Depuis plusieurs mois, une montée d’adrénaline entre Porto-Novo et Niamey met à mal les relations entre le Bénin et le Niger, compromettant les espoirs de réintégration de ce dernier au sein de la CEDEAO.
Entre le Niger et le Bénin, la brouille persiste et le pétrole ne coule plus. La situation a pris une nouvelle tournure après l’arrestation, le 5 juin à Sèmè-Kpodji, de cinq Nigériens en territoire béninois. Ces derniers ont été condamnés à 18 mois de prison avec sursis pour « usurpation de titre et usage de données informatiques falsifiées ». Cet incident a sérieusement ébranlé les relations jadis fraternelles entre les deux nations.
Le régime militaire de Niamey a fermé depuis le 6 juin 2024, les vannes du pipeline qui achemine le brut nigérien au port béninois de Sèmè-Kpodji. Pour le ministre nigérien du pétrole, Mahaman Moustapha Barké « On ne peut pas accepter d’être assis pendant que notre pétrole est en train d’être volé par d’autres personnes » parce que « nous ne sommes pas présents là où on doit le charger ». Des chaînes et des scellés ont été posés sur toutes les vannes par lesquelles transitent le pétrole nigérien sur ordre du général Abdourahamane Tiani.
Des causes profondes
À l’origine de cette crise, Porto-Novo reproche à Niamey de maintenir fermée sa frontière malgré la levée, en février dernier, des sanctions économiques imposées par la CEDEAO. Ces sanctions avaient été mises en place suite au renversement du président nigérien Mohamed Bazoum par le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), dirigé par le général Abdourahamane Tiani. Niamey justifie la fermeture de sa frontière par des raisons sécuritaires, évoquant la présence de troupes françaises au Bénin, perçues comme une menace sérieuse.
Forces armées
Le Premier ministre nigérien, Ali Mahaman Lamine Zeine, a ainsi déclaré lors d’un point de presse le 11 mai : « C’est pour des raisons simples de sécurité que nous avons gardé cette frontière fermée (…) Nous avons souverainement décidé de garder notre frontière fermée avec le Bénin. Sur le territoire du Bénin, il y a des bases françaises et sur certaines d’entre elles, on entraîne des terroristes qui doivent venir déstabiliser notre pays ». Ces accusations ont néanmoins été réfutées par le chef d’état-major des armées françaises, Thierry Burkhard, qui a affirmé qu’« il n’y a pas de base militaire française au Bénin » ni de « mission militaire permanente ».
Un désastre économique
Dans cette épreuve de force, aucun des deux pays ne veut baisser la garde. Porto-Novo a notamment bloqué l’exportation du pétrole brut nigérien via son port de Sèmè-Kpodji. Ce projet pétrolier, débuté en avril, avait pourtant suscité l’espoir dans les deux camps. Le pipeline, d’un coût de 6 milliards de dollars, s’étend sur 2000 km, dont 675 km au Niger et le reste au Bénin. À terme, il devait permettre d’atteindre une production de 200 000 barils de pétrole par jour d’ici 2026, générant des milliers d’emplois directs et indirects de chaque côté.
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L’absence d’une médiation internationale efficace n’augure pas une issue heureuse imminente. Ni la CEDEAO ni la communauté internationale ne semblent pour le moment mesurer l’impact de ce bras de fer. Cette crise plonge la coopération bilatérale dans l’impasse et affecte gravement le commerce transfrontalier. Niamey a néanmoins demandé à la multinationale chinoise WAPCO, au cœur de ce projet, de dialoguer avec le gouvernement béninois. Cependant, Porto-Novo ne semble pas prendre l’initiative pour résoudre ce conflit. Pourtant ce pétrole est essentiel pour les économies des deux pays et pour l’entreprise chinoise Wapco, qui l’exploite.
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En conséquence, le Niger, pays enclavé, fait face à des difficultés d’approvisionnement en produits de grande consommation et à une augmentation constante du coût de la vie. De son côté, le Bénin voit ses recettes diminuer drastiquement en raison de la baisse des échanges commerciaux et du transit de l’oléoduc.
Un conflit nuisible
Davantage, les peuples béninois et nigériens, unis par l’histoire et la géographie, se trouvent désormais divisés par ce conflit. La crise actuelle est un véritable désastre, compromettant notamment la médiation du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, initiée pour ramener le Burkina Faso, le Mali et le Niger au sein de la CEDEAO. Ces trois États, dirigés par des militaires, ont formé l’Alliance des États du Sahel (AES) et n’entendent pas revenir en arrière. Quoi qu’il en soit, le climat délétère et de méfiance entre le Bénin et le Niger nécessite une médiation internationale urgente pour éviter une escalade et favoriser le retour à des relations bilatérales harmonieuses. À ce propos l’action entamée récemment auprès des protagonistes par les anciens chefs d’État béninois, Nicéphore Soglo et Thomas Yayi Bony, présentée par beaucoup comme étant celle de la dernière chance, pourrait peut-être porter des fruits allant dans le sens d’un apaisement entre Porto-Novo et Niamey.
Claire Mezang
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