L’opération du 18 septembre au 10 octobre 2025, initialement prévue pour 300 milliards de FCFA, a été couverte à plus de 150 %, témoignant de la confiance des investisseurs malgré un contexte mondial difficile.
Le Sénégal a réussi à lever plus de 450 milliards de francs CFA (soit environ 796 millions de dollars) à l’occasion de son troisième appel public à l’épargne (APE) de l’année, a annoncé samedi 11 octobre le ministère des Finances et du Budget. Ce succès intervient au lendemain d’une nouvelle dégradation de la note souveraine du pays par l’agence Moody’s.

Un dépassement significatif des objectifs initiaux
L’opération, ouverte le 18 septembre et clôturée le 10 octobre 2025, avait pour objectif initial de 300 milliards FCFA. Avec un taux de couverture supérieur à 150 %, le ministère souligne la confiance renouvelée des investisseurs envers la signature souveraine sénégalaise, malgré un contexte mondial difficile.
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Les capitaux récoltés serviront à financer les besoins de l’État pour l’année 2025, alors que le pays fait face à une pression budgétaire importante depuis la révélation de la dette cachée. En 2025, le Sénégal a déjà réalisé trois levées de fonds publiques : la première, en mars, visait 150 milliards FCFA mais a été clôturée plus tôt, ayant récolté plus de 400 milliards FCFA ; la seconde, en juin, avait pour objectif 300 milliards et a permis de lever 364 milliards FCFA ; la dernière opération, en octobre, a dépassé 450 milliards pour un objectif de 300 milliards. Ces actions ont permis à l’État de mobiliser au total plus de 1200 milliards FCFA sur le marché régional de l’UEMOA via la syndication, auxquels s’ajoutent plus de 1784 milliards FCFA levés via les adjudications organisées par Umoa-Titres. Ainsi, près de 3000 milliards de FCFA ont été mobilisés cette année sur les marchés financiers régionaux.
Une structuration pour financer le développement national
Cette troisième levée a été orchestrée par Impaxis Securities en tant qu’arrangeur principal, avec le soutien de Société Générale comme co-arrangeur. Cette démarche s’inscrit dans la politique de financement interne du gouvernement, qui privilégie la mobilisation des ressources nationales et régionales face à la raréfaction des financements étrangers. L’opération a bénéficié d’une forte participation de la diaspora sénégalaise, présente dans plus de 45 pays, ainsi que d’investisseurs institutionnels de la sous-région, notamment des banques, compagnies d’assurance et fonds de pension.
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Une dégradation souveraine dans un contexte économique tendu
Vendredi 10 octobre, Moody’s a abaissé la note souveraine du Sénégal, passant de B3 à Caa1 avec une perspective négative, invoquant une aggravation des risques liés à la trajectoire de la dette et aux liquidités. C’est la deuxième fois cette année que l’agence réduit la note du pays. Le gouvernement sénégalais a vivement critiqué cette décision, la qualifiant d’« évaluation spéculative, subjective et biaisée ». Le ministère des Finances a publié un communiqué affirmant que cette note ne reflète pas les fondamentaux économiques du pays ni les efforts en cours pour consolider les finances publiques et assurer la soutenabilité de la dette.
Selon Moody’s, le déficit budgétaire approche les 14 % du PIB, tandis que la dette publique représente environ 119 % du PIB. Les autorités actuelles contestent ces chiffres, soulignant un important travail de redressement en cours. En août, le Premier ministre Ousmane Sonko a présenté un plan économique et social financé à 90 % par des ressources internes, dans une optique de souveraineté économique.