La fermeture des bureaux de vote, ouverts à 8h, heure locale, est intervenue à 18h00, marquant le début immédiat des opérations de dépouillement.
Les Camerounais ont voté ce dimanche 12 octobre dans le cadre d’une élection présidentielle à un seul tour, avec pour principal enjeu la reconduction ou non du président sortant, Paul Biya, au pouvoir depuis 1982. À Yaoundé 5e, un électeur nommé Dr Gilbert s’est dit impressionné par la transparence du dépouillement, affirmant que son candidat, Issa Tchiroma, avait remporté tous les bureaux de vote observés. « Je suis agréablement surpris. Mais restons lucides, le pouvoir en place dispose de nombreux leviers pour orienter les résultats », a-t-il confié.
Le politologue Stéphane Akoa estime de son côté que, malgré un système politique verrouillé, cette élection est plus animée que les précédentes, suscitant des attentes nouvelles dans un pays où 40 % de la population vivait sous le seuil de pauvreté en 2024, selon la Banque mondiale. D’après certains observateurs, la jeunesse semble plus impliquée dans cette élection. « Beaucoup de jeunes sont allés récupérer leur carte d’électeur », a observé Stéphane Akoa, y voyant un signe encourageant, sans pour autant prédire un bouleversement immédiat.
Un scrutin calme, mais sous haute surveillance
Les bureaux de vote ont fermé à 18h00 (17h00 GMT) et les opérations de dépouillement ont démarré immédiatement. Selon le ministre de l’Administration territoriale (MINAT), aucun incident majeur n’a été signalé au niveau national. Lors d’une conférence de presse, il a mis en garde contre toute publication prématurée des résultats. « C’est une ligne rouge à ne pas franchir », a-t-il martelé, rappelant que seul le Conseil constitutionnel est habilité à proclamer les résultats définitifs, attendus au plus tard le 26 octobre.
Après avoir voté ce 12 octobre, le chef de l’État, candidat à sa propre succession, a déclaré que sa victoire à l’élection présidentielle n’était pas acquise. Il a exhorté la population à faire preuve de patience et à attendre les résultats du scrutin. Il s’est exprimé il y a quelques instants à Yaoundé, après avoir accompli son devoir électoral dans la capitale.
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À Garoua, bastion d’Issa Tchiroma, des échauffourées ont brièvement éclaté entre ses partisans et les forces de l’ordre, immobilisant son véhicule durant plus de trente minutes. Depuis cet incident, son domicile est placé sous surveillance. À Yaoundé, notamment dans le quartier populaire de la Briqueterie, des rumeurs donnant Tchiroma en tête ont provoqué une mobilisation spontanée de centaines de personnes, scandant « au revoir Paul Biya, Tchiroma arrive ».

Une élection sous tension dans les régions anglophones
Le scrutin s’est tenu dans un contexte marqué par le conflit armé entre les séparatistes et les forces gouvernementales dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Lors de l’élection présidentielle de 2018, ces zones avaient connu un fort taux d’abstention. Cette année, en revanche, d’après les observateurs, la participation et la mobilisation ont été plus importantes qu’en 2018.
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Le ministère de l’Administration territoriale a accrédité 55 000 observateurs nationaux et internationaux, dont une délégation de l’Union africaine. En parallèle, plusieurs plateformes citoyennes se sont engagées à compiler les résultats indépendamment et à les publier en ligne, dans le but de garantir la transparence du processus électoral.
Notre Afrik avec AFP