Le chef de l’Etat a annoncé ce mercredi le retrait du projet de budget 2024-2025 prévoyant des hausses d’impôts dans son pays.
Cette décision a été prise à la suite d’une vive contestation ayant conduit à des violences meurtrières mardi 25 juin 2024. Dans un discours, le président du Kenya William Ruto, a appelé à une concertation nationale avec la jeunesse, après une troisième journée de mobilisation en huit jours contre ce texte. « Le peuple a parlé (…) Après avoir écouté attentivement le peuple kényan, qui a dit haut et fort qu’il ne voulait rien avoir à faire avec ce projet de loi de finances 2024, je m’incline et je ne promulguerai pas le projet de loi de finances 2024, qui sera par conséquent retiré », a déclaré William Ruto.
Le président kenyan a également souligné la nécessité d’ouvrir un dialogue national. « Puisque nous nous sommes débarrassés du projet de loi de finances 2024, il est nécessaire d’avoir une conversation en tant que nation à l’avenir. (…) Comment gérer ensemble notre situation d’endettement ? (…) Je proposerai un engagement avec les jeunes de notre nation, nos fils et nos filles » fait-il savoir. Malgré cette décision, des citoyens entendent manifester en soutien aux familles des victimes. Hanifa Adan, une des figures de la contestation appelle les kényans à une marche pacifique ce jeudi. « Le projet de loi est retiré mais allez-vous rendre la vie à tous ceux qui sont morts ?? », a écrit la journaliste et militante sur son compte X. « Le droit de manifester doit être respecté par les autorités kényanes », a réagi mercredi un porte-parole de la Maison Blanche.
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A Nairobi, le gouvernement avait initialement justifié ces mesures fiscales comme étant nécessaires pour restaurer la marge de manœuvre financière d’un pays lourdement endetté (la dette publique représentant environ 70% du PIB) et pour financer un budget ambitieux de 4000 milliards de shillings (environ 29 milliards d’euros) pour 2024-2025, un record pour le pays. La décision du Parlement d’adopter le texte a déclenché la colère des manifestants à Nairobi, où des violences ont éclaté avec des attaques contre le bâtiment abritant l’Assemblée nationale et le Sénat.
Cette situation a suscité une préoccupation internationale, avec des réactions de la part de l’union africaine, des États-Unis, de plusieurs pays européens, ainsi que de l’ONU qui ont appelé au calme. La coalition d’opposition Azimio a quant avait déjà quant à elle exhorté le président à ne pas promulguer le texte. Selon l’organe officiel de protection des droits humains (KNHRC), ces événements ont causé la mort de 22 personnes.
Tatiana Kuessie avec l’AFP