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YAHIA Belaskri « Les parcours migratoires et les idées reçues »

EDITORIAL
Publié le 18 juillet 2024
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Dans sa chronique publiée dans le magazine Notre Afrik de juillet, août, septembre 2024, le journaliste et auteur revient sur ce phénomène empli d’amalgames.

Que n’entendons-nous pas à propos des « migrants » : émigrés, immigrés, sans-papiers, clandestins, réfugiés, demandeurs d’asile, exilés, déboutés -si, c’est vrai certains sont nommés ainsi-, déplacés, etc.

Ceux qui partent n’ont pas les mêmes raisons et l’exil prend de multiples formes, l’envie de changer de pays, rejoindre sa famille, la fuite parce qu’il y a urgence, c’est le cas lorsqu’il y a des conflits mais aussi sous la pression de gouvernements dictatoriaux qui persécutent les voix libres, également pour des raisons économiques. Aucune distinction à l’arrivée, étranger il est, étranger il sera. Pas une seule fois, il n’est dit que ce sont des êtres humains, femmes et hommes qui ont une histoire, appartiennent à une culture, ont des aspirations, des rêves. Pas une seule fois, il n’y a la chair, le sang, les chagrins et les joies. Juste des adjectifs pour les nommer. Et l’anathème pour les isoler, les rejeter.

Passer par le désert pour rejoindre l’autre pays

Pourtant le phénomène migratoire a toujours été intrinsèquement lié aux origines de l’humanité nous disent les historiens et les anthropologues. Et les migrations n’avaient pas un seul sens, du Sud vers le Nord. Des frontières se sont élevées, physiques avant d’être men tales. Des murs ont été érigés ici et là, des barbelés ont été déroulés par la Hongrie à sa frontière avec la Serbie longue de 151 kms. Symbole absolu de la captivité, donc de l’éloigne ment, les barbelés déchirent les corps de Syriens, Irakiens et Afghans principalement, en l’année 2015. Puis les frontières ont pénétré les esprits et la peur a conquis les cœurs. Emerge ainsi la figure du bouc émissaire, l’étranger, principalement le Maghrébin, l’Arabe, l’Africain, le musulman.

« Il y a 108, 4 millions de réfugiés dans le monde qui ont fui les persécutions ; 40% sont des enfants».

Pourtant, ce n’est qu’en 1648 avec les traités de Westphalie que naissent les frontières que l’on connait. Longtemps, la frontière était mouvante avant de devenir réalité physique puis séparation et contrôle.

Des personnes qui veulent atteindre un autre pays en passant par la mer

Les états riches se sont enfermés de peur de « l’invasion » fantasmée. Pourtant, ceux qui quittent leur pays ne partent pas loin généralement, ils s’abritent dans un pays limitrophe. Il y a 108, 4 millions de réfugiés dans le monde qui ont fui les persécutions ; 40% sont des enfants.

« Ceux qui quittent leur pays ne partent pas loin généralement, ils s’abritent dans un pays limitrophe»

Les pays qui accueillent le plus grand nombre de réfugiés sont la Turquie, l’Iran, la Colombie, le Pakistan et, en Europe, l’Allemagne. S’il y a un chiffre à retenir : 76% des réfugiés résident dans « des pays à revenu faible ou intermédiaire » tel que défini par le Parlement européen. On est loin des lubies qui circulent en Europe.

Lire aussi: Afrique : plus de 76 millions de déplacés internes en 2023

Enfin, l’article 13 de la déclaration universelle des droits de l’Homme adoptée le 10 décembre 1948 stipule en son alinéa 1 « Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un Etat », et dans son alinéa 2 « Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays».

« S’il y a un chiffre à retenir : 76% des réfugiés résident dans «des pays à revenu faible ou intermédiaire tel que défini par le Parlement européen. On est loin des lubies qui circulent en Europe».

Alors, basta ! Celui qui vient d’ailleurs est un être humain qui nous ressemble et par conséquent « chacun est unique, irremplaçable » (Jean Bernard). Ne guérissez pas de votre cœur, c’est à cette seule condition que nous ferons humanité.

YAHIA Belaskri

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