Selon une source locale, les tensions ont éclaté après le vol d’une moto d’un Ouaddaïen par deux jeunes Zaghawa armés.
Au moins vingt personnes ont trouvé la mort depuis mardi dernier dans deux affrontements à caractère communautaire survenus dans la province du Ouaddaï, à l’est du Tchad, selon des sources parlementaires et locales concordantes. Dans une déclaration rendue publique lundi 16 juin, 14 députés de la région, en majorité affiliés au parti au pouvoir à N’Djamena, ont condamné avec fermeté ces actes qu’ils qualifient d’« inhumains et barbares ». Ils en appellent aux autorités nationales pour qu’elles renforcent les dispositifs de sécurité et protègent les populations locales, jugées particulièrement vulnérables.

Le représentant de l’État dans la province, Ismaël Yamouda Djorbo, s’est rendu sur les lieux pour constater les dégâts. Lors de sa visite, il a publiquement désigné les violences comme des actes de “terrorisme”, sans toutefois fournir de bilan officiel. D’après une source communautaire locale ayant requis l’anonymat, les tensions ont éclaté après le vol d’une moto appartenant à un membre de la communauté ouaddaïenne, par deux jeunes armés issus du groupe Zaghawa. Cette agression a déclenché une rixe armée, entraînant la mort de huit personnes, dont les deux auteurs présumés du vol.
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Des représailles sanglantes
L’escalade de la violence s’est poursuivie samedi, lorsque des individus armés (supposément issus de la communauté Zaghawa) ont lancé une attaque ciblée contre des civils ouaddaïens, causant la mort d’au moins 12 personnes, selon des informations de terrain. Dans une vidéo diffusée le même jour, le député Yacine Abdraman Sakine, élu du Ouaddaï, a dénoncé le silence des autorités et fustigé l’impunité dont bénéficieraient, selon lui, les auteurs de ces agressions. « Les responsables de ces atrocités agissent en toute liberté, pendant que les institutions de l’État restent spectatrices d’un drame humain », a-t-il déploré.
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Depuis des décennies, l’est du Tchad est marqué par des rivalités communautaires récurrentes, souvent liées à l’accès à la terre, aux pâturages et à l’eau. Le Ouaddaï, région frontalière du Soudan, est une zone de transhumance stratégique, théâtre de fréquents accrochages entre agriculteurs sédentaires (notamment les Ouaddaïens) et éleveurs nomades, comme les Zaghawa ou certaines tribus arabes. Des précédents sanglants ont déjà endeuillé la région. En novembre 2018, une dizaine de morts avaient été recensés à une soixantaine de kilomètres d’Abéché, la capitale provinciale.
Notre Afrik avec AFP







