Lire l’intégralité de l‘interview que le Président de la RD CONGO a accordé au magazine Notre Afrik édition Juillet, août, septembre en kiosque.
Depuis son accession à la présidence en janvier 2019, Félix Tshisekedi s’est imposé comme un acteur déterminé et résilient sur la scène politique de la République Démocratique du Congo et au-delà. Son premier mandat a été marqué par des initiatives audacieuses et une combativité sans faille pour relever des défis majeurs: la stabilité politique et la sécurité dans un pays en proie à des conflits armés persistants, des réformes économiques pour relancer un secteur minier stratégique, et des efforts diplomatiques pour renforcer les relations régionales et internationales de la RDC. Alors que la situation sociale reste fragile et que la lutte contre la corruption se poursuit, Félix Tshisekedi nous accorde cet entretien exclusif pour dévoiler la feuille de route de sa nouvelle mandature et partager sa vision pour l’avenir de son pays. Et comme vous le lirez, par ailleurs, le Président congolais n’entend pas transiger sur l’intégrité de son pays et la sécurité de ses compatriotes.
Monsieur le Président, vous avez entamé il y a quelques mois votre second et dernier mandat. Sous quel signe le placez-vous ?
Avant toute chose, il faut dire que ce second mandat, je l’ai obtenu suite à une belle campagne électorale, ouverte à tous puisqu’il y avait 26 candidats en lice, et une campagne transparente organisée à la date prévue, c’est-à-dire en respectant les délais prévus par la Constitution, comme je l’avais promis à mon arrivée au pouvoir en 2019. Durant ce nouveau quinquennat, les bases que nous avons posées au premier mandat seront consolidées et notre action aura comme objectifs prioritaires : la création d’emplois, la hausse du pouvoir d’achat des Congolais, le rétablissement de la sécurité pour tous et partout en RDC, la diversification de notre économie et l’amélioration de sa compétitivité, l’accès aux services sociaux de base pour tous (eau, électricité, soins de santé, éducation, logement), et l’augmentation de l’efficacité de nos services publics. Enfin, au regard de la situation internationale, dans un monde qui change à toute vitesse grâce aux nouvelles technologies de la communication, aux progrès de l’intelligence artificielle et aux défis du changement climatique, je veux que la RDC devienne un acteur majeur du monde d’aujourd’hui et de demain. Nous sommes un grand pays de 100 millions d’habitants, avec une population en majorité jeune, et nous avons d’immenses ressources naturelles (minerais stratégiques, forêt tropicale et ressources en eau), donc nous sommes une solution pour le monde.
Vous évoquez une campagne transparente alors que vos opposants ont dénoncé un simulacre d’élections…
Certains opposants, pas tous il faut le préciser, ont toujours tendance à dénoncer par réflexe les scrutins auxquels ils ont échoué. Ces accusations ne correspondent pas à la réalité des faits. La RDC a financé elle-même ses élections et, sans être parfaites, elles se sont globalement bien déroulées. Le peuple souverain s’est exprimé, il ne faut pas être mauvais perdant et accepter sereinement le verdict des urnes. Voilà ma réponse à cette opposition revancharde. D’ailleurs, de l’avis de tous les observateurs nationaux et internationaux, ce cycle électoral, le 4e organisé en RDC depuis 2006, est celui qui s’est le mieux déroulé. C’est une fierté pour la RDC car cela montre que la culture démocratique se consolide dans notre pays, même si cela demeure fragile, et c’est notre devoir de veiller au renforcement de la démocratie et de l’État.
« La République Démocratique du Congo est prête à endosser sa vocation naturelle de géant au cœur du continent africain, le continent de l’avenir ».
