Le journaliste Cosme Hounsa a été interpellé le 15 juillet 2025 suite à une plainte déposée par le ministre-conseiller Rachidi Gbadamassi pour « harcèlement par voie électronique ».
L’arrestation, effectuée par le Centre national des investigations numériques (CNIN), suscite de vives réactions au sein des organisations de presse locales et internationales. Directeur de publication du journal La Boussole, Cosme Hounsa doit comparaître devant le procureur de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) ce 17 juillet, selon des sources judiciaires relayées par l’AFP.
Cette interpellation intervient quelques jours seulement après celle du journaliste Hugues Comlan Soussoukpé, également critique du pouvoir, arrêté en Côte d’Ivoire avant d’être extradé vers le Bénin. Deux affaires rapprochées qui ravivent les inquiétudes sur la liberté d’expression dans le pays.

Une inquiétude grandissante dans les milieux professionnels
Dans un communiqué publié le 16 juillet, l’Association des journalistes du septentrion (AJS-B) s’est dite profondément préoccupée par cette nouvelle arrestation, estimant qu’elle soulève « des questions majeures sur le respect de la liberté de la presse » au Bénin. « Les opinions exprimées dans le cadre d’une publication journalistique ne devraient jamais être criminalisées », déclare l’AJS-B.
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Même tonalité du côté de l’Union des journalistes de la presse libre africaine (UJPLA), basée à Abidjan, qui qualifie l’interpellation d’« arbitraire » et demande la libération immédiate de Cosme Hounsa. « Cela aggrave encore le climat dans le paysage médiatique béninois », a réagi son président, Yao Noël, appelant les autorités à garantir un procès équitable.
Des pratiques contraires à la loi
La Plateforme des Promoteurs et Acteurs pour le Développement des Médias au Bénin (Padem-Bénin) a également dénoncé la méthode employée, rappelant que selon la législation béninoise, un journaliste titulaire d’une carte professionnelle ne peut faire l’objet ni de garde à vue, ni de détention préventive en cas de délit de presse.
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Ce climat de tension rappelle l’affaire du cyberactiviste Steve Amoussou, arrêté au Togo en août 2024, puis transféré à Cotonou où il a été condamné à deux ans de prison pour ses publications critiques à l’égard du pouvoir.
Alors que le Bénin était autrefois salué pour ses avancées en matière de liberté de la presse, ces épisodes successifs font craindre une remise en cause progressive de cet acquis démocratique.
Notre Afrik avec AFP