BAD : l’ère Sidi Ould Tah a commencé

BAD : l'ère Sidi Ould Tah a commencé

À Abidjan, l’investiture du nouveau président de la Banque africaine de développement s’est transformée en un moment d’unité et d’espérance pour le continent.

Le Sofitel Hôtel Ivoire d’Abidjan a vibré, ce lundi 1ᵉʳ septembre, au rythme d’une cérémonie rare dans son intensité et sa symbolique. Dans la grande salle parée de drapeaux africains, chefs d’État, ministres, banquiers et diplomates se sont retrouvés pour assister à la prise de fonction officielle de Sidi Ould Tah, élu le 29 mai dernier président de la Banque africaine de développement (BAD). Aux côtés de l’hôte du jour, Alassane Ouattara, président de la République de Côte d’Ivoire, et de Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, président de la Mauritanie, l’instant a pris des allures de passage de témoin pour un continent en quête d’une nouvelle dynamique financière.

 

BAD : l'ère Sidi Ould Tah a commencé

Dès son entrée dans l’amphithéâtre, le nouveau président a reçu une ovation nourrie, signe de l’attente qu’il suscite. Mais c’est son premier geste symbolique qui a marqué les esprits : dans un discours empreint de gravité et d’ouverture, il a salué ses concurrents à la course à la présidence et les a invités à « œuvrer ensemble, dès aujourd’hui, pour l’Afrique que nous voulons ». L’image du « Sidi le fédérateur » s’est imposée, celle d’un homme qui refuse de voir la compétition politique se transformer en fracture durable. « Je vais faire miennes les idées et la vision que vous portiez », a-t-il martelé, suscitant l’adhésion d’une salle conquise.

Une vision ambitieuse pour une nouvelle architecture financière

Au-delà du geste d’apaisement, l’économiste a dessiné les grandes lignes de son projet : une véritable « nouvelle architecture financière africaine ». Devant un parterre où se côtoyaient responsables du gouvernement ivoirien, gouverneurs de banques centrales et patrons d’institutions panafricaines, il a défendu la nécessité de doter le continent d’outils plus robustes pour financer ses ambitions. « L’Afrique nous regarde… La jeunesse nous attend… Le temps est à l’action ! » a-t-il lancé, comme un appel vibrant à la mobilisation collective. Et d’ajouter : « Nous ne pouvons pas dépendre éternellement des cycles internationaux et de la bienveillance extérieure. L’Afrique doit bâtir sa propre capacité à mobiliser ses ressources et à les canaliser vers ses priorités ».

BAD : l'ère Sidi Ould Tah a commencé

Les mots ont trouvé un écho particulier dans un contexte mondial instable. La crise de la dette, la volatilité des marchés et les chocs climatiques fragilisent les économies africaines. Sidi Ould Tah a ainsi rappelé que la BAD devait devenir le « champion des solutions africaines », capable de mettre en œuvre des instruments innovants, d’attirer les capitaux privés et de consolider les bases d’une croissance inclusive. À travers cette vision, se dessine « Sidi le champion », celui qui veut transformer l’institution en catalyseur majeur de la résilience et de l’intégration continentale.

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Une reconnaissance politique et continentale

La présence des présidents Ouattara et Ghazouani a donné une dimension supplémentaire à l’événement. Le premier a rappelé le rôle crucial de la BAD dans la stabilité économique de la Côte d’Ivoire et de la région ouest-africaine. Le second a salué « un fils de Mauritanie devenu un serviteur de toute l’Afrique », soulignant la fierté nationale suscitée par cette élection. Dans les couloirs de l’hôtel Ivoire, d’autres voix se sont exprimées, notamment celles de partenaires africains et internationaux, pour insister sur la nécessité d’accompagner cette nouvelle ère de leadership.

BAD : l'ère Sidi Ould Tah a commencé

À la sortie de la cérémonie, les conversations des invités convergeaient vers une idée : avec Sidi Ould Tah, la BAD s’engage sur un chemin où les clivages politiques laissent place à une mobilisation collective. Si les défis restent immenses – financement des infrastructures, transition énergétique, souveraineté alimentaire, transformation numérique –, la journée d’Abidjan aura montré qu’il existe une volonté partagée de les affronter ensemble. « Ensemble, transformons la promesse de l’Afrique en prospérité. Le temps de l’action a commencé », a conclu Sidi Ould Tah, dans un ton à la fois ferme et solennel.

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Le Sofitel Ivoire, témoin d’innombrables rendez-vous historiques africains, ajoute donc une nouvelle page à sa mémoire : celle d’un président qui, en unissant ses rivaux et en promettant d’ériger une architecture financière taillée pour l’Afrique, incarne une promesse d’avenir. Entre ferveur et gravité, entre unité et ambition, l’Afrique a donné rendez-vous à son futur.

Simon Pierre Etoundi

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