Tchad : Succès Masra entame une grève de faim

L’ex-candidat à la présidentielle de 2024 justifie cette décision par le fait d’avoir passé 40 jours en détention, toujours sans comprendre les raisons de son incarcération.

L’opposant tchadien et ancien Premier ministre Succès Masra, détenu depuis plus d’un mois, a annoncé ce mardi qu’il entrait en grève de la faim. Dans une lettre adressée à ses partisans, publiée par son parti Les Transformateurs, il déclare que « dès ce soir, en solidarité avec vous tous et en protestation contre des injustices que je ne mérite pas, je commence une grève de la faim ». L’ex-candidat à la présidentielle de 2024 ajoute avoir passé 40 jours en détention, toujours sans comprendre les raisons de son incarcération.

Arrêté le 16 mai dernier, Succès Masra fait l’objet de nombreuses charges telles qu’incitation à la haine et à la révolte, constitution de groupes armés, complicité d’assassinat, incendie volontaire et profanation de sépultures.  Le 19 juin, ses avocats ont déposé une requête de libération provisoire, qui a été rejetée par la chambre d’accusation. Me Francis Kadjilembaye, qui dirige sa défense, a dénoncé une détention arbitraire.

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Mobilisation internationale pour sa libération

Depuis Paris, Me Vincent Brengarth, l’un de ses avocats français, a alerté les instances internationales. « Nous avons saisi le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme ainsi que la sous-commission des droits de l’homme du Parlement européen. Cette détention doit cesser immédiatement », affirme-t-il.

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Le 14 mai, un massacre a fait 42 morts, majoritairement des femmes et des enfants, à Mandakao, dans le sud-ouest du pays. Les autorités judiciaires tiennent Succès Masra pour responsable, l’accusant d’avoir encouragé la violence via un message audio en ngambaye, remontant à 2023. Dans cet enregistrement, on entendrait « Apprenons-nous les uns et les autres à utiliser une arme à feu. Que ce soit fille ou garçon, que ce soit homme ou femme… soyons tous des boucliers protecteurs ».

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La défense rappelle que ce message ancien avait donné lieu à un mandat d’arrêt international, qui a été levé en novembre 2023 après un abandon des poursuites. Les avocats soulignent que les propos ont été sortis de leur contexte spécifique. Originaire du sud du Tchad et issu de l’ethnie ngambaye, Masra est très populaire dans cette région à majorité chrétienne et animiste, où la population se sent marginalisée par le régime de N’Djamena, perçu comme dominé par une élite musulmane du nord.

Notre Afrik avec AFP