Gabon : un nouveau départ

Le Dialogue national inclusif tenu du 2 au 30 avril dernier à Libreville a débouché sur des recommandations fortes qui laissent transparaître l’avènement d’une nouvelle République.

Trois grandes parties constituent l’ossature du Rapport général du Dialogue national inclusif organisé à Libreville, en avril 2024, au stade de l’amitié Sino-Gabonaise, site d’accueil des travaux. La première partie de ce rapport de 1324 pages présente les actes de la commission politique, suivie des actes de la commission économique et des actes de la commission sociale, qui constituent la deuxième et la troisième partie.

Soucieux de disposer d’institutions fortes, les commissaires du dialogue inclusif adoptent plusieurs conclusions. La première concerne la Constitution. Les conditions de révision de la Constitution ont été endurcies. Elle se fera désormais uniquement par référendum. Cette commission consacre également l’interdiction de réviser le nombre et la durée du mandat du président de la République.

 

Commission politique

Il est également consacré 9 juges constitutionnels pour un mandat de 9 ans non renouvelable. Et concernant leur désignation, le rapport indique, les professeurs de droit (3), les avocats (1), les magistrats (3), les politiques (2) ; lesquels seront désignés par le président de la République, après transmission de la liste d’aptitudes. Il sera consacré dans la future constitution, des principes fondamentaux à l’instar de « la préférence nationale dans tous les domaines de la vie de la nation ; la confirmation de la définition du mariage comment étant l’union entre un homme et une femme… », lit-on dans le rapport.

Concernant les « recommandations spécifiques », le rapport demande d’« inscrire dans la constitution la protection de tous les acteurs du coup de la libération du 30 aout 2023 ; prendre une loi d’amnistie pour les membres du CTRI », mais également de « revaloriser le traitement des parlementaires après la transition ; supprimer certaines fonctions et institutions telles que la primature et le Conseil national de la démocratie ».

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Des mesures sont également prises concernant le volet politique et démocratie. Et donc, « Pour créer un parti politique, il faudra avoir au moins 18000 adhérents répartis sur l’ensemble du territoire ; disposer d’un siège, être titulaire d’un compte bancaire ; défendre une idéologie et appartenir à l’un des 4 blocs idéologiques envisagés ». Le rapport propose également de suspendre tous les partis politiques légalement reconnus en attendant la mise en place des nouvelles règles régissant la création et le maintien des partis politiques.

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Sur le cas du Parti démocratique gabonais (PDG), l’ancien parti politique au pouvoir, la commission propose de le suspendre ainsi que ses alliés de 2016 à 2023 pour une période de 3 ans avec effet immédiat, et de diligenter des enquêtes contre les actuels et anciens dirigeants du PDG, ainsi que les cadres et hauts cadres. Le rapport rappelle la durée de deux ans de la transition et mentionne que les autorités de la transition ne peuvent pas se présenter à la prochaine présidentielle. Une élection qui sera désormais à deux tours, tout comme les législatives et sénatoriales, avec des mandats de 7 ans renouvelable une fois pour la présidentielle et de 5 ans renouvelable pour les autres mandats électifs.

Pour être candidat à la présidentielle, il faudra désormais être marié à une Gabonaise d’origine ; verser une caution de 20 millions Fcfa et parler au moins une langue locale. Le cumul des fonctions politiques est désormais interdit. Des conclusions ont été prises concernant la souveraineté nationale. Réserver l’exclusivité des hautes fonctions à un Gabonais de père et de mère ; suppression de la double nationalité pour certaines personnalités en fonction telles que les ministres, les députés, les sénateurs, les maires, les conseillers municipaux et les chefs de village ; renforcer le contrôle et la transparence dans la gestion des ressources naturelles ; mettre en place un système de déclaration de patrimoine obligatoire pour les personnes occupant des hautes fonctions publiques ; instaurer une commission indépendante de lutte contre la corruption, etc.

