Le président de la République démocratique du Congo (RD Congo), a appelé jeudi son homologue rwandais, Paul Kagame, à œuvrer conjointement pour instaurer une « paix durable » dans l’est du Congo, théâtre d’un conflit persistant depuis plusieurs décennies.
Cet appel, lancé par Félix Tshisekedi depuis Bruxelles lors d’un forum sur les investissements européens en Afrique, a rapidement été rejeté par Kigali, qui y voit une « comédie politique » sans sincérité. S’exprimant devant un parterre de diplomates et d’investisseurs, Félix Tshisekedi a dénoncé la poursuite des violences dans la région orientale de la RDC, riche en minerais et en proie à l’instabilité chronique. Il a interpellé directement le président Kagame, l’exhortant à « avoir le courage de la paix » et à « mettre un terme à l’escalade » des affrontements entre l’armée congolaise et le groupe rebelle M23, que Kinshasa accuse d’être soutenu par Kigali.
« Je prends à témoin le monde entier pour réaffirmer ma volonté de paix et inviter le président Kagame à tourner la page du conflit », a déclaré le chef de l’État congolais. Il a ajouté qu’il suspendait temporairement sa démarche visant à obtenir des sanctions contre le Rwanda, en attendant une réponse officielle de son homologue. Selon Tshisekedi, « nous sommes les deux seuls capables de stopper la spirale de la violence ». Une déclaration qui se veut à la fois un geste diplomatique et un appel au dialogue, dans un contexte où la méfiance reste forte entre les deux voisins.
Kigali contre-attaque
Peu avant l’intervention du président congolais, Paul Kagame s’était exprimé brièvement, évoquant une « énergie positive » autour des affaires et des partenariats économiques. Mais quelques heures plus tard, sur le réseau social X, il a réagi par une métaphore acerbe : « Ceux qui s’inquiètent du bruit d’un bidon vide ont aussi un problème », une pique à peine voilée envers son homologue congolais.
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Le ton s’est durci avec la réaction du ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, qui a accusé Félix Tshisekedi de transformer un sommet économique en tribune politique. Il a dénoncé « une comédie ridicule » et affirmé que « le seul à pouvoir mettre fin à l’escalade, c’est le président Tshisekedi lui-même ». Le diplomate rwandais a par ailleurs reproché à Kinshasa de collaborer avec des milices locales, notamment les Wazalendo et les FDLR, ainsi que d’avoir recours à des mercenaires étrangers et à des bombardements aériens contre des civils, en violation des accords de paix précédemment signés.
Des accords fragiles et une paix incertaine
Malgré la signature d’un accord de paix à Washington en juin et d’une déclaration de principes à Doha en juillet, les affrontements se poursuivent dans l’est congolais. Les deux pays s’accusent mutuellement d’être responsables de la reprise des hostilités, chacun invoquant la nécessité de protéger sa population.
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Dans son discours, Tshisekedi a également salué « l’implication » du président américain Donald Trump dans les efforts de médiation, soulignant toutefois que la paix restait « encore hors de portée sur le terrain ». Alors que les tensions demeurent vives, l’appel du président congolais à une « paix des braves » résonne comme une ultime tentative de dialogue dans un climat régional marqué par la méfiance et la rivalité politique.