Le temps de polémique est dépassé. J’ai obtenu ce second mandat par la volonté du peuple congolais avec une feuille de route claire : préserver l’unité du pays, rétablir la sécurité sur l’ensemble du territoire national et créer la prospérité pour améliorer le bien-être des Congolais. Mon engagement est donc de renforcer la stabilité intérieure, promouvoir une gouvernance transparente et inclusive, et intégrer mon pays dans les dynamiques mondiales pour un développement durable. La République Démocratique du Congo est prête à endosser sa vocation naturelle de géant au cœur du continent africain, le continent de l’avenir.
Depuis que vous êtes à la tête de la République Démocratique du Congo, comment évaluez-vous votre action jusqu’à présent ?
Je pense que l’évaluation de mon action a été faite par la population lors du scrutin de décembre 2023. En clair, le peuple congolais a choisi de me faire à nouveau confiance pour 5 années de plus. Je suis conscient que tout n’est pas parfait, mais les Congolais sont politiquement matures et éclairés, donc ils ont compris que j’ai initié depuis 2019 une dynamique positive pour la restauration de la grandeur du Congo et collectivement nous sommes sur la bonne voie pour relever le défi du développement de notre pays. Pour moi, l’essentiel c’est le capital humain. On ne va pas développer le Congo sans les Congolaises et les Congolais, donc il faut mobiliser le peuple, lui rendre sa dignité, l’éduquer, le former, le soigner et lui donner la liberté d’entreprendre pour transformer ce pays en un havre de paix et de prospérité.
Une discussion avec les élèves
Quels sont les principaux défis politiques que vous avez rencontrés ?
Le principal défi politique du premier mandat était de constituer une coalition politique, l’Union sacrée, à mi-parcours en 2021, après le constat d’échec de la coalition FCC-CASH. J’ai réussi à mobiliser des forces politiques différentes sur une ambition claire de reconstruire le pays, de le pacifier et de l’amener sereinement aux échéances électorales prévues en 2023 pour proposer au peuple un choix clair et lui donner le dernier mot. Les autres défis politiques sont en priorité de renforcer nos institutions, de faire vivre notre démocratie de la base jusqu’au sommet.
Quelles mesures avez-vous prises pour renforcer la démocratie et la transparence dans les institutions de la RDC ?
Pour renforcer la démocratie et la transparence en RDC, nous avons d’abord donné toute la liberté d’action et les moyens financiers adéquats à la CENI, la Commission électorale nationale indépendante, pour lui permettre d’organiser, en toute transparence, les 4 scrutins de décembre 2023. Malgré certains problèmes logistiques, cette institution a rempli pleinement son rôle. Nous pouvons en être fiers. Par ailleurs, j’ai toujours, en tant que Président de la République, respecté la séparation des pouvoirs, c’est-à-dire que l’exécutif, le judiciaire et le législatif font chacun leur travail de façon indépendante et ils collaborent ensemble pour la consolidation de l’État de droit. Dès mon arrivée, j’ai fait libérer tous les prisonniers d’opinion et vous pouvez constater qu’il n’y a plus de prisonniers politiques en RDC. J’ai aussi lancé une grande réforme pour humaniser les services de sécurité qui désormais travaillent au bénéfice du peuple et non contre lui. Enfin, je peux aussi mentionner tout le travail pour la promotion de la liberté d’expression, l’émergence d’une presse libre et citoyenne ainsi que l’assainissement de l’espace médiatique grâce à une loi sur les médias et la presse qui donne plus de droits aux organes de presse et aux journalistes, mais qui les invite aussi à plus de responsabilité face à l’influence des réseaux sociaux dans la sphère politique et le danger de la propagation des fausses informations.
L’épisode de l’arrestation du journaliste Stanis Bujakera a tout de même laissé des traces…
C’est un épisode malheureux car il y a un homme, un journaliste talentueux qui a été privé de liberté pour longtemps. Je n’ai pas coutume de m’occuper des dossiers de la justice, ce n’est pas mon rôle. Mais pour ce cas, j’ai finalement demandé des explications aux instances judiciaires car cela n’était pas clair. Il y a un grand travail que nous menons pour réformer la justice en RDC. C’est un chantier immense mais j’ai la volonté de restaurer une justice digne, impartiale et au service du droit.
