Lors de sa prestation de serment, Samia Suluhu Hassan a juré d’exercer ses fonctions « avec diligence et sincérité », tout en appelant à « l’unité et la solidarité nationale ».
Samia Suluhu Hassan a été investie lundi à la présidence de la Tanzanie, dans un contexte particulièrement tendu après les manifestations meurtrières qui ont suivi son élection. L’opposition dénonce une répression sanglante ayant causé la mort d’au moins 700 personnes. Âgée de 65 ans, Samia Suluhu Hassan avait déjà accédé au pouvoir en 2021 à la suite du décès de l’ancien président John Magufuli. D’abord saluée pour son ouverture politique et l’assouplissement de certaines restrictions, elle est aujourd’hui accusée d’avoir muselé ses adversaires, notamment à l’approche du scrutin.
Une prestation de serment sous le signe de « l’unité »
Lors de la cérémonie d’investiture, la présidente a déclaré que « moi, Samia Suluhu Hassan, jure de remplir mes fonctions de présidente de la République avec diligence et sincérité ». Vêtue d’un voile rouge et d’une longue robe noire, elle a insisté sur la nécessité de renforcer « l’unité et la solidarité nationale ». Pour la première fois, elle a également reconnu que des violences avaient causé des pertes humaines, tout en s’abstenant d’en préciser le nombre.

Une cérémonie fermée au public
Contrairement aux investitures précédentes, l’événement n’était pas ouvert au grand public. Il s’est tenu dans un espace ressemblant à un terrain militaire de la capitale, Dodoma, où quelques podiums tentaient de meubler un vaste espace vide. « Mama Samia », comme la surnomment ses partisans, a prêté serment devant un parterre composé de responsables politiques, de dignitaires et de militaires. Parmi les invités figuraient notamment les chefs d’État de la Zambie, du Burundi et de la Somalie.
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Selon la Commission électorale, Samia Suluhu Hassan aurait remporté 97,66 % des voix. L’opposition a rejeté ces résultats, dénonçant une « parodie de démocratie ». Plusieurs figures de l’opposition ont été arrêtées ou empêchées de se présenter, tandis que des irrégularités massives ont été signalées le jour du vote. Le taux de participation officiel, de 87 %, est également jugé artificiellement gonflé.
Répression et coupure d’internet
Le scrutin a été marqué par une répression d’une rare intensité. Les manifestations contre le régime ont été violemment dispersées, et le pays s’est retrouvé pratiquement isolé du monde extérieur après une coupure d’internet de cinq jours. L’ONG NetBlocks a confirmé lundi soir un rétablissement partiel de la connexion, mais avec de fortes restrictions sur les réseaux sociaux.
Lire : Tanzanie : Samia Suluhu Hassan déclarée gagnante avec 97,66 % des voix
Le porte-parole du principal parti d’opposition, Chadema, a avancé un bilan d’environ 700 morts lors des affrontements, chiffre porté à 800 dès le lendemain. Une source sécuritaire a jugé ces estimations plausibles. Une source diplomatique interrogée par l’AFP a également évoqué « des informations crédibles » faisant état de centaines, voire de milliers de victimes. Elle a par ailleurs accusé la police d’utiliser la coupure d’internet pour repérer et faire taire les témoins des violences.
Notre Afrik avec AFP







