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Afrique : des inondations « inédites » et aggravées par les changements climatiques

SOCIETE
Publié le 29 octobre 2024
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Depuis le début des crues en 2024, environ 7 millions de personnes ont été affectées. Ces catastrophes détruisent logements et cultures à travers le continent.

Au Nigeria et à travers le continent africain, le changement climatique intensifie les variations des saisons des pluies. Les catastrophes naturelles se multiplient, menaçant la vie de millions de personnes dont les habitations sont endommagées ou détruites et les récoltes ravagées, compromettant ainsi la sécurité alimentaire. En 2024, environ 6,9 millions de personnes en Afrique de l’Ouest et centrale ont déjà été touchées par des pluies torrentielles et des inondations, selon les données du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). Depuis 2012, l’État de Kogi est régulièrement frappé par des inondations. En 2022, le Nigeria a connu ses pires inondations en une décennie, causant plus de 500 décès et déplaçant 1,4 million de personnes. Plus récemment, en septembre, la ville de Maiduguri, dans le Nord-Est du pays, a été presque complètement submergée en une seule nuit.

Une situation préoccupante pour les habitants

Sandra Musa, conseillère à l’agence locale de secours SEMA, décrit la situation actuelle comme « très sévère » et « sérieusement dévastatrice », même si elle n’a pas atteint le niveau de 2022. « Normalement, à cette époque, les eaux commencent à descendre, mais cette année, elles continuent de monter », affirme-t-elle, estimant que 2 millions d’habitants de Kogi sont touchés. Fatima Bilyaminu, une mère de famille de 31 ans, ne peut accéder à sa maison dans le quartier d’Adankolo qu’en barque, les eaux du Niger menaçant d’envahir son domicile. « J’ai tout perdu », déplore-t-elle, citant ses biens essentiels, dont son lit et son matériel de cuisine.

Situation en Afrique de l’Ouest

Malgré l’absence d’alternatives et le manque de fonds pour se reloger, Fatima n’a d’autre choix que de réparer sa petite maison en béton, malgré les infiltrations d’eau récurrentes qui fragilisent la structure. L’Afrique, bien que ne représentant qu’environ 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, reste très vulnérable aux effets du changement climatique, comme le souligne un rapport de l’Organisation météorologique mondiale de février 2023. Aïda Diongue-Niang, du GIEC, précise que 2024 pourrait être l’année la plus chaude jamais enregistrée, après un 2023 déjà marqué par des records de chaleur et de précipitations.

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Dans le Sahel, les précipitations ont atteint des niveaux « sans précédent » en volume, intensité et durée, selon Amadou Diakité, responsable à Mali Météo. Certaines régions du Niger ont enregistré des excédents de pluies allant jusqu’à 200 % par rapport aux années précédentes. Au Tchad, les pluies diluviennes ont causé au moins 576 morts et 1,9 million de sinistrés depuis juillet. Au Cameroun, les inondations ont détruit plus de 56 000 maisons et ravagé des cultures.

Un cycle d’inondations devenu annuel

Des villes comme Monrovia, au Liberia, et Conakry, en Guinée, ont également été frappées par des flots de boue. Et à Bamako, au Mali, des quartiers entiers ont été submergés. Le poids des eaux a même provoqué l’effondrement d’un toit historique à Gao. Avec l’augmentation des événements extrêmes, Clair Barnes, chercheuse au Centre des politiques environnementales de l’Imperial College de Londres, souligne qu’un cycle d’inondations décennal est devenu annuel. « Nous devons nous préparer à davantage d’inondations », alerte-t-elle, insistant sur le lien avec l’utilisation continue des combustibles fossiles.

Lire : Tchad : mobilisation générale face aux inondations

Alors que la population africaine continue de croître, l’installation anarchique sur les rives des fleuves aggrave les risques de crues, comme l’indique Youssouf Sané, de l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie au Sénégal. Il appelle les États à intégrer les enjeux du changement climatique dans leurs politiques d’urbanisation. Aïda Diongue-Niang insiste sur le fait que la réduction des émissions de gaz à effet de serre est essentielle pour limiter ces événements extrêmes, appelant à une action collective au niveau mondial.

Notre Afrik avec AFP

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