Condamné à deux ans ferme pour offense au président de la transition, l’opposant Aliou Bah a comparu ce 22 avril devant la cour d’appel de Conakry.
Lors de cette audience tendue, marquée par une importante présence sécuritaire autour du tribunal et une ambiance électrique à l’intérieur comme à l’extérieur de la salle, le ministère public a requis une peine de cinq ans de prison ferme, soit la peine maximale prévue par la loi guinéenne pour les faits reprochés. Le procureur Fallou Doumbouya a jugé la condamnation initiale « excessivement dérisoire », estimant qu’il fallait sévir plus durement contre ce qu’il considère comme des atteintes graves à l’autorité de l’État.

Un procès sous tension et marqué par les disparitions forcées
Le procès d’Aliou Bah se tient dans un climat politique particulièrement tendu en Guinée, où les droits et libertés se réduisent progressivement. Les manifestations contre le régime militaire sont systématiquement interdites, de nombreux médias ont été fermés, et des figures de l’opposition disparaissent dans des circonstances inquiétantes.
C’est dans ce contexte que deux vidéos ont été versées au dossier. La première, projetée par le ministère public, montre Aliou Bah appelant les dignitaires religieux à sortir de leur silence face à la situation du pays. La seconde, présentée par la défense, montre des proches d’Oumar Sylla alias Foniké Menguè et du journaliste Habib Marouane Camara expliquant les circonstances de leur disparition. Selon elles, les deux hommes auraient été enlevés par des forces armées circulant à bord de véhicules de la gendarmerie nationale.
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Cependant, à l’extérieur du tribunal, la tension était palpable. Des militants venus soutenir Aliou Bah ont été maintenus à distance par un impressionnant dispositif policier. Des journalistes ont été fouillés et intimidés, tandis que des membres du corps diplomatique venus assister à l’audience ont été refoulés, renforçant la perception d’un procès sous haute surveillance.
Un procès politique selon la défense
Aliou Bah continue de clamer son innocence et dénonce une procédure politique visant à faire taire les voix critiques du régime de transition dirigé par le général Doumbouya. En effet, l’opposant ne reconnaît pas les faits qui lui sont reprochés et affirme n’avoir fait qu’exercer son droit à la liberté d’expression. Il lui est notamment reproché d’avoir qualifié le CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement) d’« incompétent », lors d’un meeting, et d’avoir exhorté les leaders religieux à dénoncer les atteintes aux droits humains en Guinée.
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Ses avocats ont demandé sa relaxe pure et simple et doivent présenter leurs arguments mercredi 23 avril. Pour eux, la requête du ministère public constitue un acharnement judiciaire, qui s’inscrit dans un contexte plus large de répression des voix dissidentes depuis la prise de pouvoir par Mamadi Doumbouya en septembre 2021.







