Les autorités l’accusent d’avoir diffusé un message audio incitant à la haine contre des nomades du sud, dans un contexte déjà marqué par des violences intercommunautaires.
Succès Masra, ancien Premier ministre tchadien, leader de l’opposition et président du parti « Les Transformateurs », a été auditionné ce mardi 20 mai par les services de la police judiciaire à N’Djamena. Il est mis en cause dans plusieurs dossiers sensibles et fait face à des accusations allant de l’incitation à la haine à la complicité d’assassinat, en passant par la création de bandes armées, l’incendie criminel et la profanation de tombes.

Les autorités tchadiennes, appuyées par le procureur, affirment que Succès Masra aurait diffusé un message vocal sur les réseaux sociaux, appelant à la haine contre des communautés nomades du sud du pays. En effet, cette sortie médiatique est aujourd’hui au centre des enquêtes, dans un climat déjà tendu par de récents affrontements intercommunautaires.
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Un appel à l’autodéfense
Les avocats de l’opposant réfutent fermement ces allégations. Selon eux, le message incriminé, diffusé en mai 2023, n’était pas un appel à la violence, mais une invitation à l’autodéfense, dans un contexte de tensions locales. Ils soulignent que cet enregistrement précède de deux ans le massacre de Mandakao, utilisé comme justification des poursuites. À l’issue de l’audition, la défense a jugé les échanges constructifs et a exprimé son optimisme quant à la suite de la procédure. Le procureur doit encore se prononcer sur l’éventuelle poursuite judiciaire de Succès Masra dans la journée.
Lire : Tchad : Succès Masra interpellé pour incitation à la haine
Cette affaire survient quelques jours après le massacre de Mandakao, dans le Logone-Occidental. En effet, le 14 mai, 42 personnes, en majorité des femmes et des enfants, ont été tuées lors d’affrontements d’une extrême violence. Cette région du sud du pays est fréquemment marquée par des conflits entre agriculteurs et éleveurs, souvent exacerbés par la pénurie de ressources naturelles.







