Dans un entretien accordé à l’émission « Moment de vérité » au journaliste Alain Foka, l’ex-président ivoirien a déclaré qu’après l’élection du 27 décembre, il ne sera plus président du PPA-CI, le parti qu’il a fondé après son acquittement par la CPI.
Invité de l’émission « Moment de vérité » animée par le journaliste Alain Foka sur AFO Média, l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo a vivement critiqué l’organisation de la prochaine présidentielle prévue le 25 octobre 2025, qu’il qualifie de « coup d’État civil » et de « braquage électoral ». Il a également annoncé son intention de quitter la présidence du PPA-CI après les élections législatives du 27 décembre 2025, marquant ainsi un tournant dans sa carrière politique.
À 81 ans, Laurent Gbagbo a confié vouloir transmettre la direction de son parti, le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), qu’il a fondé après son acquittement par la Cour pénale internationale (CPI). « Je conduirai le parti jusqu’à la fin de ce brouhaha. Après les législatives, nous tiendrons notre congrès et je démissionnerai. Je ne serai plus candidat à la direction du parti, je veux désormais me consacrer à moi-même », a-t-il déclaré. Cette décision, selon lui, s’inscrit dans une volonté de laisser place à une nouvelle génération tout en accompagnant la transition interne du parti.

Une élection qu’il juge « illégitime »
Laurent Gbagbo a réaffirmé son rejet de la présidentielle d’octobre 2025, qu’il estime dépourvue de légitimité démocratique. « Ce qui va se faire le 25 octobre, ce n’est pas une élection, c’est un coup d’État civil, un braquage électoral », a-t-il lancé.
Selon l’ancien chef d’État, cette situation illustre la tendance, en Afrique, à voir émerger des « putschs civils » portés par des dirigeants qui ne respectent pas les Constitutions. Il a rappelé que sa propre candidature a été rejetée, tout comme celle de Tidjane Thiam, président du PDCI, sur la base de condamnations qu’il juge infondées. « La BCEAO n’a jamais porté plainte, et pourtant on m’accuse d’avoir braqué la banque », a-t-il insisté.
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« Je ne soutiendrai aucun candidat »
L’ex-président a précisé qu’il n’apportera son soutien à aucun des candidats engagés dans la course à la magistrature suprême. « Que les gens sachent que Laurent Gbagbo n’appelle à voter pour personne », a-t-il affirmé, dénonçant un processus électoral verrouillé et inéquitable. Il a également rappelé que la Constitution ivoirienne limite le mandat présidentiel à deux quinquennats, critiquant ceux qui, selon lui, cherchent à contourner cette disposition.
Ahoua Don Mello, candidat sans l’aval du parti
Interrogé sur la candidature d’Ahoua Don Mello, ancien cadre du PPA-CI et actuel vice-président de l’Alliance des BRICS, Gbagbo a précisé que son ambition présidentielle n’a jamais été discutée au sein du parti. « Il ne m’en a jamais parlé. Son projet n’a jamais été soumis à débat au PPA-CI. Il a voulu être candidat, donc il est candidat », a-t-il commenté. Cette mise au point semble traduire un désaccord interne entre le leader historique et certains anciens collaborateurs.
Soutien aux manifestants, mais appel au calme
Laurent Gbagbo a par ailleurs condamné les arrestations de manifestants opposés au processus électoral, dénonçant des peines de prison disproportionnées. « Certains ont écopé de trois ans pour avoir marché, alors qu’on m’a imposé la guerre et personne n’a été emprisonné », a-t-il déploré.
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Tout en affirmant son soutien moral aux protestataires, il a refusé d’appeler à descendre dans la rue : « Je ne donne pas d’ordre de manifester, mais je comprends et j’appuie ceux qui protestent contre ce braquage électoral », a-t-il précisé.
Laurent Gbagbo a conclu son entretien en confiant qu’il avait accepté d’être candidat pour affronter Alassane Ouattara dans les urnes, avant d’être écarté du scrutin. Son désengagement progressif de la vie politique active pourrait marquer la fin d’une époque pour la gauche ivoirienne, alors que le pays s’apprête à vivre une élection sous tension.