L’Assemblée nationale a adopté, vendredi 14 novembre 2025, deux projets de loi majeurs accordant une amnistie générale à Mahamat Zène Bada, aux membres des forces de défense et de sécurité, ainsi qu’aux groupes armés signataires des accords de paix de Miski.
Un vote quasi unanime : 163 députés ont approuvé les textes, un seul élu a voté contre, et aucune abstention n’a été enregistrée. Cette décision marque un tournant important dans le processus de réconciliation nationale lancé par les autorités.
Deux semaines après les dernières consultations politiques, les responsables parlementaires ont confirmé que ces lois d’amnistie visent à refermer les plaies des tensions politiques et sécuritaires des dernières années et à consolider les acquis des accords de paix signés en avril 2025. Elles couvrent à la fois les actions individuelles liées aux affrontements passés et les engagements pris lors des négociations de Miski.

Une mesure de réconciliation qui divise
La ratification de l’ordonnance accordant l’amnistie à Mahamat Zène Bada, ancien directeur de campagne du président Mahamat Idriss Déby et ex-maire de N’Djamena, constitue l’un des points les plus symboliques de ce vote. Condamné en 2012 à cinq ans de travaux forcés pour faux, usage de faux et détournement de deniers publics, il avait été empêché de se présenter aux législatives de novembre 2024. Grâce à l’amnistie, son casier judiciaire redevient vierge, lui permettant de recouvrer ses droits civiques et de briguer à nouveau des mandats électifs.
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Pour les défenseurs du texte, cette mesure participe à «l’apaisement global». Le député Brice Mbaimon insiste : «Nous sommes tous faillibles. Quand quelqu’un a failli, il faut avoir un certain égard pour lui permettre de se réinsérer dans la vie politique.» Mais la décision fait grincer des dents. Le seul opposant au vote, le député Béral Mbaikoubou, dénonce des lois d’amnistie « à tour de bras » : «Ce sont des primes à la délinquance des élites. Cela garantit simplement que cela recommence.»
La seconde loi adoptée concerne les milices et les forces de défense impliquées dans les affrontements meurtriers survenus en 2019 dans la localité de Miski, au Tibesti, autour de l’exploitation minière. Leur amnistie était prévue dans l’accord de paix signé le 20 avril 2025 entre le gouvernement tchadien et les groupes armés de la région.
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La promulgation des textes est attendue dans les prochains jours. Leur application ouvrira la voie à une mise en œuvre concrète des engagements pris, dans l’espoir de consolider une paix encore fragile et d’amorcer une véritable réconciliation nationale.







