Niger : un quart des prêts bancaires en difficulté

Niger : un quart des prêts bancaires en difficulté

Avec une couverture des créances de 52,6 %, loin des standards internationaux, les banques nigériennes restent fortement exposées aux risques de défaut.

Le secteur bancaire nigérien fait face à une situation préoccupante. Selon les données récentes de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), 27,4 % des prêts octroyés par les banques sont classés comme dégradés, soit plus de trois fois la moyenne observée dans l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA). Même après déduction des provisions, le taux net de dégradation atteint encore 15,2 %, un niveau jugé critique.

Avec un taux de couverture des créances de seulement 52,6 %, bien en dessous des normes internationales (souvent supérieures à 80 %), les banques nigériennes restent exposées à des pertes importantes, notamment en cas de défaut prolongé de remboursement.

Un contexte post-sanctions encore fragile

Cette détérioration de la qualité des portefeuilles bancaires s’explique en partie par les conséquences du coup d’État de juillet 2023, qui a entraîné des sanctions régionales et internationales, notamment la suspension de l’accès aux marchés financiers. Bien que la situation se soit partiellement normalisée après la levée des sanctions début 2024, la confiance reste fragile sur les plans financier et institutionnel. Le Fonds monétaire international (FMI) note une baisse de 3,4 % des dépôts bancaires en 2024, accompagnée d’une hausse significative des prêts non performants, atteignant 26,8 % en fin d’année.

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Reprise économique sous pression bancaire

Les difficultés s’étendent également au marché régional de la dette. En mai 2025, les obligations souveraines émises par l’État nigérien ont été placées à un taux d’intérêt moyen de 8,6 %, soit 315 points de base au-dessus des taux ivoiriens, pour des échéances plus courtes. En seulement deux ans, la durée moyenne des émissions est passée de 60 à 18 mois, accentuant les risques de refinancement à court terme. Dans ce contexte, la BCEAO a mis fin, en avril 2025, aux mesures exceptionnelles permettant de ne pas classer en défaut les titres publics nigériens, ce qui pourrait alourdir davantage les bilans des banques fortement exposées à ces titres.

Malgré une croissance robuste de 10,3 % en 2024 et des perspectives positives pour 2025 (+6,6 % du PIB, inflation attendue à 4,2 %), le secteur bancaire nigérien reste fragilisé. La Sonibank, qui détient 21,5 % des actifs bancaires, illustre cette vulnérabilité, exposée aux retards de paiement de l’État et aux effets post-sanctions. Pour soutenir le tissu économique, le gouvernement mise sur l’inclusion financière, via le FONAP et le FDIF, et poursuit la restructuration du secteur de la microfinance (retraits de licence, redressements, administrations provisoires).

Lire : Économie : les crédits en zone Cemac sont en hausse de 17,2 % à fin mars 2025

Le FMI appelle à des réformes urgentes, notamment pour renforcer la gouvernance pétrolière, assainir les finances publiques et recapitaliser les banques fragiles, afin d’éviter qu’un rebond économique prometteur ne se transforme en crise financière.

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