Fleuve Congo : traversée à haut risque

Les voyages à bord de baleinières métalliques surchargées de passagers et de marchandises sont souvent l’occasion de naufrages aux lourds bilans.

La traversée du fleuve Congo n’est pas une épreuve facile. Il faut prendre son courage à deux mains pour s’asseoir dans une de ces embarcations et affronter tous les risques du périple. La baleinière métallique, plus sollicitée par les kinois, est réputée plus sûre, mais moins rapide. Aussi, les passagers presque toujours en surcharge se disputent les places avec les marchandises. Ce navire de fortune est souvent sujet à des collisions à l’origine de naufrages aux lourds bilans. «Ces longues barges généralement surchargées et déglinguées dont les naufrages font un nombre indéterminé de morts, parce qu’on ne sait jamais combien de personnes elles transportent», témoigne un habitué de cette traversée à l’AFP. Il a effectué le périple à bord du bateau baptisé « Miracle de Dieu » en avril courant.

Ce voyageur a parcouru les 520 kilomètres qui séparent Kinshasa, (la capitale de la République démocratique du Congo), de Lukolela, (localité de pêcheurs de la province de l’Equateur), en une semaine. Selon l’équipage, cette durée est plus ou moins importante selon que l’embarcation enregistre une panne de moteur ou que la pluie s’invite au rendez-vous. Il y a quelques jours, rapportent des commerçants, un accident avait fait deux morts, lorsqu’une amarre avait lâché et fauché violemment des passagers. Mais les passagers préfèrent cette embarcation métallique pour le transport de leur marchandise plutôt que l’équivalent en bois, « moins sûr ».

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Éric Ndungu, un commerçant de 41 ans, marié et père de cinq enfants, se souvient de ce tragique accident survenu en novembre dernier. La baleinière en bois dans laquelle il voyageait cette fois-là est entrée en collision avec une autre. Le choc a fait au moins 48 morts. Le commerçant qui effectue régulièrement la liaison entre Kinshasa et la province de la Mongala a eu la vie sauve de justesse.

Contre les embarcations de fortune

Les embarcations métalliques comme le « Miracle e Dieu » sont jugées « de luxe », un peu plus cher et au confort relatif. «Je m’assois à même le sol et je dors dans les mêmes conditions, à la belle étoile, exposé aux intempéries. Parfois, je trouve refuge dans une pirogue accrochée à la baleinière. Les marchandises rapportent beaucoup d’argent, mais nos vies valent quand même quelque chose ! », s’emporte Dieudonné, un commerçant âgé de 43 ans. Il relève aussi que des « mamans » cuisinent des mets à bord le long de la traversée du fleuve Congo.

En octobre 2023, selon un compte rendu du conseil des ministres, le président Félix Tshisekedi a demandé au gouvernement d’élaborer « un plan d’action » afin que le fleuve Congo joue un rôle de moteur du développement économique du pays. A travers cette mesure, le président a pour objectif d’ « éviter les naufrages aux lourds bilans humains et d’exiger des transporteurs des contrats d’assurances, de lutter contre les embarcations de fortune », et de renforcer la surveillance du trafic fluvial.

Notre Afrik avec l’AFP