Les électeurs togolais ont été appelés aux urnes le 17 juillet 2025 pour élire les conseillers municipaux des 117 communes du pays, une première sous la nouvelle République. Ce scrutin, déclaré jour férié, s’est déroulé dans le calme mais dans un contexte politique tendu, marqué par des contestations récentes contre le pouvoir en place.
Malgré un appel à manifester lancé par des artistes et blogueurs du mouvement citoyen « M66 », Lomé est restée globalement paisible. Des forces de sécurité étaient massivement déployées dans les principaux carrefours de la capitale, et les frontières terrestres ont été temporairement fermées. Les centres de vote ont ouvert comme prévu à 7h, mais la participation est restée timide. « Les électeurs arrivent au compte-gouttes », a déclaré Bernisse Adjo, présidente d’un bureau de vote à Attiégou. Le ministre de l’Enseignement technique, Isaac Tchiakpe, a confirmé que « le processus se déroule normalement ».

Dans certains quartiers sensibles comme Adakpamé, récemment secoué par de violents affrontements liés à l’arrestation du rappeur Aamron, des « ambassadeurs de paix » étaient visibles aux abords des centres de vote, pour encourager la non-violence. Une présence symbolique, après les heurts de juin dernier qui ont causé au moins cinq morts, selon la société civile, et conduit à l’émission de mandats d’arrêt contre plusieurs figures du mouvement M66.
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Une réforme constitutionnelle toujours contestée
Ces élections locales surviennent après une réforme constitutionnelle controversée, adoptée en mai, qui renforce les pouvoirs du président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005. Cette réforme, ainsi que l’augmentation du prix de l’électricité et l’arrestation de voix dissidentes, ont ravivé la colère populaire dans plusieurs villes du pays.
Si la majorité des partis d’opposition, dont l’Alliance nationale pour le changement (ANC), ont accepté de participer au scrutin, certains observateurs notent une démobilisation générale de l’électorat, notamment dans les centres urbains. À Lomé, la fréquentation des bureaux de vote était particulièrement faible, comme cela avait déjà été le cas lors des municipales de 2019.
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La Commission électorale nationale indépendante (Céni) n’a pas encore communiqué la date officielle de publication des résultats. En 2019, le parti au pouvoir UNIR avait remporté plus de 60 % des sièges municipaux. Reste à savoir si ce scrutin, malgré son apparente tranquillité, marquera un réel tournant démocratique ou s’inscrira dans la continuité d’un paysage politique verrouillé.