Regrettez-vous cette arrestation ?
Je suis satisfait que le journaliste en question, Stanis Bujakera, soit libre car le droit a finalement triomphé et ses droits en tant que citoyen congolais ont été respectés.
Vous avez annoncé en mai dernier la mise en place d’une commission pour doter le pays d’une nouvelle constitution. Pour l’opposition, la révision de la constitution serait une ligne rouge…
L’opposition doit comprendre que la gouvernance est un enjeu majeur pour tous les pays qui sont dans un cycle de développement comme la RDC. Nos grandes ambitions pour transformer et industrialiser notre pays, et ainsi créer des millions d’emplois pour nos jeunes, passent bien entendu par l’amélioration constante de la gouvernance et de l’efficacité de nos institutions. Certaines réformes institutionnelles s’avèrent donc indispensables. Je pense par exemple à l’instabilité quasi permanente des gouvernements provinciaux observée dans le pays au cours de mon premier mandat. Cela nous invite à ré fléchir à un nouveau mode de désignation des animateurs des exécutifs provinciaux ainsi qu’à la collaboration entre les gouvernements et les assemblées provinciales. De même, le transfert des ressources et des compétences entre le pouvoir central et les entités territoriales décentralisées mérite une attention toute particulière pour que la mobilisation des populations en faveur du développement local soit plus effective. Il en est de même de l’organisation des scrutins indirects à différents niveaux. Étant donné que toutes ces questions méritent des réponses appropriées, je vais favoriser le débat public sur ces questions et demander aux législateurs de proposer rapidement des solutions idoines.
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Comment allez-vous convaincre l’opposition du bien-fondé de votre démarche et comment entendez-vous apaiser les tensions politiques dans le pays ?
Contrairement aux idées reçues, je dois vous dire que le climat politique en RDC est plutôt apaisé, les différents courants politiques s’expriment librement et beaucoup d’entre eux sont représentés au Parlement. Nous avons une démocratie vivante où toutes les voix sont en tendues et où les différends sont résolus de manière pacifique et démocratique. Chacun est libre de son choix politique sans crainte d’être menacé. Mais ces différences politiques ne doivent pas nous faire perdre de vue que nous sommes tous Congolais et que nous avons un pays commun, une nation qu’il faut défendre contre les agressions de nos ennemis. Le dialogue politique est permanent à travers le débat parlementaire, et la RDC a prévu un statut particulier pour le porte-parole de l’opposition qui doit être désigné par ses pairs. Moi-même, je suis toujours ouvert pour écouter les critiques constructives de mes compatriotes et au niveau institutionnel. Mais attention, il ne faut pas confondre opposition politique et sédition. Tous ceux qui prennent les armes contre leurs compatriotes doivent répondre de leurs actes et subir la rigueur de la loi.
Que vous inspire la démarche de l’ancien Président de la CENI Corneille Nangaa qui a décidé de prendre le maquis ?
C’est inacceptable, c’est de la sédition. Aucune raison ne peut justifier qu’un Congolais prenne les armes pour tuer d’autres Congolais. S’il y a un désaccord politique, ça ne se règle pas en prenant les armes et en s’alliant avec les terroristes du M23 qui tuent, pillent et violent chaque jour des Congolaises et Congolais innocents.
Serez-vous prêt à lui pardonner s’il décidait de rentrer à Kinshasa ?
Il devra faire face à la justice, car chacun est responsable de ses choix et de ses actes, et doit les assumer.
Au cours de votre premier mandat, vous avez été soutenu par une coalition de partis qui s’est désagrégée chemin faisant au point où vous avez été contraint de négocier de nouvelles alliances. Le dialogue est-il rompu avec l’ancien Président Joseph Kabila ?
