Le président du Manidem était incarcéré depuis le 24 octobre, dans le sillage de la crise post-électorale.
L’opposant camerounais Anicet Ekane, figure de l’opposition camerounaise et président du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem), est décédé en détention le lundi 1ᵉʳ décembre à Yaoundé, à l’âge de 74 ans. Il avait été arrêté fin octobre, la veille de la publication des résultats de la présidentielle, et était détenu au Secrétariat d’État à la Défense (SED) à Yaoundé. Son décès a suscité une onde de choc dans le pays, notamment au sein des partisans de l’opposition.
Une arrestation controversée
Les autorités lui reprochaient son soutien à Issa Tchiroma Bakary, un autre opposant qui s’était autoproclamé vainqueur de l’élection présidentielle. Ce dernier avait appelé à des manifestations de rue pour contester la réélection de Paul Biya, des manifestations qui furent violemment réprimées. Anicet Ekane avait été arrêté en même temps que d’autres responsables politiques ayant publiquement soutenu cette revendication.

Un état de santé dégradé en détention
Les conditions de détention de l’homme politique ont été dénoncées par son parti et ses proches. Selon Valentin Dongmo, vice-président du Manidem, l’état de santé de l’opposant s’est rapidement détérioré après son transfert à Yaoundé. Malgré plusieurs alertes lancées auprès des autorités judiciaires pour obtenir son transfert vers un hôpital mieux équipé, aucune réponse n’a été donnée. « Dimanche encore, nous avons réclamé une évacuation sanitaire », a précisé Valentin Dongmo.
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Réactions et condamnations
La nouvelle de la disparition d’Anicet Ekane a provoqué une vague de consternation sur les réseaux sociaux et dans la sphère politique. Dans un communiqué, Issa Tchiroma Bakary a dénoncé une mort «d’une brutalité juridique et humaine inqualifiable». Il a ajouté que «le sang d’Anicet Ekane n’appelait pas à la vengeance, mais à la justice», et a exprimé son soutien aux familles des prisonniers politiques.
Réponse des autorités et de la communauté internationale
Dans un communiqué publié lundi soir, le ministère de la Défense a nié toute négligence et assuré qu’Anicet Ekane «était pris en charge de manière appropriée par le corps médical». Une enquête a été ouverte pour établir les circonstances exactes de son décès. Le gouvernement camerounais a exprimé sa «consternation» face à cette disparition et a appelé à la retenue, précisant que le président Paul Biya avait ordonné l’ouverture d’une enquête «objective et précise».
Lire : Cameroun : les autorités reconnaissent des décès liés à la crise post électorale
De son côté, l’Union européenne (UE) a réagi en réitérant son appel à la libération de toutes les personnes détenues arbitrairement depuis les élections présidentielles de 2025. L’UE a souligné «l’impératif de faire justice» pour éviter de telles tragédies à l’avenir, en insistant sur la nécessité de garantir la sécurité et l’intégrité physique de tous les acteurs politiques.
Un parcours militant marqué par la lutte pour la démocratie
Né en 1951 à Douala, Anicet Ekane a été un militant de la première heure contre le régime en place au Cameroun. Dans les années 1970, il rejoint l’Union nationale des étudiants du Kamerun (Unek), puis l’UPC (Union des populations du Cameroun), un parti longtemps interdit. En 1995, il fonde le Manidem, et devient une figure de proue de la gauche nationaliste au Cameroun. Ekane s’était présenté à la présidentielle de 2004 et 2011, et avait soutenu Issa Tchiroma pour les élections de 2025 après que la candidature de Maurice Kamto fut rejetée.
Notre Afrik avec AFP







