Les recommandations du Dialogue national inclusif sont jugées liberticides et les opposants accusent les militaires de vouloir confisquer le pouvoir.
Le Gabon traverse une période de turbulences politiques suite aux recommandations du Dialogue national inclusif (DNI) qui s’est tenu du 2 au 30 avril 2024 à Libreville. L’opposition, estimant avoir été lésée, accuse les militaires au pouvoir de tenter de confisquer le pouvoir. Cette situation a intensifié les tensions entre les différentes factions politiques du pays. Les opposants gabonais sont particulièrement critiques à l’égard des conclusions du DNI. Jean Ping, figure emblématique de l’opposition, a ainsi déclaré : « Les résultats de ce dialogue ne reflètent en rien les aspirations du peuple gabonais. Les militaires cherchent à consolider leur emprise sur le pays sous le couvert de recommandations prétendument consensuelles». Ces propos illustrent bien le sentiment de trahison ressenti par de nombreux acteurs de l’opposition, qui avaient pourtant participé au dialogue dans l’espoir d’un changement réel et démocratique.
Dialogue national inclusif
Albert Ondo Ossa, autre figure majeure de l’opposition, partage cette colère. « Le DNI n’a été qu’une mascarade pour légitimer un pouvoir militaire qui refuse de céder la place aux civils. Nous avons été exclus des décisions cruciales, et nos propositions ont été systématiquement rejetées », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse. Ondo accuse également les militaires de manipuler le processus politique pour maintenir leur contrôle. Le professeur d’économie dénonce ce qu’il considère comme des dérives autoritaires de la transition en cours qui doit s’achever en août 2024. Davantage, plus de dix mois après le coup d’État, Albert Ondo Ossa demande qu’on publie les vrais résultats de l’élection présidentielle d’août 2023 dont il estime être le véritable vainqueur. « Il y a eu une élection. Tirons les conclusions qui s’imposent. L’élection procède du droit. Le coup d’État, c’est une situation de fait, moi je reste sur une situation de droit. » clame-t-il.
Libertés politiques en danger…
Dans le concert de critiques contre les conclusions du DNI, même les anciens membres influents du régime d’Ali Bongo Ondimba, jusqu’ici très discrets, ont retrouvé de la voix. Alain Claude Bilie-By-Nze, l’ancien Premier ministre de l’ancien président, a notamment fustigé le virage pris par les militaires. Il estime qu’ils ont fait trop de promesses qu’ils n’arrivent pas à respecter. Il redoute surtout qu’ils ne veuillent pas passer la main. L’ancien dignitaire pointe notamment du doigt la suspension proposée des partis politiques et l’interdiction faite aux membres de l’ex-parti au pouvoir, le Parti démocratique gabonais (PDG), de jouer un rôle sur la scène politique pendant trois ans.
D’une façon générale, sur le plan des libertés politiques, la situation est préoccupante. Plusieurs opposants et journalistes ont dénoncé des arrestations arbitraires et des restrictions à la liberté d’expression. « Nous assistons à un recul des libertés fondamentales sous prétexte de sécuriser la transition », a affirmé Paulette Missambo, présidente de l’Union nationale.
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Par ailleurs, la lutte contre la corruption, l’une des promesses clés des militaires, a suscité des espoirs mitigés. Bien que des mesures aient été annoncées, les résultats concrets tardent à se matérialiser. Des enquêtes ont été lancées contre d’anciens dignitaires du régime Bongo, mais l’ampleur de la corruption reste un défi majeur. « La lutte contre la corruption ne doit pas être un outil de répression politique, mais un véritable effort pour assainir la vie publique », a déclaré Marc Ona Essangui, activiste anti-corruption.
Les militaires droits dans leurs bottes
Face aux accusations, les militaires au pouvoir, représentés par le général Brice Oligui Nguema, ont défendu les recommandations du DNI. « Ce dialogue a été une plateforme inclusive où toutes les parties ont pu s’exprimer. Les décisions prises visent à stabiliser le pays et à préparer des élections libres et transparentes », a-t-il affirmé. Cette déclaration vise à apaiser les tensions, mais elle n’a pas réussi à convaincre une opposition de plus en plus méfiante. Davantage, le dialogue n’a pas interdit au général Oligui Nguema d’exercer la fonction de président, alors que d’une manière générale les acteurs politiques sont muselés.
En tout état de cause, le moins que l’on puisse dire c’est que le Gabon se trouve à un carrefour politique crucial. Les recommandations du Dialogue national inclusif, censées apporter une solution à la crise politique, ont au contraire exacerbé les tensions entre les militaires et l’opposition. Alors que les appels à la mobilisation se multiplient, la communauté internationale observe avec attention l’évolution de la situation. Le chemin vers la réconciliation et la stabilité démocratique semble encore long et semé d’embûches. Les prochains mois seront déterminants pour l’avenir politique du Gabon.
Suzanne Chevalier
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