En lançant cet événement, le président Patrice Talon affirme que l’alimentation relève d’enjeux de souveraineté, de développement et de dignité, bien au-delà de la seule santé publique.
Alors que la malnutrition continue de toucher des millions de personnes en Afrique et ailleurs, le Bénin a pris l’initiative d’organiser à Cotonou la toute première conférence internationale consacrée à la nutrition. En lançant cet événement, le président Patrice Talon veut envoyer un message fort : l’alimentation n’est pas qu’une affaire de santé publique, elle est au cœur des enjeux de souveraineté, de développement et de dignité humaine.
Selon la Banque mondiale et l’OCDE, plus de 250 millions d’Africains vivent actuellement dans une situation d’insécurité alimentaire aiguë. En Afrique de l’Ouest, cette réalité est accentuée par la dépendance chronique aux importations, les bouleversements climatiques et l’instabilité sécuritaire. « La question alimentaire est désormais profondément politique », a affirmé l’économiste Alban Mas Aparisi, soulignant l’urgence d’une réponse concertée.
Une mobilisation collective pour une cause vitale
La conférence de Cotonou a rassemblé des représentants de gouvernements, des experts, des ONG, ainsi que des partenaires techniques et financiers, autour d’une conviction commune : aucun progrès durable n’est possible sans garantir à chaque citoyen un accès régulier à une alimentation saine. « Nourrir nos enfants n’est pas un choix, c’est une obligation », a martelé le président Talon dans son discours d’ouverture. Il a insisté sur le rôle fondamental de la nutrition dans la construction du capital humain et la préparation de l’avenir du continent.
Le Bénin a mis en avant plusieurs de ses initiatives phares, notamment le Programme national d’alimentation scolaire intégré (PNASI), qui assure un repas quotidien à des centaines de milliers d’élèves. Le pays a aussi mis en place l’Agence nationale de l’alimentation et de la nutrition (ANAN), chargée de coordonner les efforts dans ce domaine.
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Un appui financier important, mais encore insuffisant
Lors de la conférence, les bailleurs de fonds ont annoncé un engagement financier dépassant les 400 millions de dollars pour soutenir les programmes nutritionnels sur le continent. Une contribution saluée, mais jugée encore en deçà des besoins réels. La FAO rappelle qu’en Afrique, chaque dollar investi dans la nutrition génère entre 16 et 30 dollars en retombées économiques, un argument puissant pour convaincre de la rentabilité sociale et économique de ces investissements.
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Le président Talon a conclu en appelant à une responsabilité collective. Face à un défi d’une telle ampleur, aucun pays ne peut agir seul. Il a plaidé pour la mise en place de partenariats solides entre États africains, institutions internationales et acteurs du secteur privé. La conférence de Cotonou aura permis d’ancrer l’idée selon laquelle la nutrition est une condition essentielle à la stabilité, à la prospérité et à l’autonomie des peuples africains. Un engagement à inscrire dans la durée, au-delà de l’urgence.