Jeux Paralympiques 2024 : l’Afrique en toute discrétion…

Freiné par l’effet Covid à Tokyo 2021, où il n’avait récolté que 57 médailles, loin des 99 ramenées de Rio de Janeiro en 2016, le continent africain se présente à Paris avec peu de certitudes de faire mieux, ses meilleures chances ayant par ailleurs pris de l’âge.

Les Jeux Paralympiques, institués en 1960 à Rome, sont nés de la volonté de Sir Ludwig Guttmann d’offrir une plateforme sportive aux soldats blessés de la Seconde Guerre mondiale. Depuis, ils ont évolué pour devenir un événement mondial célébrant les réalisations des athlètes en situation de handicap, tout en sensibilisant le public à l’inclusion et à l’égalité.

La République d’Afrique du Sud est à coup sûr une destination privilégiée pour les sports paralympiques. La preuve ? Le sauteur en longueur français (d’origine comorienne) Arnaud Assoumani, 38 ans, recordman du monde et quintuple médaillé paralympique, est allé s’entraîner là-bas pour préparer sa 6ème olympiade qu’il dispute à domicile, à Paris 2024.

Préparatifs des Jeux Paralympiques 2024

Mais le pays d’Oscar Pistorius, le quadruple médaillé d’or paralympique et premier athlète handisport autorisé à courir avec des personnes valides lors des JO de Londres 2012, dont la célébrité fut ensuite amplifiée par un fait divers (condamné en 2013 à 13 ans de réclusion pour avoir tué sa compagne), a également une grande tradition paralympique. Ayant récolté quatre médailles d’or à Tokyo 2021, autant que la Tunisie, premier pays africain, le Nigeria et le Maroc, la ‘’nation arc-en-ciel’’ arrive avec 26 athlètes dans la capitale française qui accueille, du 28 août au 8 septembre, les 17ème Jeux paralympiques de l’histoire. Trois médaillés sud-africains de Tokyo sont encore du voyage : le cycliste Pieter du Preez, et les coureuses sur piste Louzanne Coetzee (aveugle, argent au 1500m et argent au marathon) et Sheryl James (paralysie cérébrale, bronze au 400m).

«L’une des disciplines vedettes des Jeux paralympiques, la boccia, tire d’ailleurs son origine de l’Égypte antique où elle se pratiquait déjà telle que représentée sur des gravures datant de 5200 avant J-C».

Des sports anciens…

L’autre place forte africaine du handisport est l’Égypte. L’ancienneté de sa civilisation y est aussi pour quelque chose. L’une des disciplines vedettes des Jeux paralympiques, la boccia, tire d’ailleurs son origine de l’Égypte antique où elle se pratiquait déjà telle que représentée sur des gravures datant de 5200 avant J-C. Proche de la pétanque mais jouée sur fauteuil roulant avec des ballons de couleurs différentes, la boccia est dominée aujourd’hui par la Corée, le Portugal et le Brésil. Même s’il présentera des joueurs de boccia pour sa 14ème paralympiade à Paris, le pays des Pharaons n’a toutefois que peu de chances d’y briller.

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Tout comme au goalball chez les messieurs, où, 18e nation mondiale de la discipline, l’Égypte fait partie des 12 équipes qualifiées et se retrouve dans le groupe B, avec la Chine, vice-championne olympique en titre, le Japon (6e mondial) et l’Ukraine (8e mondiale). Sachant que dans le groupe A se trouve le champion paralympique en titre et triple champion du monde, le Brésil, ainsi que les États-Unis, l’Iran et la France, les chances de l’Afrique de figurer au podium de cette discipline sont trop minces… Le goalball, pratiqué par les déficients visuels, est avec la boccia, l’une des deux seules disciplines paralympiques qui n’ont pas d’équivalent olympique.

L’Égypte sera aussi présente avec son équipe de volleyball messieurs, le tennis de table (dames et messieurs) ainsi que deux nageurs. Quant à la Tunisie, arrivée en tête au classement des pays africains à Tokyo 2021 avec 11 médailles dont quatre en or, elle vient seulement avec 12 sportifs en misant surtout sur les cinq de l’athlétisme, dont la médaillée d’or et recordwoman paralympique de lancer de poids, Raoua Tlili, qui, à 34 ans, dispute peut-être sa dernière grande compétition.

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Le Maroc, avec ses 25 représentants, a des chances de podium au football à cinq, dans le taekwondo et surtout en athlétisme où le sprinter Abdeslam Hili avait remporté la première des quatre médailles d’or du royaume chérifien lors des Jeux paralympiques de Tokyo 2021 en battant le record du monde du 400m.

D’une manière générale cependant, avec les retraites actées après Tokyo 2021 de l’haltérophile nigériane Lucy Ejike (46 ans, 3 médailles d’or en six jeux) et du coureur de fond et demi-fond marocain El Amine Chentouf (43 ans, trois records du monde aux 5000m, 10 000m et marathon et une seule minute de plus que le record du monde du 5000m établi par un valide), la délégation paralympique africaine se présente à Paris forcément diminuée et est à la recherche de nouvelles icônes.

En Afrique, malgré quelques succès notables, les Jeux Paralympiques restent largement sous-médiatisés. Le manque de couverture médiatique contribue à une faible reconnaissance et à un soutien limité pour les athlètes paralympiques, rendant leur parcours encore plus difficile. Une meilleure médiatisation et des investissements accrus sont essentiels pour soutenir ces athlètes et encourager la participation aux sports paralympiques à travers le continent.

Emmanuel Gustave Samnick