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COVID-19, l’Afrique coupable …

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Publié le 18 novembre 2020
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Alors que dans tous les pays africains la vie a quasiment repris son cours normal, à l’une ou l’autre exception près, le reste du monde, notamment l’Europe, est occupée à reconfiner sa population, suite à la deuxième vague de la Covid-19. Comment comprendre que le continent le plus pauvre, ou si l’on préfère le plus appauvri, soit le moins touché par cette pandémie ? Malgré la relativité et le caractère évolutif des statistiques, un fait est indéniable, l’hécatombe annoncée en Afrique par l’OMS et les multiples experts de circonstance n’a pas eu lieu. Mieux, comparativement aux autres, le continent africain s’en sort avec le taux d’infection et de mortalité le plus faible. Plus ou moins 35.000 morts à peine sur tout le continent au moment où nous couchons ces lignes sur papier, alors qu’ils se comptent par centaines de milliers en Europe et en Amérique.

Ce flagrant démenti des prévisions catastrophistes pour l’Afrique est cependant loin d’ébranler l’OMS dont les experts avancent, avec la même assurance que seule confère visiblement l’ignorance, des raisons pour lesquelles l’Afrique a mieux résisté à la Covid-19. Les Africains constituent la population la plus jeune du monde, avec un âge médian de 20 ans. Ils se déplacent moins que les autres, faute de moyens. Ils sont plus ruraux et vivent donc davantage à l’extérieur, y compris en ville où les maisons sont sans fenêtres ou avec fenêtres toujours ouvertes pour des raisons climatiques évidentes. Le peu de vieux qu’il y a ne sont pas confinés dans des maisons de repos où se transmet davantage le virus, etc. Bref, c’est grâce à leur jeunesse, leur faible mobilité, leur ruralité, etc., que les Africains se sont mieux tirés d’affaire.

Tant d’explications ou plus exactement d’hypothèses discutables, puisque d’autres régions comme l’Asie ou l’Amérique latine, qui ont des caractéristiques relativement semblables à celles de l’Afrique, n’ont pas autant résisté à cette pandémie. Aussi est-on allé jusqu’à avancer une explication génétique, en remontant non moins loin qu’à notre ancêtre préhistorique Lucy. Lucy est ainsi accusée d’avoir migré en Europe et transmis à ses descendants le gène qui rend les êtres humains mortellement vulnérables à la Covid-19. Ces descendants se seraient ensuite disséminés partout dans le monde où ils ont propagé ce gène dramatiquement « covid-compatible », mais sans jamais revenir en Afrique où ledit gène est par conséquent inexistant, d’où la faible mortalité des Africains, CQFD ! « Seule » manque à cette « explication scientifique » l’explicitation de sa conclusion qu’une étonnante pudeur semble avoir retenue : c’est encore la faute à l’Africain, si la Covid-19 est si mortelle !

Faut-il y répondre, au risque d’oublier de relever les véritables défis africains remis en lumière par cette crise sanitaire ? Déficit d’infrastructures sanitaires, dépendance technique et scientifique, manque d’autonomie monétaire, extraversion des économies, aliénation des politiques, divisions mortifères, corruption chronique, etc. C’est l’occasion de rappeler que le paludisme fait des centaines de milliers de morts chaque année en Afrique, avec un record estimé à 769.000 morts en 2020. C’est pour ce genre de fléaux, avec la famine, la pauvreté, infiniment plus mortels que la Covid-19 sur le continent, que l’on aurait attendu une véritable mobilisation des Africains, et une authentique sollicitude de ceux qui prétendent les aider. Il est à ce propos significatif de constater qu’à l’occasion de cette crise, c’est le monde qui s’est d’abord fermé à l’Afrique à qui on prédisait pourtant une catastrophe.

Quelle leçon en tirer ? Si l’Afrique avait besoin d’un électrochoc supplémentaire pour réaliser qu’elle doit avant tout compter sur elle-même, cette crise le lui a offert. Saura-t-elle s’en saisir pour se réorganiser en conséquence ?  Votre magazine a en tout cas pris la mesure des risques et défis liés à cette crise qui a impacté nos parutions comme vous avez pu le constater. C’est pourquoi à compter de l’année 2021, nous développerons davantage le volet numérique de nos parutions, de manière à être plus proche de vous, plus régulièrement, et avec le moins de risques possibles. Ces vœux de proximité et de sécurité s’ajoutent à tous ceux que nous formulons pour vous en vue de la nouvelle année qui pointe à l’horizon, afin qu’elle vous apporte plus de santé, de paix et de bonheur.

Emmanuel Babissagana

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