La mesure

EDITORIAL
Publié le 18 novembre 2020
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Depuis quelques mois le monde a basculé dans la peur. Une peur sidérante, paralysante. Un ennemi invisible et inodore a attaqué l’humanité, un fléau inattendu… Une troisième guerre mondiale ? Non. Des extraterrestres venus nous anéantir ? Non.  Un immense tsunami généralisé ? Peut-être bien mais ce n’est pas la mer, pas encore. C’est un minuscule virus comme il y en a tant, si petit qu’il faut utiliser des moyens de vision performants, un microscope par exemple, pour l’apercevoir. Il sévit partout, au Nord comme au Sud, à l’Est comme à l’Ouest, dans les pays démocratiques tout aussi bien que dans les dictatures les plus dures. Il touche les riches et les pauvres mais ne soyons pas naïfs ces derniers plus que les autres. Ce n’est pas le même tribut lorsqu’on habite à quatre ou plus dans un HLM ou que l’on réside dans un appartement grand standing ou une maison avec jardin. Là n’est pas la question, ce virus sévit partout et s’attaque à nos corps. Et il se transmet par nos corps.

La solution ? Ne pas s’approcher les uns des autres, ne pas se toucher, par conséquent éviter les poignées de mains chaleureuses, encore moins s’embrasser. Non, surtout ne pas se donner des baisers. C’est beau un baiser, c’est tendre, cela réveille tous les sens. C’est interdit. D’ailleurs, il faut porter un masque et cela réduit la possibilité de succomber à l’envie d’embrasser. En plus, il faut s’éviter, ne pas inviter ni répondre à une invitation, renoncer à voir celles et ceux que nous aimons. L’éventualité de voyager d’un pays à l’autre s’est réduite, peu de gens voyagent –les frontières de nombreux pays sont fermées. Même si vous avez un parent qui décède, vous ne pouvez pas vous rendre auprès de votre famille et faire le deuil. Une terrible situation que connaissent nombre de familles éclatées à travers le monde. C’est que le virus s’attaque à nos corps qui deviennent son vecteur de transmission.

Ainsi donc, l’amour, l’amitié, la convivialité, l’hospitalité, la tendresse, ce qui fait notre humanité nous est interdit. C’est le temps de l’hygiène pour contrer l’amour ! Cela mérite quelques explications. Longtemps, l’Homme s’est pris pour la mesure de toute chose, maître de la terre, des cieux, des mers, de l’air aussi, des animaux, des végétaux. Nanti d’une technologie de pointe, il a foré, détruit, mis le feu. Des forêts disparaissent, des terres s’épuisent et s’érodent, des mers se réchauffent, la banquise s’amenuise, tout ceci à la gloire de l’intelligence de l’Homme. Surtout lorsque le capital devient l’étalon qui guide tout, même la vie des êtres.

Et voilà que par un jour de froid déferle ce virus, appelé Covid 19 ou Sars Cover2 ou quelque chose de cet ordre, un petit virus qui nous met à terre. Et tout s’arrête.

Durant plusieurs mois, la vie s’est arrêtée nous laissant pantois. Le temps ne nous appartient plus, il coule sans nous. Ici et là, les gouvernements ont pris des mesures pour l’endiguer mais très vite les considérations économiques l’ont emportées. Il faut faire repartir la machine à sous. Et nous voilà repartis à la tâche car il faut travailler, donner sa sueur afin que les nantis soient encore plus riches. Et la santé ? Mettons-nous bien d’accord : on met les masques, on garde la distance d’au moins un mètre entre nous, on ne s’embrasse pas, pas d’accolade ni poignée de mains, pas de convivialité, non plus de repas de famille, nous devons travailler. La solution ?

YAHIA Belaskri

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