Nécrologie : le Nigeria pleure Muhammadu Buhari

À la suite du décès de l’ex-président nigérian, survenu ce dimanche 13 juillet 2025 à Londres, Bola Tinubu a décrété un deuil national et convoqué une réunion gouvernementale en sa mémoire.

Le président nigérian Bola Tinubu a décrété un deuil national sur l’ensemble du territoire suite au décès de l’ancien chef de l’État, Muhammadu Buhari. L’ex-président est décédé ce dimanche 13 juillet 2025 dans une clinique à Londres. Pour marquer cette période de deuil, le président Tinubu a ordonné que « tous les drapeaux nationaux soient mis en berne pendant sept jours, à compter du dimanche 13 juillet ». Il a également convoqué « une session extraordinaire du Conseil exécutif fédéral, prévue pour le mardi 15 juillet 2025, afin de rendre hommage à Muhammadu Buhari ».

Né le 17 décembre 1942 à Daura, dans le Nord du Nigeria, Muhammadu Buhari est un homme dont le parcours mêle intimement l’histoire militaire et politique de son pays. Issu d’une famille peule nombreuse, il est le dernier d’une fratrie de 23 enfants. Buhari s’impose dès sa jeunesse par sa rigueur et son goût du devoir.

son retour au Nigeria après une hospitalisation à Londres en 2017

Un parcours forgé dans les rangs militaires

Formé à l’école militaire de Kaduna, puis au Royaume-Uni, Muhammadu Buhari embrasse très tôt une carrière dans l’armée nigériane. De commandant de peloton à officier général commandant de divisions entières, il gravit tous les échelons de la hiérarchie militaire. Sa trajectoire est marquée par son engagement lors de la guerre civile du Biafra (1967-1970) et par une série de postes-clés qui le placent au cœur du système de défense nigérian.

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En 1983, il entre en politique en prenant le pouvoir par un coup d’État contre le président civil Shehu Shagari, dénonçant une administration « corrompue ». À la tête du pays, il impose un régime fondé sur la discipline, le nationalisme économique, et la lutte anticorruption. Son refus de se plier face aux exigences du FMI, notamment sur la dévaluation du naira, symbolise sa vision souverainiste. En août 1985, il est renversé par un coup d’État. Il est emprisonné pendant trois ans à Benin City, avant de revenir dans la vie publique à la tête du Petroleum Trust Fund, un organisme qu’il administre avec une rigueur saluée, dans un pays miné par le détournement des fonds publics.

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Une résilience politique remarquable

À partir de 2003, Muhammadu Buhari se présente sans succès à trois élections présidentielles successives. Sa ténacité finit par payer. En 2015, à 72 ans, il remporte la présidentielle face au sortant Goodluck Jonathan, devenant le premier opposant à battre un président en exercice dans l’histoire démocratique du Nigeria. Présenté comme un homme intègre et austère, il fait campagne sur la lutte contre la corruption et la promesse d’en finir avec Boko Haram. Son positionnement religieux, bien qu’il soit un musulman sunnite, reste modéré. S’il s’est prononcé en faveur de la charia dans le Nord en 2011, il affirme en 2015 son attachement à la liberté religieuse.

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Marié deux fois et père de dix enfants, Muhammadu Buhari a marqué durablement la vie politique et militaire nigériane. Son style, à la fois intransigeant et rigide, a souvent divisé, mais son image d’homme honnête et incorruptible lui vaut le respect d’une frange importante de la population. Il aura gouverné dans des contextes aussi bien militaires que démocratiques, un cas rare en Afrique. Décoré de plusieurs distinctions nationales, dont la plus haute, celle de grand commandeur de la République fédérale (GCFR), Muhammadu Buhari reste une figure emblématique du Nigeria moderne, entre autorité, devoir et austérité.

Sonia Feugap