Le 13 avril dernier, une dizaine de hauts gradés militaires et policiers, en majorité issus de l’ethnie au pouvoir, ont été radiés pour « faute grave » par le président Mahamat Idriss Déby.
Une décision aux allures de purge politique, dans un contexte de vives dissensions alimentées par la guerre au Soudan voisin. En effet, dans une série de décrets publiés lundi, neuf officiers des forces de défense et de sécurité ont été rétrogradés puis exclus des effectifs, tandis que trois policiers ont également été révoqués. Aucun détail n’a été fourni sur les raisons précises de ces sanctions, qui touchent des figures influentes du régime.
Le président tchadien, Mahamat Idriss Déby, à N’Djamena, le 23 mai 2024. JORIS BOLOMEY / AFP
Une crise familiale et clanique
Parmi les personnalités écartées figure le général d’armée Abdelrahim Bahar Mahamat Itno, cousin du président et ancien chef de la sécurité présidentielle. En effet, ce membre central du clan Déby avait récemment tenu des propos virulents contre le régime au sein de groupes communautaires en langue zaghawa. Sa radiation, officialisée jeudi dernier, illustre l’ampleur des fractures internes au sein de l’élite zaghawa, minorité ethnique du nord et de l’est du Tchad qui contrôle le pouvoir depuis plus de trois décennies.
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Les relations tendues au sein de la famille Déby reflètent des divisions plus larges dans le clan zaghawa, exacerbées par la guerre au Soudan. En effet, ce conflit déclenché en avril 2023 entre l’armée du général Abdel Fattah Al-Bourhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) dirigées par Mohammed Hamdan Daglo, ravive de vieilles lignes de fracture communautaires.
Soupçons d’ingérence et rivalités transfrontalières
Le président Mahamat Déby est soupçonné par certains observateurs d’avoir livré des armes aux FSR, via les Émirats arabes unis, ce qu’il a toujours nié. Or, dans le même temps, des combattants zaghawa du Tchad ont pris fait et cause pour l’armée régulière soudanaise, rejoignant les rangs des Zaghawa soudanais opposés aux FSR.
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La situation est d’autant plus explosive que la présence, à El-Fasher dans le sud-ouest du Soudan, d’un groupe rebelle zaghawa dirigé par Ousman Dillo – frère cadet de Yaya Dillo Djérou, opposant tué par l’armée tchadienne en 2024 – préoccupe au plus haut point N’Djamena. Ce scénario réveille le spectre de l’offensive de février 2008, lorsque des rebelles zaghawa basés au Soudan avaient failli renverser le régime d’Idriss Déby père, avant d’être stoppés avec l’aide de l’armée française.
Entre héritage militaire et fragilité politique
Depuis la mort d’Idriss Déby en 2021, son fils Mahamat Idriss Déby est à la tête du pays, d’abord à la tête d’une junte militaire, puis officiellement élu en 2024. Mais son pouvoir reste fragile, pris en étau entre les rivalités internes à son propre camp, les critiques croissantes au sein de l’armée, et les répercussions régionales du conflit soudanais.
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Deux ans jour pour jour après le début de la guerre au Soudan, celle-ci a déjà fait des dizaines de milliers de morts, déplacé plus de 11 millions de personnes, et provoqué une crise humanitaire majeure. Son impact dépasse désormais largement les frontières du pays, fragilisant des régimes voisins comme celui du Tchad, où le feu couve désormais aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur du pouvoir.
Notre Afrik avec Afp
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