D’après un rapport rendu public mercredi par l’ONG Global Initiative Against Transnational Organized Crime, ces projets portent atteinte à l’autonomie économique du pays et créent des conditions propices à l’expansion des réseaux criminels transnationaux.
En République centrafricaine, les projets liés aux cryptomonnaies suscitent de vives préoccupations quant à l’avenir économique du pays. Selon un rapport publié mercredi par l’ONG Global Initiative Against Transnational Organized Crime, ces initiatives fragiliseraient la souveraineté économique nationale tout en offrant un terrain favorable aux réseaux criminels internationaux.
Deuxième pays au monde à avoir adopté le bitcoin comme monnaie légale, aux côtés du franc CFA, la Centrafrique a légalisé l’usage des cryptomonnaies en avril 2022, malgré les réserves exprimées par les institutions financières régionales. Ce pays enclavé d’Afrique centrale figure parmi les plus pauvres au monde et reste profondément marqué par des décennies de conflits armés et d’instabilité politique.

Le pari du Sango et l’ouverture aux investisseurs étrangers
Dans la foulée, les autorités ont lancé le Sango, une cryptomonnaie nationale, accompagnée d’un cadre juridique autorisant son utilisation pour des investissements, y compris par des étrangers, dans des secteurs stratégiques tels que les mines, l’agriculture ou l’exploitation forestière. Une orientation qui concerne un pays pourtant riche en ressources naturelles comme l’or, le diamant et le bois.
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En avril 2025, le gouvernement est allé plus loin en lançant un «memecoin» baptisé «$Car». Initialement perçu par de nombreux acteurs comme une opération douteuse, ce jeton numérique a vu sa valeur s’effondrer de plus de 90 % quelques heures seulement après sa mise sur le marché. Ce type de cryptomonnaie repose essentiellement sur un effet de mode, sans réelle fonction économique.
Des risques accrus de criminalité transnationale
Pour l’ONG basée à Genève, ces choix politiques, défendus depuis 2022 par le président Faustin-Archange Touadéra, exposent le pays à une influence renforcée d’acteurs étrangers et de groupes criminels organisés. Les experts estiment que ce programme profite davantage aux investisseurs internationaux qu’à une population confrontée à une pauvreté extrême et à un accès limité aux infrastructures de base, notamment l’électricité et Internet.
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Le rapport souligne que les cryptomonnaies sont fréquemment utilisées par les réseaux criminels pour le blanchiment d’argent, le trafic de stupéfiants, la fraude numérique ou encore le financement du terrorisme. Dans un pays déjà affecté par l’insécurité et la criminalité transnationale, ces pratiques pourraient s’intensifier.
Notre Afrik avec AFP







