Adesina Akinwumi

BAD : qui va succéder à Adesina Akinwumi ?

ECONOMIE
Publié le 18 juillet 2024
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Depuis le 1er juillet 2024, la course à la succession officielle du Nigérian à la tête de la Banque africaine de développement (BAD) est lancée. Plusieurs candidats sont pressentis ou déclarés. Mais quel bilan laisse le président sortant après dix ans d’actions ? Comptes et mécomptes.

Quel héritage laissera le Nigérian Akinwumi Adesina lorsqu’il quittera la présidence de la Banque africaine de développement (BAD) dans moins d’un an ? L’ancien ministre de l’Agriculture du Nigeria laisse un bilan contrasté. D’abord contesté à la fin de son premier mandat dans l’affaire dite des lanceurs d’alerte, M. Adesina, seul candidat à sa succession, a été réélu en 2020 pour un second mandat. Charismatique et bon orateur, il a su séduire les actionnaires. Lors des dernières Assemblées annuelles de l’institution tenues à Nairobi, au Kenya, du 27 au 31 mai 2024, il avait mis en avant son bilan chiffré, listant les investissements de la banque dans les fameuses « High 5 », l’initiative qu’il a lancée en 2016.

Akinwumi Adesina au congrès annuel des gouverneurs de la BAD

Akinwumi Adesina au congrès annuel des gouverneurs de la BAD

En 2023, les financements de la BAD se sont élevés à plus de 10 milliards de dollars, répartis sur l’ensemble de ses cinq grandes priorités pour : éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie ; nourrir l’Afrique ; industrialiser l’Afrique ; intégrer l’Afrique ; et améliorer la qualité de vie des populations en Afrique. « Les High 5 sont les accélérateurs du développement de l’Afrique. En somme, la Banque africaine de développement tient ses promesses », s’est félicité M. Adesina dans son discours d’ouverture. À l’en croire, depuis le lancement de ces « High 5 », les financements de la BAD ont eu un impact sur la vie de plus de 400 millions de personnes.

Assemblée annuelle du Conseil des gouverneurs de la Banque africaine de développement

Assemblée annuelle du Conseil des gouverneurs de la Banque africaine de développement

L’année dernière par exemple, 11 millions d’agriculteurs ont eu accès à des technologies agricoles améliorées, 8 millions de personnes à de l’eau et à de nouvelles installations sanitaires ou améliorées, 3,5 millions de personnes à des transports améliorés ; 2,8 millions de personnes ont bénéficié de meilleurs services de santé, un million de personnes d’un accès à de l’eau potable et plus de 443 000 entreprises à des financements. En réponse à la crise russo-ukrainienne, les financements de la BAD ont touché 10,5 millions d’agriculteurs et soutenu la production de 263 millions de tonnes de denrées alimentaires, évaluées à 10,79 milliards de dollars, « soit 90 % de notre objectif fixé à 12 milliards de dollars de denrées alimentaires », précise M. Adesina.

« La BAD a investi plus de 50 milliards de dollars dans des projets d’infrastructures sur le continent, ce qui constitue «de loin l’investissement le plus important de toutes les banques ou institutions multilatérales de développement »

Par ailleurs, au cours des neuf dernières années, la BAD a investi plus de 50 milliards de dollars dans des projets d’infrastructures sur le continent, ce qui constitue « de loin l’investissement le plus important de toutes les banques ou institutions multilatérales de développement », dit-il. L’institution financière est également « en bonne voie » pour atteindre l’objectif de consacrer 25 milliards de dollars pour le financement de l’action climatique.

Lire aussi: Félix Tshisekedi : « La souveraineté de la RDC est non négociable »

Pourtant, M. Adesina, que ses collaborateurs appellent « l’optimiste en chef » ou « l’évangéliste en chef » en raison de ses discours enflammés, a connu des débuts difficiles à la tête de la BAD. On se rappelle l’affaire des lanceurs d’alerte qui l’avait beaucoup fragilisé vers la fin de son premier mandat et avait failli lui coûter son poste. Accusé de « comportement contraire à l’éthique, enrichissement personnel et favoritisme », il avait été finalement blanchi par la commission éthique dirigée par le Japonais Takuji Yano. Cet épisode, vu à l’époque comme une lutte d’influence entre actionnaires régionaux (le Nigeria et ses soutiens) et non régionaux (États-Unis), constitue une tâche noire de son action à la tête de la banque. En off, certains reconnaissent que les accusations formulées par les lanceurs d’alerte étaient pour l’essentiel fondées, notamment en ce qui concerne la « nigérianisation » du personnel de la banque sous son magistère. Certains reprochent également à M. Adesina de n’être pas un banquier à la base. Mais cette « faiblesse » pourrait bien être considérée comme sa principale force. Il ne réfléchit pas forcément en banquier et, en tant qu’ancien ministre de l’Agriculture de son pays, il est bien placé pour connaître les besoins des pays en matière de financement du développement.

L’histoire dira finalement quelle place il va occuper auprès de ses prédécesseurs. Mais son bilan, bien que mitigé, montre des avancées significatives pour le développement du continent.

René MATEA

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