Dans son rapport publié ce mois de septembre, la GSMA souligne qu’en dépit des progrès réalisés, environ 10 % de la population mondiale reste totalement privée d’accès à l’internet mobile haut débit, une situation qui touche surtout les zones rurales.
En 2024, 40 millions de personnes supplémentaires dans le monde ont accédé à une couverture mobile, selon le rapport annuel de la GSMA, publié le 9 septembre sous le titre The State of Mobile Internet Connectivity 2025. L’Afrique subsaharienne a concentré à elle seule 75 % de cette progression.
Cependant, malgré cette avancée, près de 10 % de la population mondiale demeure encore entièrement exclue de la connectivité mobile à haut débit, principalement dans les zones rurales. Cette situation place l’Afrique subsaharienne en dernière position mondiale en matière de couverture.
Un usage encore limité malgré l’extension du réseau
Malgré l’expansion des infrastructures, l’utilisation réelle de l’internet mobile reste faible dans la région. Seule une personne sur quatre accède à l’internet via son téléphone portable, le taux le plus bas à l’échelle mondiale. Chez les adultes (18 ans et plus), ce chiffre monte à 42 %, mais reste largement insuffisant.
La 3G demeure le réseau prédominant, et la transition vers la 4G ou la 5G est freinée par l’absence de politiques favorables sur le spectre et un accès limité à des terminaux compatibles. À ce jour, l’Afrique du Sud est le seul pays de la région à planifier la suppression de ses réseaux 2G et 3G.
Des tarifs toujours trop élevés
Le prix des données mobiles reste un obstacle majeur à une adoption plus large. D’après la Banque mondiale, 1 Go de données coûte en moyenne 2,4 % du revenu mensuel en Afrique subsaharienne, dépassant le seuil de 2 % recommandé par les Nations Unies pour garantir un accès abordable.
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Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), les ménages doivent parfois consacrer une part démesurée de leur revenu national brut par habitant pour se connecter : jusqu’à 53,1 % au Burundi, 38,6 % au Tchad, 31 % en République démocratique du Congo, et 28,6 % au Zimbabwe. Ces chiffres illustrent l’urgence d’instaurer une régulation plus juste et inclusive des tarifs, afin de garantir un accès équitable au numérique pour tous selon l’UIT.
Inégalités géographiques et sociales persistantes
La fracture numérique ne s’explique pas seulement par des contraintes économiques ou techniques selon le rapport de la GSMA. Les écarts d’accès selon le lieu de résidence et le genre restent profonds. Les adultes vivant en milieu rural sont 25 % moins susceptibles d’utiliser l’internet mobile que ceux en milieu urbain. En Afrique subsaharienne, cet écart atteint 48 %, un des taux les plus élevés au monde. De plus, les femmes restent 14 % moins connectées que les hommes, un chiffre quasi stable depuis 2023. Ces inégalités limitent l’accès aux services essentiels, freinent l’autonomisation économique et freinent l’intégration de larges pans de la population dans la société numérique.
Un potentiel économique colossal à exploiter
Selon la GSMA, une augmentation significative de l’usage de l’internet mobile pourrait générer jusqu’à 795 milliards de dollars pour l’économie africaine d’ici à 2030. Cette transformation aurait des effets majeurs sur la croissance économique (PIB), l’inclusion sociale, la modernisation des services de santé (e-santé), le développement de l’éducation numérique, l’essor de la finance mobile.
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Pour l’Afrique subsaharienne, l’expansion de l’accès à l’internet mobile n’est pas seulement une priorité technologique, mais un enjeu de développement stratégique, révèle le rapport. Il s’agit d’un levier pour réduire les inégalités, accroître la compétitivité régionale, et accélérer l’intégration du continent dans l’économie mondiale.