Tanzanie : internet bloqué et manifestations contre le pouvoir

Tanzanie : internet bloqué et manifestations contre le pouvoir

Première femme à la tête de la Tanzanie, la présidente Samia Suluhu Hassan fait désormais face à des accusations de durcissement politique, malgré un début de mandat initialement salué pour son esprit d’ouverture.

À Dar es Salaam, des centaines de manifestants sont descendus dans les rues ce mercredi, jour des élections présidentielle et législatives en Tanzanie. Les protestataires, en grande majorité des jeunes, ont exprimé leur rejet du régime en place en scandant : « Rendez-nous notre pays ! ». Selon un journaliste de l’AFP présent sur place, un commissariat a été incendié sur une artère principale menant au port, tandis que des tirs ont été entendus à plusieurs reprises.

Ces troubles surviennent alors qu’Internet est bloqué dans le pays, paralysant la communication à la veille de la clôture du scrutin. Les réseaux sociaux évoquent d’autres manifestations, notamment à Mbeya, dans le sud-ouest du pays. Au cœur de la contestation se trouve la présidente Samia Suluhu Hassan, 65 ans, au pouvoir depuis la mort de John Magufuli en 2021. Première femme à diriger la Tanzanie, elle est aujourd’hui accusée d’avoir renforcé la répression politique malgré des débuts salués pour leur ouverture.

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Des affiches brûlées et une armée passive

À Dar es Salaam, les manifestants ont détruit les affiches de la présidente affichées sur les murs de la ville. Des soldats lourdement armés ont été aperçus à proximité, sans toutefois intervenir. « L’armée protège les manifestants », a déclaré sur le réseau X Brenda Rupia, membre du parti d’opposition Chadema, interdite de scrutin. Elle a partagé une vidéo montrant de jeunes Tanzaniens criant : « Nous ne voulons plus du CCM, nous voulons nos droits », en référence au Chama Cha Mapinduzi, parti au pouvoir depuis l’indépendance.

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Les bureaux de vote, habituellement bondés, étaient presque vides mercredi matin. Le principal parti d’opposition, Chadema, a été exclu du scrutin pour avoir refusé de signer un code électoral jugé injuste. Son leader, Tundu Lissu, est actuellement jugé pour trahison, une accusation passible de la peine de mort. L’autre candidat d’opposition notable, Luhaga Mpina de l’ACT Wazalendo, a lui aussi été disqualifié pour des raisons procédurales.

Un climat de peur et de répression

Dans un rapport publié avant le scrutin, Amnesty International a dénoncé une « vague de terreur » caractérisée par des disparitions forcées, des arrestations arbitraires et des exécutions extrajudiciaires. Le barreau du Tanganyika a recensé 83 disparitions d’opposants depuis 2021, tandis que même certains membres du parti au pouvoir sont pris pour cibles s’ils osent critiquer le système. L’ancien diplomate Humphrey Hesron Polepole est porté disparu depuis plusieurs semaines.

Lire : Île Maurice : les réseaux sociaux bloqués pendant la durée des élections

Sur l’archipel semi-autonome de Zanzibar, les électeurs se sont rendus plus nombreux aux urnes. Si l’histoire électorale locale est marquée par des tensions, la radio nationale a diffusé des appels au calme tout au long de la journée. Contrairement au continent, les élections locales et présidentielles y ont semblé se dérouler dans une atmosphère plus sereine, bien que la vigilance reste de mise.

Notre Afrik avec AFP

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