Nous n’avons plus de contact depuis longtemps. L’alliance politique, FCC CACH, que j’ai nouée au début de mon premier mandat a été un échec, mais je ne regrette pas d’avoir tenté l’expérience car j’avais misé sur le sentiment patriotique des Congolais pour relever les immenses défis du pays.
Vous avez nommé une femme, Judith Suminwa Tuluka, pour diriger le gouvernement, ce qui est une première dans l’histoire politique du pays. S’agit-il d’une question de conviction profonde ou alors avez-vous cédé à la tendance qui encourage la promotion des femmes à des très hauts postes de responsabilité ?
Le nouveau gouvernement de RDC
Nommer une femme à la tête du gouvernement est une décision fondée sur la conviction profonde que la diversité et l’inclusion sont essentielles pour un leadership efficace et équitable. C’est une reconnaissance des compétences et du mérite, et une affirmation de notre engagement à promouvoir l’égalité des sexes dans toutes les sphères de la vie publique. C’est également un signal fort de notre détermination à offrir des opportunités égales à tous les citoyens, indépendamment de leur genre.
Quelles sont les principales priorités de ce nouveau gouvernement sur le plan économique ?
Nos priorités économiques incluent la diversification de l’économie, l’amélioration du climat des affaires pour attirer plus d’investissements, et la création d’emplois. Dans ce sens, j’ai instruit le nouveau gouvernement de poursuivre les réformes engagées en vue de rendre notre économie plus résiliente et moins dépendante du secteur extractif. Il s’agit précisément de mettre en œuvre l’agenda de la transformation agricole afin de consacrer la revanche de soi sur le sous-sol, d’investir dans les infrastructures routières et énergétiques afin de produire, transformer, transporter et consommer la production locale.
Comment le gouvernement pourrait-il davantage attirer les investissements directs étrangers ?
Les réformes essentielles que j’ai initiées à ce sujet s’inscrivent dans le cadre d’un vaste chantier sur l’amélioration du climat des affaires et la pro motion de l’attractivité du Congo. Elles consistent à clarifier et simplifier la législation en vigueur sur les investissements secteur par secteur. Par exemple, nous faisons la promotion du Code minier congolais déjà en vigueur et bientôt un Code agricole pour favoriser les investissements dans l’agriculture, qui est un secteur très prometteur en RDC. D’autre part, nous mettons en avant la réforme de la justice en cours dans le pays pour garantir le respect de la loi par tous, la protection de la propriété privée et la lutte acharnée contre la corruption. De plus, le vaste programme de construction de routes, de ports, d’aéroports et de chemins de fer sur toute l’étendue du pays va favoriser la mobilité et la connectivité des différentes zones du pays. Enfin, la construction de barrages hydroélectriques va permettre l’accès facile à une énergie bon marché pour aider à la création d’industries de transformation en RDC.
Quels sont les principaux secteurs économiques que vous souhaiteriez développer pour diversifier l’économie congolaise ?
Je vise d’abord le secteur secondaire : l’agriculture, la pêche et l’élevage, et l’industrie manufacturière. La RDC dispose notamment de 80 millions d’hectares de terres arables, de 4 millions d’hectares de terres irrigables et d’un potentiel de 700 mille tonnes de poissons par an. L’agriculture représente donc un potentiel énorme pour assurer la sécurité alimentaire et générer des emplois. Le développement industriel est crucial pour ajouter de la valeur à nos ressources naturelles. Ensuite, le secteur tertiaire, c’est-à-dire le tourisme et les services. Le tourisme peut devenir une source importante de revenus en mettant en valeur notre riche patrimoine culturel et naturel.
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La corruption et la gestion des ressources naturelles sont des défis importants pour votre gouvernement…
Nous avons beaucoup entrepris dans ces domaines. Nous avons notamment renforcé les institutions de lutte contre la corruption et introduit des mesures de transparence dans la gestion des affaires publiques. Concrètement, nous avons restauré la fonction de contrôle financier et d’audit des comptes publics en réhabilitant l’IGF, l’Inspection Générale des Finances, pour améliorer la gouvernance.
