Sénégal : ouverture des auditions sur les violences politiques de 2021-2024

Sénégal ouverture des auditions sur les violences politiques de 2021-2024

Pape Abdoulaye Touré a témoigné pendant cinq heures, un pas important salué par son avocat, qui se félicite de l’ouverture de l’enquête.

Ce vendredi 3 octobre, la section de recherches de la gendarmerie de Colobane a procédé à l’audition de plusieurs victimes, notamment Pape Abdoulaye Touré, fondateur du mouvement Initiative Zéro Impunité (IZI). Ce dernier a raconté les tortures qu’il affirme avoir subies lors des manifestations de juin 2023 et a confirmé s’être constitué partie civile dans cette procédure judiciaire.

Pape Abdoulaye Touré a été le premier à témoigner pendant près de cinq heures, une étape saluée par son avocat, Me Faty, qui se réjouit de l’ouverture officielle de l’enquête. « Les victimes sont encouragées et attendent que justice soit rendue », a déclaré Me Faty. Parmi les autres témoins attendus figurent Abdoulaye Wade, frère de Cheikh Wade tué lors d’une manifestation aux Parcelles Assainies, ainsi que Binta Bâ, mère d’Alassane Barry, adolescent décédé en mars 2021.

Des plaintes visant des hauts responsables

En septembre 2024, Pape Abdoulaye Touré avait déjà déposé une plainte contre plusieurs personnalités, dont l’ancien ministre de l’Intérieur Antoine Félix Diome, l’ex-ministre de la Jeunesse Pape Malick Ndour, et l’ancien haut-commandant de la gendarmerie, le général Moussa Fall. Il accuse ces responsables de séquestration, d’enlèvement illégal, d’actes de torture, de traitements inhumains et de violences volontaires. L’ouverture actuelle de cette enquête suscite l’espoir chez les victimes et leurs familles, qui attendent toujours que justice soit rendue.

📣 Ne manquez plus rien de l’actualité africaine en direct sur notre chaîne WHATSAPP

Une demande de justice portée par les familles et la société civile

Depuis des années, les familles des victimes et les acteurs de la société civile réclament l’ouverture d’enquêtes sur ces violences. Elles dénoncent aussi la loi d’amnistie adoptée dans les derniers jours du mandat de Macky Sall (2012-2024), qui empêche toute poursuite liée aux actes commis entre février 2021 et février 2024. Un rapport publié en janvier 2025 par l’université de Stanford et le think tank sénégalais Africa Jom Center considère cette loi comme une violation du droit international et un obstacle à la justice. Cette loi a depuis été partiellement restreinte.

Lire : Sénégal : des ex prisonniers politiques réclament justice

Selon des sources exclusives révélées par Libération, la gendarmerie a installé un nouveau quartier général d’enquête à la « maison de la gendarmerie », située dans la caserne Samba Diéry Diallo. Cette base, proche de leurs locaux habituels, est désormais le centre d’une vaste série d’auditions menées par la Section de recherches (SR). L’enquête vise à faire la lumière sur les violences politiques survenues entre 2021 et 2024, qui ont causé près de 80 morts et de nombreux blessés.

Abonnez vous à notre newsletter

Articles similaires

Get the app