 

Dialogue national inclusif Gabon 2024 copy right (RFI)

Dialogue national inclusif Gabon 2024 copy right (RFI)

Commission économique

La commission économique du dialogue national inclusif a également formulé plusieurs recommandations visant à améliorer la situation économique du Gabon. Parmi ces recommandations, on retrouve la mise en place d’un cadre juridique et réglementaire favorable à l’investissement, la diversification de l’économie gabonaise en développant les secteurs de l’agriculture, de l’industrie, du tourisme et des nouvelles technologies, la promotion de l’entreprenariat local et la facilitation des échanges commerciaux.

La commission économique propose également des mesures pour renforcer la transparence et la lutte contre la corruption dans le secteur économique. Elle recommande la création d’une agence nationale de lutte contre la corruption, l’adoption de mesures de transparence dans les marchés publics, la promotion de la concurrence et la lutte contre les monopoles.

Commission sociale

La commission sociale du dialogue national inclusif s’est penchée sur les questions sociales et a formulé des recommandations pour améliorer la situation des Gabonais. Parmi ces recommandations, on retrouve la mise en place d’un système de protection sociale universelle, l’amélioration de l’accès aux services de santé et d’éducation, la promotion de l’emploi des jeunes, la lutte contre les discriminations et les violences basées sur le genre, et la protection des droits des personnes en situation de handicap.

Le rapport du dialogue national inclusif constitue une étape importante dans le processus de consolidation de la démocratie et du développement du Gabon. Les recommandations formulées dans ce rapport seront prises en compte dans l’élaboration des politiques publiques et des réformes à venir. Il revient maintenant aux autorités gabonaises de mettre en œuvre ces recommandations afin d’améliorer la gouvernance politique, l’économie et les conditions de vie des Gabonais.
La suite des recommandations formulées lors du dialogue national inclusif concerne différents domaines tels que la justice, l’éducation, l’environnement et la culture.

Commission justice

La commission justice a formulé des recommandations visant à renforcer l’indépendance et l’efficacité du système judiciaire au Gabon. Parmi ces recommandations, on retrouve la nécessité de garantir l’accès à la justice pour tous, de lutter contre l’impunité et de renforcer les mécanismes de protection des droits humains. La commission a également proposé des mesures pour améliorer la formation des magistrats, moderniser les infrastructures judiciaires et promouvoir des méthodes alternatives de règlement des conflits.

Justice Gabon copy right (Afrique Confidentielle)

Justice Gabon copy right (Afrique Confidentielle)

Commission éducation

La commission éducation a mis l’accent sur l’amélioration du système éducatif au Gabon. Elle recommande notamment la révision des programmes scolaires pour les adapter aux besoins du marché du travail, la formation et la valorisation des enseignants, la promotion de l’éducation inclusive et la lutte contre l’abandon scolaire. La commission propose également des mesures pour renforcer l’accès à l’éducation pour tous, en particulier pour les filles et les enfants vivant en zone rurale.

Commission environnement

La commission environnement a formulé des recommandations pour promouvoir le développement durable et la protection de l’environnement au Gabon. Parmi ces recommandations, on retrouve la nécessité de renforcer la législation en matière de protection de la biodiversité, de promouvoir les énergies renouvelables, de lutter contre la déforestation et de favoriser la gestion durable des ressources naturelles. La commission propose également des mesures pour sensibiliser la population à l’importance de la préservation de l’environnement et pour renforcer la coopération internationale dans ce domaine.

Commission culture

La commission culture a mis l’accent sur la promotion et la valorisation de la diversité culturelle au Gabon. Elle recommande notamment la protection et la promotion du patrimoine culturel gabonais, le soutien aux artistes et aux industries culturelles, et la création d’infrastructures culturelles dans les différentes régions du pays. La commission propose également des mesures pour favoriser l’accès à la culture pour tous les Gabonais, en particulier les jeunes et les populations marginalisées.

Ces recommandations couvrent un large éventail de domaines et visent à améliorer la gouvernance, l’économie, les conditions de vie et le développement du Gabon dans son ensemble. Il est maintenant essentiel de mettre en œuvre ces recommandations de manière concertée et efficace afin de promouvoir le progrès et le bien-être de tous les Gabonais.

Armel Mouanjo