Selon des experts, le véritable enjeu dans la région réside dans la propriété des terres. En effet, le M23, soutenu par le Rwanda, cherche à démanteler les systèmes de gestion des terrains qui désavantageraientles communautés tutsi.
Le contrôle des minerais essentiels à l’industrie électronique, tels que le coltan, est souvent considéré comme l’une des causes majeures du conflit entre le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, et la République Démocratique du Congo (RDC). Cependant, cette région est l’une des plus instables et ce facteur n’est pas le seul en jeu. La RDC et le Rwanda fournissent ensemble environ la moitié du coltan mondial, un minerai crucial pour la fabrication de téléphones et d’ordinateurs portables.

Les experts des Nations unies et des organisations de défense des droits humains accusent le Rwanda d’extraire illégalement de grandes quantités de coltan de l’est de la RDC pour les vendre sous son propre nom. Avant la confusion qui règne à Goma, en janvier 2025, le M23 avait également conquis Rubaya, une ville minière clé où environ 15 % du coltan mondial est extrait. Les ventes de ce minerai rapporteraient chaque mois environ 800.000 dollars au groupe armé.

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La question de la propriété des terres
Au-delà des minerais, le véritable enjeu est la question de la propriété des terres dans la région. Le M23, soutenu par le Rwanda, cherche à démanteler les systèmes traditionnels de gestion des terres qui désavantagent les communautés tutsi. Le contrôle des terres et les tensions communautaires sont donc au cœur du conflit.

Un diplomate spécialiste des Grands Lacs soutient que les minerais ne sont qu’un moyen pour le Rwanda de servir son objectif principal : protéger la communauté tutsi face à la menace des FDLR. Selon cet expert, le régime de Kagame, un ancien soldat, veut maintenir sa présence dans les Kivu jusqu’à ce que la question des FDLR soit résolue. En somme, pour Kigali, la lutte contre les FDLR demeure l’enjeu stratégique majeur.
Le Rwanda et le commerce de minerais
Bien que Kigali nie toute implication dans l’exportation illégale de minerais, de nombreux analystes sont sceptiques. Selon Guillaume de Brier, expert de la région pour l’institut IPIS, il est impossible que le Rwanda soit l’un des plus grands exportateurs de coltan, à moins que ce minerai ne provienne directement de la RDC. Les mineurs congolais préfèrent vendre leur coltan au Rwanda en raison de transactions plus rapides et de paiements en espèces, évitant ainsi les lourdes taxes et formalités administratives.
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Des entreprises multinationales, comme Apple, ont également été accusées de profiter des minerais extraits de zones de conflit. Initialement, Apple avait nié que ses produits contiennent du coltan provenant de la RDC ou du Rwanda. Cependant, après des poursuites judiciaires déposées en France et en Belgique par le gouvernement congolais, Apple a reconnu l’impossibilité de distinguer la provenance des minerais et a ordonné à ses fournisseurs d’arrêter leurs achats en RDC et au Rwanda.
Notre Afrik avec AFP







