À l’issue de la réunion de son Comité de politique monétaire (CPM) tenue le 7 octobre 2025, l’institution a abaissé son principal taux d’intérêt de 25 % à 17,5 %.
La Banque centrale du Congo (BCC) a engagé un tournant significatif dans sa politique monétaire en abaissant son taux directeur de 25 % à 17,5 %, à l’issue de la réunion de son Comité de politique monétaire (CPM) tenue le 7 octobre 2025. Le taux de prêt marginal, utilisé en cas de besoins urgents de liquidités par les banques commerciales, a lui aussi été revu à la baisse, passant de 30 % à 21,5 %. Il s’agit du plus fort assouplissement enregistré depuis 2021. Cette mesure vise à encourager le recours au franc congolais (CDF), encore marginalisé dans les échanges quotidiens, où plus de 90 % des transactions restent dominées par le dollar américain.
Cette décision s’appuie sur un ensemble d’indicateurs macroéconomiques en amélioration. L’inflation, qui atteignait 15,1 % en septembre 2024, a été ramenée à 7,8 % un an plus tard. Dans le même temps, le CDF s’est apprécié de 11,6 % sur le marché officiel, atteignant environ 2 548 unités pour un dollar.
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La BCC attribue cette dynamique à plusieurs interventions coordonnées, notamment les injections de devises sur le marché interbancaire, une gestion plus rigoureuse de la liquidité bancaire, une mise à jour du taux de change utilisé pour le calcul des réserves obligatoires en devises.
Repositionner le CDF au cœur de l’économie
Malgré le maintien des coefficients de réserve (12 % pour les dépôts à vue, 0 % pour les dépôts à terme en CDF), la Banque centrale prévoit de réviser progressivement le taux de conversion des dépôts en devises, incitant ainsi les banques à favoriser la monnaie locale dans leurs bilans.
L’institution monétaire encourage désormais ouvertement les entreprises et les ménages à privilégier le franc congolais dans leurs opérations courantes. Au-delà de l’enjeu économique, cette orientation porte un objectif de souveraineté monétaire. La forte dépendance au dollar limite en effet la capacité des autorités congolaises à gérer efficacement la liquidité et à contrôler les flux financiers internes. Elle expose aussi le pays aux décisions externes, notamment américaines, qui pourraient restreindre l’accès au billet vert.
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Des effets attendus sur le crédit et la dette
En théorie, une baisse du taux directeur réduit le coût du crédit en CDF pour les banques commerciales, ce qui devrait bénéficier aussi bien aux entreprises qu’à l’État, en particulier pour le refinancement de la dette intérieure à des conditions plus avantageuses. Cependant, l’efficacité de cette politique dépendra largement de la capacité du système bancaire à mobiliser des ressources en monnaie locale. Dans un contexte où l’essentiel des dépôts et des prêts sont encore libellés en dollars, le simple ajustement du taux directeur ne suffira pas à lui seul à faire baisser les taux pratiqués par les banques.
La baisse des taux s’inscrit dans une coordination accrue entre politiques monétaire et budgétaire. Lors du Conseil des ministres du 3 octobre 2025, le gouvernement s’est félicité de la revalorisation du CDF et a réaffirmé sa volonté de stimuler l’usage de la monnaie nationale. L’exécutif a notamment décidé d’étendre la collecte de certains impôts en francs congolais, une mesure qui devrait augmenter la circulation effective du CDF dans l’économie réelle.