L’avocate, incarcérée depuis 18 mois pour diffusion de fausses nouvelles dans une émission où elle était chroniqueuse, a confié ce jeudi, entourée de ses proches, avoir vécu sa libération comme “une surprise de taille ».
À peine sortie de prison, l’avocate et chroniqueuse tunisienne Sonia Dahmani a appelé à la révision du décret présidentiel nᵒ 54 sur les «fausses informations», estimant qu’il s’agit d’un texte «extrêmement dangereux pour les libertés». Entourée de ses proches, elle a confié jeudi à l’AFP avoir vécu sa libération comme «une surprise de taille».

Une libération conditionnelle inattendue
En milieu de journée, Sonia Dahmani a bénéficié d’une libération conditionnelle après 18 mois de détention et plusieurs condamnations prononcées en première instance sur la base du décret 54, qui punit la diffusion de fausses informations. Ce texte est régulièrement dénoncé par les défenseurs des droits humains, qui pointent son interprétation jugée trop large par la justice tunisienne.

«Quand on m’a dit de sortir de ma cellule, j’ai cru que c’était pour changer de prison. Finalement, c’était la fin du cauchemar», raconte-t-elle. «Je ne m’y attendais pas du tout. La libération conditionnelle se fait sans prévenir : on vient vous l’annoncer et on part immédiatement. J’ai ressenti la stupeur, l’émotion, puis la joie des co-détenues. On vit ensemble 24 heures sur 24, des liens très forts se créent».
Des conditions carcérales difficiles à La Manouba
Détenue à la prison civile de La Manouba, la seule structure pour femmes en Tunisie, Sonia Dahmani décrit un établissement vétuste et surchargé. «C’est une vieille prison qui n’est pas aux normes. Le minimum y est, mais c’est loin d’être confortable. On aimerait plus d’espace, de meilleures conditions d’hygiène, une meilleure nourriture», souligne-t-elle.
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Malgré sa libération, l’avocate reste poursuivie dans plusieurs affaires fondées sur le décret 54. «Je dois me présenter devant un juge demain matin, devant la cour d’appel. Une autre affaire est prévue pour le 26 décembre. Une instruction est également en cours, toujours sur la base du décret 54», détaille-t-elle. Elle assure toutefois qu’elle continuera à répondre à toutes les convocations : «Je ne suis pas femme à m’enfuir. On ira jusqu’au bout, en attendant que l’article 24 soit abrogé».
Un article 24 en voie d’abrogation ?
L’article 24 du décret 54, qui prévoit jusqu’à cinq ans d’emprisonnement pour la diffusion de «fausses nouvelles, rumeurs ou faux documents», fait l’objet de vives critiques. Selon Sonia Dahmani, le Parlement travaille déjà à son abrogation. «Ce décret avait été promulgué pour éviter les abus sur les réseaux sociaux, mais il a été très mal interprété. Des personnes inconnues, de simples jeunes de quartier, garçons ou filles, se retrouvent en prison à cause de lui», déplore-t-elle.
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L’avocate reste toutefois confiante. «Tout le monde a compris que cet article 24 était extrêmement dangereux pour les libertés. Je pense qu’on verra bientôt sortir les personnes détenues sur cette base», explique-t-elle.
Notre Afrik avec AFP







