FAD n’est plus seulement un filet de sécurité, il devient un accélérateur de transformation», résume un haut responsable de la BAD impliqué dans le processus.
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Cette reconstitution record intervient enfin dans un moment politique particulier. Alors que l’architecture financière internationale est de plus en plus questionnée, le succès du FAD envoie un signal clair : l’Afrique peut convaincre, mobiliser et structurer des ressources à grande échelle lorsqu’elle parle d’une voix cohérente et crédible.
Le véritable défi commence désormais. Transformer ces 11 milliards de dollars en projets concrets, visibles et mesurables sera l’épreuve décisive. Mais une chose est acquise : avec cette reconstitution historique, la BAD et son président ont rappelé que l’avenir du développement africain se construit moins dans les discours que dans la capacité à fédérer autour d’une vision partagée.
Simon Pierre ETOUNDI







