Réuni en Conseil des ministres extraordinaire ce lundi 8 décembre, le président de la République, Patrice Talon, et les membres du gouvernement sont revenus sur les événements du dimanche 7 décembre.
Lundi 8 décembre, un Conseil des ministres extraordinaire s’est tenu à Cotonou, au lendemain de la tentative de coup d’État qui a secoué le Bénin. Lors de cette réunion, les autorités béninoises ont dévoilé des éléments sur les événements du 7 décembre, marqués par l’assassinat d’une personnalité clé, des combats violents à la résidence présidentielle, et des frappes aériennes de l’armée nigériane pour soutenir le gouvernement. Le président Patrice Talon a, par ailleurs, salué la réponse rapide des forces armées et de la communauté internationale, tout en réaffirmant la résilience du Bénin face à cette crise.

Des premiers signes de la conspiration
Dans un communiqué officiel, le gouvernement a précisé que la tentative de coup d’État a été orchestrée par un groupuscule de soldats. Ces derniers avaient pour objectif de démettre le président Talon, de soumettre les institutions béninoises et de remettre en cause l’ordre constitutionnel. Les mutins ont d’abord ciblé des responsables militaires, dans une série d’attaques coordonnées. Aux alentours de 2 heures du matin, les assaillants ont frappé à l’improviste le domicile du général Bertin Bada, directeur du cabinet militaire. Ce dernier a réussi à s’échapper, mais son épouse a tragiquement perdu la vie dans l’attaque.
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Face à cette mutinerie, les forces loyales à Patrice Talon ont rapidement réagi. Le colonel Faïzou Gomina, commandant de la base de Togbin, a été envoyé en renfort pour sécuriser la situation. Cependant, il a été capturé et pris en otage par les mutins. Dans un second temps, les mutins se sont rendus chez le général Abou Issa, chef d’état-major de l’Armée de terre. Ce dernier a opposé une résistance avant d’être capturé par les assaillants.
Violents combats devant la résidence présidentielle
En début de matinée, les mutins se sont dirigés vers la résidence présidentielle, où ils ont été confrontés à la Garde républicaine. Des combats ont éclaté, opposant les deux camps. Le président Talon, sur place, a «vécu les violents affrontements en direct», comme l’indique le communiqué officiel. Malgré la vigueur de l’attaque, les assaillants ont dû se replier face à la résistance des forces loyalistes.
Ne parvenant pas à prendre le contrôle total de la résidence, ces hommes armés ont ensuite capturé la télévision nationale, où ils ont diffusé un message annonçant la destitution de Patrice Talon et la formation d’un « Comité militaire pour la refondation » (CMR). Ce comité, dirigé par le lieutenant-colonel Tigri Pascal, se présentait comme le nouvel organe de transition. Cependant, leur domination de la télévision a été de courte durée, puisqu’ils ont été rapidement chassés par les forces fidèles au président.
L’appui de la communauté internationale
À ce moment critique, les mutins se sont repliés à la base de Togbin, où ils disposaient encore de blindés. Afin d’éviter un assaut terrestre, qui aurait mis en danger les civils dans la zone densément peuplée, le gouvernement béninois. D’après le communiqué, les autorités béninoises ont donc sollicité l’aide de la communauté internationale. En réponse, le Nigeria a mené des frappes aériennes ciblées sur la base de Togbin, immobilisant plusieurs véhicules blindés sans faire de victimes civiles, selon les autorités béninoises. En parallèle, des soldats nigérians sont arrivés dans la nuit pour renforcer les mesures de sécurité. Une unité spéciale ivoirienne a également été déployée à Cotonou, contribuant à stabiliser la situation sur le terrain.
Libération des généraux capturés
À l’aube du 8 décembre, les généraux Abou Issa et Faïzou Gomina, qui avaient été emmenés en fuite par les militaires, ont été libérés à Tchaourou. Cette libération a été rendue possible grâce à un dispositif de sécurité mis en place par les forces béninoises et les pays partenaires. Le gouvernement béninois a alors organisé une minute de silence en hommage aux victimes de la journée, notamment l’épouse du général Bada, tuée dans l’attaque, et les soldats tombés dans les combats. Une enquête a été lancée pour identifier les responsables et les commanditaires de cette tentative de coup d’État.
Lire : Benin : Talon promet une opération pour libérer les otages après la tentative de coup d’État
Un appel à l’unité et à la résilience
Dans son intervention, le président Patrice Talon a salué la loyauté des forces armées béninoises et a exprimé sa gratitude envers les pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), en particulier le Nigeria et la Côte d’Ivoire, pour leur soutien décisif. Le président a également appelé ses compatriotes à faire de cette crise un motif de résilience collective, réaffirmant sa conviction que le Bénin «poursuivra sa marche vers le progrès».
Patrice Talon a conclu en soulignant que les leçons tirées de cet événement permettront d’empêcher toute tentative de récidive. Le Bénin, selon lui, est désormais plus que jamais déterminé à maintenir la stabilité et l’ordre constitutionnel.







