Gouvernance : Ousmane Sonko prône une diplomatie affranchie de l’héritage colonial

Le Premier ministre sénégalais a lancé cet appel lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue congolais Anatole Collinet Makosso, ce 12 juin à Dakar.

Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a appelé à un changement de cap dans les relations extérieures des pays africains. Lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue congolais Anatole Collinet Makosso, tenue à Dakar ce jeudi 12 juin, il a exhorté les États du continent à réorienter leur diplomatie vers l’Afrique et son voisinage immédiat, tout en dénonçant les « réflexes hérités de la colonisation » qui freinent encore, selon lui, les choix souverains des dirigeants africains.

Affirmant que cette approche est le fruit d’une réflexion de longue date, le Premier ministre a rappelé que son engagement pour une diplomatie africaine prioritaire « s’inscrit dans la continuité » de ses convictions exprimées depuis plus d’une décennie. « Pour nous, la diplomatie commence par les pays voisins », a-t-il martelé, soulignant la nécessité d’une coopération intra-africaine renforcée.

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Critique des pratiques diplomatiques actuelles

Dans son allocution, le chef du gouvernement sénégalais émet des critiques envers les pratiques diplomatiques dominantes, encore trop tournées vers l’extérieur selon lui. Il déplore également que les visites officielles entre pays africains soient souvent reléguées au second plan, contrairement à celles organisées dans les grandes capitales occidentales ou asiatiques. « Ce regard extraverti est un symptôme d’une aliénation postcoloniale persistante », estime-t-il.

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Ousmane Sonko a aussi mis en lumière la faiblesse des échanges économiques entre les pays africains, qu’il considère comme un frein au développement. Il a pointé le coût élevé de la consommation locale, conséquence directe du manque d’intégration commerciale. « Le niveau de commerce intra-africain est alarmant », déclare-t-il.

Le bois, exemple d’une coopération à renforcer

Prenant le secteur du bois comme illustration, Ousmane Sonko a dénoncé le paradoxe des importations africaines. L’Afrique de l’Ouest achète pour plus de 513 millions de dollars de bois, majoritairement d’Afrique centrale, mais la matière première passe par des circuits extérieurs au continent. Il précise que le Sénégal est le deuxième importateur de bois dans la sous-région après le Nigéria, avec une facture de plus de 110 milliards de Fcfa.

Appel à la transformation locale des ressources

Saluant la décision du Congo d’interdire l’exportation de bois brut, Ousmane Sonko y voit un modèle de politique industrielle souveraine. Il insiste sur la nécessité de transformer les matières premières sur le sol africain, afin de créer de la valeur localement et de stimuler les économies nationales. « Il nous faut des politiques coordonnées en ce sens », affirme le Premier ministre sénégalais.

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Le chef du gouvernement a réaffirmé l’engagement de son gouvernement envers le panafricanisme et les partenariats équitables. « Nous ne voulons pas d’une relation où l’un exploite l’autre. Nous visons une coopération bénéfique à toutes les parties », a-t-il déclaré, invitant les pays africains à miser sur leur complémentarité.