L’ONG Human Rights Watch (HRW) a exprimé, ce mercredi 12 novembre, ses inquiétudes face aux violences post-électorales en reprochant aux autorités camerounaises d’avoir répondu violemment aux manifestations survenues à la suite de la réélection du président Paul Biya, 92 ans, pour un huitième mandat consécutif.
Depuis la fin du mois d’octobre, plusieurs grandes villes camerounaises ont été le théâtre de protestations post-électorales, marquées par des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. Selon le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, “plusieurs dizaines” de personnes ont perdu la vie, sans qu’un bilan officiel ne soit communiqué.
Dans son rapport, HRW évoque une “répression meurtrière” et souligne que jusqu’à 2.000 personnes, dont des mineurs, auraient été arrêtées, un chiffre bien supérieur aux “plusieurs centaines” reconnues par le gouvernement. L’organisation dénonce l’usage de la force létale par les forces de sécurité pour disperser les manifestants.

“Un nuage noir sur l’élection”
Les rassemblements ont été initiés par Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre devenu opposant, qui conteste les résultats officiels et s’est autoproclamé vainqueur du scrutin. Il a appelé la population à “défendre sa victoire”, entraînant une vague de manifestations dans le pays.
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Pour Ilaria Allegrozzi, chercheuse à Human Rights Watch, cette réaction traduit “une dérive autoritaire” du régime : “La répression violente contre les manifestants et les citoyens ordinaires à travers le Cameroun met à nu une répression de plus en plus profonde qui jette un nuage noir sur l’élection.” L’organisation affirme également que plusieurs détenus auraient été transférés dans des centres connus pour des cas de torture, déjà documentés par le passé.
Un régime solidement enraciné depuis plus de quarante ans
Arrivé au pouvoir en 1982, Paul Biya dirige le Cameroun d’une main de fer depuis plus de quatre décennies. En 2008, il a supprimé la limitation du nombre de mandats présidentiels, consolidant son contrôle sur le pouvoir.
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Human Rights Watch déplore aujourd’hui un “espace civique verrouillé”, caractérisé par des restrictions sévères à la liberté d’expression, de réunion et d’association. L’ONG appelle les autorités camerounaises à libérer immédiatement toutes les personnes arrêtées pour avoir manifesté pacifiquement et à garantir un procès équitable pour les détenus.
Notre Afrik avec AFP






