Tchad : Succès Masra interpellé pour incitation à la haine

Les autorités judiciaires accusent l’ex-premier ministre d’incitation à la haine, de complicité de meurtre, de révolte et d’incendie criminel.

L’ancien Premier ministre tchadien et figure de proue de l’opposition, Succès Masra, a été interpellé tôt vendredi 16 mai. Il est accusé par le parquet de diffuser des messages d’ »incitation à la haine » en lien avec des violences meurtrières survenues la veille dans le sud-ouest du Tchad. Le jeudi précédent, de violents affrontements ont éclaté dans la région du Logone-Occidental, au sud-ouest du Tchad. À l’origine, un conflit entre éleveurs peuls et agriculteurs ngambayes autour des terres agricoles et des zones de pâturage dans le village de Mandakao. Le bilan officiel fait état de 42 morts, en majorité des femmes et des enfants.

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Selon le procureur, des messages diffusés sur les réseaux sociaux auraient appelé à prendre les armes, aggravant les tensions. Il n’a cependant pas précisé le contenu exact de ces messages ni confirmé s’ils provenaient directement de Succès Masra. Les autorités judiciaires reprochent à Succès Masra des faits tels qu’incitation à la haine, complicité d’assassinat, appels à la révolte, incendie volontaire et profanation de sépultures. Le climat de tension est exacerbé par des conflits intercommunautaires récurrents, qui ont causé plus de 1 000 morts et 2 000 blessés entre 2021 et 2024, selon l’ONG International Crisis Group.

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Une arrestation dénoncée par son parti

Le parti de Succès Masra, « Les Transformateurs », a initialement dénoncé un « enlèvement », partageant une vidéo de surveillance le montrant quittant son domicile, escorté par une douzaine d’hommes armés en uniforme. Par ailleurs, dans un communiqué, la formation politique a condamné une « intervention brutale, menée en dehors de tout cadre légal », évoquant une atteinte grave aux droits fondamentaux. De son côté, le procureur Oumar Mahamat Kedelaye a assuré que « la procédure judiciaire suit son cours », ajoutant que toute personne impliquée dans ces événements devra en répondre devant la justice.

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Succès Masra, 41 ans, économiste formé en France et au Cameroun, est une figure influente dans le sud du pays, où il bénéficie d’un fort soutien, notamment parmi les populations chrétiennes et animistes, souvent marginalisées par un pouvoir central dominé par des musulmans. Nommé Premier ministre en 2023, cinq mois avant la présidentielle, il avait ensuite affronté Mahamat Idriss Déby Itno dans un duel électoral sans précédent.

Notre Afrik avec AFP