Nous avons également doté le pays d’une législation de lutte contre le blanchiment des capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes, conforme aux standards internationaux, et c’est notamment le rôle du CENAREF. Par ailleurs, nous avons décidé de la création prochaine d’un parquet financier. Il faut mentionner également notre adhésion à l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), la mise en place de mécanismes de suivi des revenus miniers, et des audits réguliers des entreprises publiques. Nous sommes déterminés à éradiquer la corruption et à garantir que les ressources naturelles profitent à tous les Congolais. Le rôle de la société civile n’est pas à négliger non plus, car la vigilance citoyenne est aussi un rempart contre la corruption.
Quels sont les programmes sociaux prioritaires de votre gouvernement pour améliorer les conditions de vie des Congolais ?
Nos programmes sociaux prioritaires incluent l’amélioration de l’accès à l’éducation et aux soins de santé, le développement des infrastructures de base, et la protection sociale. Je peux citer entre autres la gratuité de l’enseignement de base qui a permis à 4 millions d’enfants de retrouver le chemin de l’école, la Couverture santé universelle dont le premier palier concerne la gratuité des accouchements et des soins du nouveau-né, la caisse nationale de sécurité sociale des agents de l’administration publique, le Service National et l’accès aux services sociaux de base à travers le Programme de développement local des 145 territoires. Ce sont des programmes mis en place depuis mon premier mandat et dont l’impact est aujourd’hui perceptible dans tout le pays.
Comment comptez-vous résoudre les problèmes d’accès à l’éducation de base et l’amélioration de la qualité du système éducatif en RDC ?
Nous allons poursuivre la construction des écoles sur toute l’étendue de la République pour améliorer la capacité d’accueil, améliorer les conditions sociales et professionnelles des enseignants, actualiser le contenu des programmes d’enseignement, veiller à l’adéquation entre le contenu de la formation et le besoin du marché de l’emploi.
Le président Congolais Félix Tshisekedi
La situation sécuritaire dans l’Est de la RDC reste un sujet de vive préoccupation. Comment y faites-vous face?
La situation dans l’Est du pays est effectivement préoccupante. Nous avons déployé des efforts considérables pour rétablir la sécurité, notamment en renforçant les capacités de nos forces de défense et de sécurité, en collaborant avec les pays voisins pour lutter contre les groupes armés, et en engageant des initiatives de développement local pour offrir des alternatives économiques aux populations affectées par les conflits. Nous sommes déterminés à restaurer la paix et la sécurité dans cette région pour permettre à nos concitoyens de vivre dans la dignité et la sécurité. Durant mon premier mandat, sur le plan régional, nous avons soutenu le Processus de Nairobi, dirigé par la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), qui est une initiative régionale de paix visant à résoudre le conflit dans l’Est de la RDC. Lancé en avril 2022, ce processus cherche à engager toutes les parties prenantes, y compris le gouvernement de la RDC, les groupes armés, les organisations de la société civile et la communauté internationale, afin de trouver une résolution pacifique du conflit par le dialogue et la négociation. Malheureusement avec l’agression du M23 soutenu par le Rwanda, ce processus bat de l’aile et peine à continuer.
Les autorités de Kigali rejettent pourtant vos accusations …
Ce n’est pas de la fiction, il a été clairement démontré que le M23 reçoit un soutien massif des forces rwandaises. Des milliers de combattants rwandais sont présents en RDC selon l’ONU. Tous les rapports des experts de l’ONU démontrent le soutien persistant de Kigali au mouvement terroriste du M23. Ce qui accroit les tensions entre nos deux pays.
Vous vous êtes montrés particulièrement dur et menaçant à l’égard du Rwanda et de son Président Paul Kagamé. Etes-vous disposé au dialogue avec Kigali et Kagamé ?
