Cette opération, initiée par le Trésor sénégalais du 2 au 22 décembre 2025, a pour objectif de lever un montant sans précédent de 400 milliards FCFA (environ 710,2 millions $), faisant d’elle le plus grand programme de ce genre jamais réalisé par le pays.
Dans un contexte économique de plus en plus tendu, le Sénégal a annoncé un nouvel appel public à l’épargne (APE) pour refinancer une partie de sa dette intérieure et alléger la pression de trésorerie à l’approche des échéances extérieures de 2026. Cette opération, lancée par le Trésor sénégalais du 2 au 22 décembre 2025, vise à lever un montant record de 400 milliards FCFA (environ 710,2 millions $), le plus grand programme de ce type jamais émis par le pays.
L’APE 4, qui couvre des maturités allant de 3 à 10 ans, propose des taux d’intérêt compris entre 6,40 % et 6,95 %. Il s’inscrit dans une stratégie plus large de gestion active de la dette, à un moment où le pays doit faire face à des besoins de refinancement importants. Cette opération, comme les précédentes, permet au Sénégal de mieux gérer son endettement intérieur et de répondre aux défis de trésorerie à court terme.

Un bilan d’émissions record en 2025
L’APE 4 s’inscrit dans un cadre plus large de levées de fonds qui ont permis au Sénégal de mobiliser près de 1 220 milliards FCFA au cours de l’année 2025. L’APE 1 avait déjà levé 405 milliards FCFA, largement au-dessus de l’objectif initial de 150 milliards, tandis que l’APE 2 avait attiré 364 milliards FCFA. L’APE 3 avait surpassé les attentes avec 450 milliards FCFA collectés, portant ainsi le total des opérations de 2025 à un niveau sans précédent.
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Avec la nouvelle levée de fonds de 400 milliards FCFA, le Sénégal franchira donc la barre des 1 600 milliards FCFA collectés en 2025, un record pour le marché régional. Ces opérations témoignent de l’appétit des investisseurs pour la dette sénégalaise, mais aussi de la nécessité pour l’État de gérer une dette intérieure croissante.
Recentrer les financements sur la restructuration de la dette
L’objectif principal de cet appel à l’épargne n’est pas de financer de nouveaux projets, mais plutôt de refinancer une partie de la dette existante. En effet, une portion significative de l’enveloppe servira à convertir des crédits bancaires à court terme en dettes obligataires à plus longue maturité. Cette démarche permet de lisser le profil de la dette, en repoussant certaines échéances et en réduisant ainsi la pression sur la trésorerie de l’État, notamment en fin d’année. Le ministre des Finances, Cheikh Diba, a indiqué qu’environ 500 milliards FCFA de dettes bancaires pourraient être convertis, représentant près de 2 % de l’encours total de la dette publique sénégalaise.
Taux d’intérêt sous pression dans un contexte tendu
Les taux proposés, allant de 6 % à 6,95 %, reflètent la pression persistante sur le marché financier local. Les rendements exigés par les investisseurs pour cette dette à plus longue maturité sont significatifs, ce qui montre l’inquiétude sur la soutenabilité de la dette sénégalaise. Avec un ratio de dette publique estimé à plus de 130 % du PIB, la capacité du pays à honorer ses engagements à moyen terme est un point de vigilance, particulièrement à l’approche des échéances extérieures importantes.
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Une part importante des souscripteurs à ces titres souverains est constituée d’investisseurs étrangers. Ces derniers sont attirés par des rendements relativement élevés sur la dette en FCFA, mais également par la stabilité du Sénégal, notamment grâce à l’arrimage du franc CFA à l’euro, qui atténue le risque de change. À ce jour, les banques ivoiriennes détiennent près de 42 % des titres souverains sénégalais, une situation qui témoigne de l’intérêt croissant des acteurs régionaux pour les titres de la dette sénégalaise.







