Beira

Mozambique : des palettes de cargos reconverties en cercueils

SOCIETE
Publié le 23 octobre 2024
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Dans ce pays où un enterrement ordinaire peut coûter jusqu’à 3 000 euros, des menuisiers ont choisi d’utiliser cette matière souvent abandonnée au port afin de soulager les populations qui font déjà face à une flambée des prix.

Dans un bâtiment en mauvais état à Beira, une grande ville mozambicaine ravagée à 90 % par un cyclone il y a cinq ans, une dizaine de menuisiers travaillent sur des cercueils confectionnés à partir de palettes abandonnées au port. Dans cette région, le coût de la mort est particulièrement élevé. Le Mozambique fait face à une grave sécheresse liée au phénomène El Niño et à d’autres catastrophes naturelles, ce qui entraîne une flambée des prix.

Les fabricants à l’œuvre

Un enterrement ordinaire peut coûter jusqu’à 200 000 meticals (près de 3 000 euros), un prix exorbitant pour de nombreuses familles, explique Amelia Armando Machava, la responsable de l’atelier, entourée de sciure et de poussière. En effet, trois quarts des Mozambicains vivent avec moins d’un euro par jour. Le prix d’un cercueil varie entre 6 000 et 100 000 meticals (de 87 à près de 1 500 euros), et ceux fabriqués par la responsable de l’atelier figurent parmi les options les plus abordables sur le marché. L’atelier est animé par le son des marteaux et, de temps à autre, par le bourdonnement d’outils électriques rudimentaires.

Une histoire de résilience

Une scierie rouillée, couverte de toiles d’araignée, repose inutilisée dans un coin, souvenir d’une époque où l’économie de Beira, située à 700 kilomètres au nord-est de Maputo, était plus florissante. Le bâtiment, qui date d’avant l’indépendance du Portugal en 1975, illustre la ténacité de sa propriétaire. Amelia Armando a fondé son entreprise il y a 25 ans avec un menuisier municipal, travaillant selon ses moyens, une commande après l’autre. Ancienne boulangère devenue couturière, elle mettait de côté ce qu’elle pouvait pour se lancer dans la fabrication de cercueils, malgré son absence de compétences en menuiserie. Au départ, elle produisait une ou deux pièces par semaine, mais son entreprise a prospéré et elle en fabrique désormais des dizaines.

Une communauté dynamique

Un marché animé traverse l’atelier faiblement éclairé, où des femmes portant des paniers de fruits et de douceurs circulent entre les menuisiers. De jeunes garçons apportent également des emballages en plastique recyclé et en polystyrène, qui seront transformés en fleurs délicates pour embellir les cercueils. En 2021, le Mozambique a connu une forte inflation, touchant durement les citadins, dont 80 % vivent dans la pauvreté. Les prix des crémations ont explosé, passant de 500 à 5 000 meticals (de 7 à 73 euros), tandis que les frais de réservation des tombes ont triplé, tout comme ceux des pierres tombales.

Lire : Mozambique : une fausse alerte au choléra fait plus de 90 morts par noyade

Face à la crise, comme lors du cyclone Idai en 2019, qui a causé des centaines de décès, la responsable de l’atelier offre des cercueils aux familles dans le besoin. « Quand je sais que quelqu’un a des difficultés, je ne leur envoie pas de facture ; il faut bien aider », déclare-t-elle. « Nous avons surmonté de nombreuses catastrophes et récessions », ajoute-t-elle, soulignant que son atelier n’est pas seulement une entreprise, mais « notre manière de faire face ». «Nous aidons les gens à traverser la douleur de perdre un être cher », explique-t-elle, précisant que c’est aussi « notre façon d’apporter dignité à ceux qui en ont manqué dans leur vie ».

Notre Afrik avec AFP

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