La souveraineté de la RDC est non négociable. Je suis le Président de la République donc le garant de la Nation. Protéger notre intégrité territoriale est ma priorité absolue. Les actions du Rwanda, en particulier son soutien avéré au groupe terroriste M23, ont détérioré la stabilité de la sous-région des Grands-Lacs et causé des souffrances inacceptables à mon peuple. Tant que cette situation perdure, il est difficile de croire en la sincérité des intentions de M. Kagamé, surtout lorsque ses déclarations publiques sont en contradiction avec les actions de son gouvernement. Cependant, je crois fermement en la puissance du dialogue pour résoudre les conflits. La guerre est toujours la dernière solution. Donc, je serai disposé à dialoguer avec M. Kagamé sous certaines conditions précises.
A quelles conditions ?
Je cite entre autres le retrait immédiat et inconditionnel des troupes rwandaises de notre territoire, l’engagement transparent et vérifiable du Rwanda à cesser tout soutien au M23 et à tout autre groupe armé opérant en RDC, et la mise en place d’un mécanisme de surveillance international pour assurer que les accords sont respectés par toutes les parties. La RDC reste ouverte au dialogue, mais ce dialogue doit être fondé sur la bonne foi et des actions préalables concrètes.
Qu’en est-il des relations avec l’Ouganda ?
L’Ouganda a un rôle complexe. Bien que Kampala ne soutienne pas ouvertement le M23, il y a des indications d’une certaine passivité ambiguë. Dès lors, notre coopération en matière de sécurité avec l’Ouganda sera analysée au regard des faits avérés et elle reste pour le moment circonscrit à une zone frontalière bien déterminée.
Et le Burundi ?
Nos relations sont positives et orientées vers une coopération ambitieuse. Un accord de coopération bilatérale en matière de défense a été signé le 6 mars 2023, marquant une étape importante dans le renforcement des relations militaires formelles entre les deux pays. Il vise à lutter contre la prolifération des armes et des groupes criminels, et à faciliter la libre circulation des biens et des personnes à travers les frontières communes. Il prévoit également des échanges d’attachés de défense, d’informations, de renseignements, de matériel militaire, ainsi que la planification et les opérations militaires conjointes.
Comment votre administration travaille-t-elle avec les forces internationales et régionales pour stabiliser les zones de conflit notamment avec le départ annoncé de la MONUSCO ?
Clairement pour assurer la paix et la sécurité au Congo, nous comptons d’abord sur nos forces de défense et de sécurité. Voilà pourquoi notre priorité est la montée en puissance des Forces armées de la RDC (FARDC). Pour cela nous avons intensifié la formation et l’équipement de notre armée pour assurer la protection des civils et le maintien de la paix. Et puis, nous avons renforcé nos capacités de renseignement et de surveillance pour prévenir et répondre efficacement aux attaques.
« Je crois fermement en la puissance du dialogue pour résoudre les conflits. La guerre est toujours la dernière solution. Donc, je serai disposé à dialoguer avec M. Kagamé sous certaines conditions précises ».
Nous avons également collaboré étroitement avec les forces alliées locales, telles que les groupes de patriotes Wazalendo, pour contrer les menaces des terroristes du M23 supplétifs du Rwanda et des extrémistes djihadistes des Forces Démocratiques Alliées (ADF). Notons aussi qu’avec le retrait progressif de la MONUSCO du Sud-Kivu, acté par la résolution 2717 du Conseil de sécurité de l’ONU en décembre 2023, notre administration a mis en place une série de me sures pour assurer la stabilité et la sécurité des zones de conflit. Nous avons ainsi renforcé notre coopération avec la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC) qui a déployé ses forces en décembre 2023 (SAMIDRC).
D’une manière générale, quels sont les principaux axes de votre politique étrangère ? Qu’attendez-vous des relations avec vos partenaires ?
