Le président sénégalais a annoncé un audit du secteur minier, gazier et pétrolier, suscitant des réactions diverses.
Pendant la campagne électorale, la renégociation des contrats miniers, pétroliers et gaziers conclus sous l’ancien président Macky Sall était une promesse clé. Le président actuel estime que ces contrats ne bénéficient pas suffisamment à la population. En renégociant ces contrats avec les partenaires, il souhaite rétablir l’équité et garantir que les ressources naturelles du pays profitent à ses citoyens, conformément à la Constitution sénégalaise. Papa Demba Thiam, économiste international et spécialiste du développement industriel, souligne que les ressources naturelles appartiennent au peuple et doivent lui revenir.
Les experts ont des opinions divergentes sur le sujet. Certains estiment que la renégociation des contrats pourrait compromettre les investissements et créer une incertitude dans les partenariats futurs avec les compagnies. L’ancien président Macky Sall a déclaré dans une interview avec Bloomberg le 19 mars dernier que les contrats peuvent être améliorés, mais qu’il n’est pas possible de modifier les contrats déjà signés avec les compagnies, car cela serait désastreux pour le Sénégal. Il a précisé que jusqu’à 60% des revenus de l’exploitation future du gaz et du pétrole reviendront à l’État sénégalais.
Pour le groupe australien Woodside Energy, qui opère dans le champ pétrolier de Sangomar, les contrats sont sacrés et les meilleurs résultats sont obtenus avec les États respectant les accords juridiques et réglementaires régissant l’exploitation du pétrole et du gaz. Cela crée une certitude en matière d’investissement. Si une renégociation doit avoir lieu, elle doit être soigneusement préparée afin d’éviter de lourdes amendes, car les compagnies pétrolières peuvent recourir aux tribunaux internationaux en cas de litige. En revanche, l’économiste Papa Demba Thiam affirme que la plupart des contrats miniers et d’hydrocarbures sont renégociés dans le monde. Il cite l’exemple de la région Amérique latine-Caraïbes, où selon lui, de 40 à 92% des contrats sont renégociés dans un délai de 1 à 8 ans après leur signature. Il souligne que l’idée que les partenaires pourraient fuir en cas de renégociation est un chantage politique et moral envers les pays en voie de développement.
Le Fonds monétaire international (FMI) affirme que la question de la renégociation des contrats n’est pas un sujet d’inquiétude. Les autorités sénégalaises ont assuré que le pays respectera ses engagements internationaux et que le nouveau régime souhaite s’assurer que les contrats signés sont conformes aux codes miniers et pétroliers.
Le Sénégal prévoit de commencer l’exploitation des hydrocarbures cette année, et compte sur ces ressources pour stimuler son économie. Le pays dispose également de mines d’or, de phosphates et de zircon. Selon Petrosen, la société pétrolière publique sénégalaise, les revenus combinés des deux principaux gisements gaziers et pétroliers sont estimés à une moyenne annuelle de 700 milliards de francs CFA (plus d’un milliard d’euros) sur une période de trente ans.
Notre Afrik avec l’AFP
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