Madagascar : la restitution du crâne du roi sakalava prévue le 26 août

La remise officielle de ce vestige va se tenir à Paris, au ministère de la Culture, en présence des ministres Volamiranty Donna Mara et Rachida Dati.

Plus d’un siècle après la bataille d’Ambiky, où le roi Toera fut tué lors de la résistance contre l’armée coloniale française, la France s’apprête à restituer ses restes présumés à Madagascar, le mardi 26 août. La remise officielle du crâne du roi et de ceux de deux de ses compagnons d’armes aura lieu à Paris, au ministère français de la Culture, en présence de Volamiranty Donna Mara, ministre malgache de la Culture, et de son homologue française, Rachida Dati. Ces crânes étaient conservés jusqu’ici au musée de l’Homme à Paris.

signature pour la restitution du crane

Les reliques seront transférées à Antananarivo le 31 août prochain. La communauté sakalava prévoit ensuite un itinéraire commémoratif ponctué de cérémonies dans plusieurs villes de la région du Menabe, mais les modalités précises de ce parcours sont encore en discussion avec les autorités malgaches. La destination finale est Ambiky, l’ancienne capitale du royaume sakalava, où les troupes françaises ont, selon les sources, massacré entre plusieurs centaines et 5 000 Malgaches en 1897.

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Une première application de la loi française sur la restitution

Ce rapatriement constitue la première application d’une loi française de 2023, qui permet la restitution de restes humains issus des collections publiques. La décision a été officialisée par un décret publié le 2 avril 2025, après les recommandations d’un comité scientifique franco-malgache chargé d’évaluer les conditions du retour.

Lire : Restitution des objets coloniaux : un nouveau texte de loi présenté en France

La démarche de restitution s’inscrit dans une lutte de plusieurs décennies. La première demande formelle remonte à 2003, portée par Magloire Kamamy, l’un des descendants du roi Toera. Avec le soutien de l’historienne Klara Boyer-Rossol, spécialiste de l’esclavage dans l’océan Indien, il avait identifié les restes conservés au musée de l’Homme. En 2010, cette quête avait reçu l’appui de Huguette Bello, alors députée de La Réunion. Magloire Kamamy est décédé en mai 2024, sans avoir pu voir l’aboutissement de ce combat. Pour Klara Boyer-Rossol, la bataille d’Ambiky fut « un véritable massacre », marquant l’un des épisodes les plus violents de la répression coloniale.

Un roi devenu symbole de résistance

La figure de Toera dépasse aujourd’hui le cadre ethnique sakalava. Il incarne, pour de nombreux Malgaches, la résistance nationale à la colonisation française. « Le roi du Menabe est un martyr, un héros, un guerrier exemplaire », avait déclaré la ministre Volamiranty Donna Mara, le 24 avril 2025, lors de la visite du palais de la Reine à Antananarivo par le président Emmanuel Macron.