Sous mon impulsion, la politique étrangère de la RDC vise à renforcer la sécurité et la stabilité, à promouvoir le développement économique, à améliorer les conditions de vie de nos citoyens, à renforcer nos institutions publiques et à contribuer équitablement aux solutions globales. Nous nous engageons à travailler avec nos partenaires internationaux pour réaliser ces objectifs, positionnant ainsi la RDC comme un acteur clé sur la scène internationale. La RDC est ouverte aux échanges internationaux, mais uniquement dans le cadre de partenariats mutuellement bénéfiques. Nous insistons sur des accords gagnant-gagnant pour garantir que les bénéfices de ces échanges profitent directement au peuple congolais. En matière de changement climatique et de transition énergétique, la RDC offre de nombreuses solutions aux défis mondiaux. Nous nous engageons activement dans ces efforts, veillant à ce que toutes les actions respectent le droit international et servent les intérêts du peuple congolais.
Le président Félix Tshisekedi en compagnie du président chinois Xi Jinping
Quel équilibre avez-vous trouvé dans les relations avec les grandes puissances telles que les États-Unis, la Chine et l’Union européenne ?
Je dirai d’abord que la RDC est favorable au multilatéralisme, nous ne sommes pas dans un camp si ce n’est le camp du respect de la dignité humaine, de la souveraineté des États et du droit international. Nos relations sont stratégiques et diversifiées, reflétant notre engagement à collaborer avec les principales puissances mondiales pour le développement et la stabilité de notre pays. Avec les États-Unis, nous avons des relations solides et de longue date, avec un accent sur la promotion de la démocratie, des droits humains, et la lutte contre les crises sécuritaires et humanitaires. Les États-Unis sont le plus grand donateur bilatéral de la RDC, soutenant des initiatives pour stabiliser le pays, sécuriser les chaînes d’approvisionnement de minéraux critiques, et combattre le changement climatique. En 2022, le commerce bilatéral a atteint environ 332 millions de dollars.
Quel est l’Etat de la relation avec la Chine ?
Les relations sino-congolaises sont marquées par une coopération économique et des investissements significatifs. En mai 2023, une visite d’État historique en Chine a renforcé notre partenariat stratégique global. La Chine est le principal investisseur en RDC, particulièrement dans le secteur minier, contribuant à la construction d’infrastructures essentielles. Les échanges bilatéraux ont dépassé 18,75 milliards de dollars en 2023, avec des résultats utiles comme les projets clés du port sec de Sakania et de la centrale hydroélectrique de Busanga.
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Les malentendus ont-ils été dissipés avec l’Union Européenne ?
Oui les choses ont été clarifiées et les tensions nées récemment du protocole d’accord signé entre l’UE et le Rwanda sur les minerais ont été dissipées. La RDC entretient des relations robustes avec l’Union européenne axées sur la stabilité régionale, le développement économique et la bonne gouvernance. L’UE soutient financièrement des initiatives pour la paix et la démocratie, ainsi que des projets d’infrastructures et de développement social en restant un partenaire clé dans les domaines de l’aide humanitaire et du commerce.
Monsieur le Président, lorsque viendra votre temps de vous retirer, que voulez-vous que l’on retienne de votre action à la tête de la RDC ?
Lorsque viendra mon tour de céder le fauteuil présidentiel à mon successeur, j’aimerais que l’on se souvienne de moi comme d’un leader qui a œuvré pour la paix, la stabilité et le développement de la République Démocratique du Congo. Je souhaite que l’on reconnaisse mes efforts dans le renforcement des institutions démocratiques, la promotion de la justice sociale, l’amélioration des conditions de vie de nos citoyens. Mon ambition a toujours été de laisser un héritage de progrès et d’espoir pour les générations futures, et j’espère que l’histoire se souviendra de mon engagement indéfectible pour le bien de notre nation. Unité, Sécurité et Prospérité, tel est mon idéal.
Propos recueillis par Joseph-Marie ELIMBI
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