Sans surprise, l’une des premières recommandations du dialogue inter-malien appelle à prolonger la durée de la période de transition.
Dans l’optique de stabiliser son pays en proie aux attaques des groupes jihadistes, le Colonel Assimi Goïta, président de la transition au Mali, ne compte pas céder le pouvoir. Alors qu’ils avaient promis de faire la passe aux civils à travers les urnes en février, la junte au pouvoir depuis 2020 a manqué à son engagement et repoussé l’élection présidentielle à une date indéterminée. Les militaires évoquent au prétexte l’instabilité du pays en proie aux attaques des groupes jihadistes.
Fragilisé par la crise sécuritaire et économique, le régime militaire malien réprime la contestation qui enfle et conserve pour l’heure le soutien d’une partie de l’opinion, à quelques jours de l’ouverture de la phase nationale du dialogue inter-malien. La junte mise sur les conclusions du dialogue initié en décembre pour asseoir une légitimité et tenter de ramener la paix. Ceci après avoir officialisé la fin d’un important accord conclu en 2015 avec les groupes armés du nord. Les premières recommandations de ce dialogue consultées par l’AFP appellent à prolonger la durée de la période dite de « transition » et dans certaines régions, et à une candidature du colonel Assimi Goïta, à la future présidentielle.
Plusieurs opposants restent sceptiques face aux actions du gouvernement en vue de rétablir la paix à la façon militaire. Ils boycottent également le dialogue inter-malien. Selon des partisans de la junte, cette classe politique de plus en plus critique contre le pouvoir est le résultat d’une confiance trahie par les régimes précédents. « Elle souffre d’un déficit de crédibilité, dû à la corruption et aux promesses non tenues sous les précédents régimes, que la propagande des militaires a amplifié », explique Mahamadou Konaté, professeur d’université à Bamako. En outre, une frange de l’opinion estime que « les élections ne seraient pas un gage de développement ou d’un quelconque soulagement et n’en voient pas l’urgence », affirme à l’AFP Aly Tounkara, directeur exécutif du Centre des Etudes Sécuritaires et Stratégiques au Sahel, à Bamako.
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Des experts pensent qu’il y a une volonté pour la junte au pouvoir de stabiliser le pays au regard des dernières opérations menées. Par exemple depuis 2023 même si des groupes jihadistes attaquent encore dans certaines localités, les grandes villes jadis dans le collimateur de ces brigands, sont aujourd’hui plus sereines. De même, les réceptions d’équipements militaires russes et turcs ont renforcé « la perception que les militaires ont une réelle volonté de s’attaquer à ce que les Maliens considèrent comme la priorité numéro un, la sécurité », assure Ibrahim Maiga, analyste pour l’ong International Crisis group.
En janvier, plus de 9 maliens sur 10 se disaient toujours satisfaits de la gestion de la transition, d’après le Mali-Mètre. Un sondage effectué à la suite d’une enquête d’opinion, réalisée par la fondation allemande Friedrich-Ebert-Stiftung dans les grands centres urbains et dans un contexte de répression des voix discordantes. Au Mali, une partie de la population reste muselée par les autorités militaires sans aucune forme d’expression. Néanmoins l’éveil des populations commence à se faire ressentir.
Notre Afrik avec l’AFP
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