Felwine Sarr: « Il y a un désir d’approfondissement du fait démocratique en Afrique »

Intellectuel fécond et engagé, l’universitaire sénégalais est convaincu qu’il y a un ethos de l’universitaire, qui est de faire profession de vérité et de dire cette vérité à la société et aux puissants.

C’est au nom de ce principe que l’enseignant à Duke University aux Etats-Unis est à la pointe du combat pour dénoncer ce qu’il appelle le recul démocratique au Sénégal. Dans cet entretien exclusif dans le Magazine Notre Afrik numéro 95, il livre son regard sur les enjeux et les convulsions qui secouent le continent.

Pour commencer, en ce début d’année 2024 quel regard portez-vous sur le continent africain ?

Le sentiment que j’ai, c’est que le continent, en tout cas l’Afrique de l’Ouest et une partie de l’Afrique centrale, est dans un moment de changement et de mutations qui est lié à ce que je pense être une phase cruciale dans un cycle politico-socio-historique nouveau. Donc, les sociétés africaines sont en travail et elles cherchent à accoucher de quelque chose de neuf. Il y a des convulsions d’ordre social et économique importantes, des reconfigurations du politique, des frontières, des mouvements sociaux à l’intérieur et qu’il y a quelque chose d’ancien qui cherche à mourir, pour reprendre une vision gramscienne, et quelque chose qui cherche à naitre ou à s’exprimer dans des formes nouvelles et nous sommes dans le temps de cette tension, de ce conflit, lié au désir d’accoucher de quelque chose d’autre. Toutes les crises que l’on voit, je les lis comme les symptômes d’un ancien monde qui n’arrive plus à répondre aux nouvelles problématiques et questions. Elles disent la nécessité d’inventer des formes nouvelles.

2024 c’est aussi une année électorale sur le continent (au Sénégal, au Ghana, au Tchad…) et d’un autre côté il y a eu plusieurs coups d’État sur le continent. Comment l’observateur que vous êtes perçoit-il l’évolution politique et idéologique du continent ?

Je pense qu’il y a deux dimensions qui semblent se contredire mais qui, pour moi, relèvent d’une même réalité. Les peuples d’Afrique ont un vrai désir de prendre leur destin en main et de le configurer afin que la gouvernance politique économique et sociale soit à leur profit, qu’elle réponde profondément à leurs aspirations. Je pense qu’il y a un désir de démocratie qui est réel. Il faut voir les mobilisations autour des élections et ce que les citoyens disent. Mais je pense aussi qu’il y a un rejet des régimes soi-disant démocratiques, mais qui dans la réalité sont autoritaires, autocratiques et qui ne répondent pas aux besoins des populations et continuent à borner leur destin. Dans certains endroits on a vu des soulèvements populaires qui se sont transformés en coups d’État militaires. Dans d’autres, les militaires ont pris le pouvoir sous les vivats des foules. Et ce que je lis dans cette attitude, c’est un désir de sortir des impasses, des anciennes formes de gouvernementalité. Cela ne veut pas dire pour autant que ce que les militaires proposent, c’est ce qu’il y a de plus optimal. Mais je peux comprendre de telles manifestations des populations qui parfois ne savent plus à quel saint se vouer. Ce que je lis de manière sous-jacente, c’est le désir de sortir d’une forme de gestion du pouvoir qui ne répond pas aux aspirations des populations africaines en termes de bien-être, de liberté et d’épanouissement et que celles-ci ont envie que cela change. Maintenant, on peut débattre des solutions alternatives, se demander si ce sont de bonnes solutions. Mais le désir de changer et de sortir des statuquos inhibiteurs, qui ne nourrissent pas la dignité humaine et qui n’offrent pas les conditions d’un épanouissement, est réel. Pour moi, c’est quelque chose qui traverse le continent et sa jeunesse, légitime et explique l’impatience de cette jeunesse.

A votre avis comment sortir de cette impasse ?

Le premier lieu, c’est celui du politique, parce que, quoique l’on dise, l’économique et le social sont subordonnés au politique. Un pays peut avoir de bonnes performances économiques pendant de longues années, mais il suffit d’une guerre civile, d’un conflit politique pour que ce pays revienne dix ans en arrière. Cela veut dire que les formes de « gouvernementalité », la manière dont les peuples configurent leurs destins, se donnent des règles du jeu, articulent le politique, une alternance de l’exercice du pouvoir afin que celui-ci soit dirigé vers le mieux-être du plus grand nombre, c’est le fondement sur lequel nous devons construire nos sociétés. Nous sommes au 21e siècle, c’est inacceptable que des sociétés soient capturées par des groupuscules, des clientèles et que la majorité ne trouve pas les conditions de son épanouissement dans la manière dont les affaires de la Cité sont gérées. Donc, pour moi, il y a une exigence très forte d’approfondir partout sur le continent les processus démocratiques. Maintenant, la démocratie, c’est une idée, elle peut prendre des formes institutionnelles plurielles et diverses, mais il faut que les individus aient voix au chapitre, que le pouvoir circule, qu’il y ait des contrepouvoirs, que la justice et l’équité soient assurés et qu’il y ait un contrat social bâti autour d’une répartition équitable des richesses. Ce sont là des fondamentaux qui créent les conditions d’une stabilité, et à partir de là on construit tout le reste.

Dans Afrotopia vous avez dégagé un horizon souhaitable pour le continent. Quelles sont les contraintes qui y font obstacle aujourd’hui ?

Je pense qu’il faut d’abord que l’on s’inscrive dans une temporalité sociale et historique. Généralement, quand le continent est confronté à des crises et que nous sommes désespérés et déprimés, nous inscrivons notre horizon dans le temps de la crise. J’ai envie de dire que nous sommes dans le cycle de l’histoire et dans le temps des sociétés et qu’il faut lire les choses sous ce rapport. Là on est dans un temps de crise, mais si on compare les dynamiques sociopolitiques du continent il y a 40 ou 50 ans, elles ne sont pas les mêmes. Elles ont évolué pour la plupart, dans certains endroits, de façon positive. Le problème, c’est que nous sommes sous l’emprise des crises qui nous empêchent de voir au-delà de celles-ci. Il y a une forme d’hypertrophie du temps présent dans la manière dont nous envisageons les choses.

Je pense qu’il y a deux dimensions qui semblent se contredire mais qui, pour moi, relèvent d’une même réalité. Les peuples d’Afrique ont un vrai désir de prendre leur destin en main et de le configurer afin que la gouvernance politique économique et sociale soit à leur profit.

Notre époque est marquée par un fort présentisme. Nous surpondérons le présent et ce que nous en percevons et n’accordons pas assez de poids aux dynamiques en cours et celles sous-jacentes. Les sociétés ont besoin d’accoucher de leur histoire et il faut accepter le temps nécessaire aux transformations sociales. Je pense que l’horizon souhaitable celui de l’actualisation des potentialités heureuses du continent demeure celui que j’ai indiqué dans Afrotopia. Maintenant, il ne s’agit pas simplement de l’énoncer, ce sont des pratiques quotidiennes qui font que l’on avance vers cet horizon souhaitable. Et certaines d’entre elles relèvent d’une meilleure gouvernance politique et des choix économiques et écologiques adéquats.

Images de manifestation de partisans d’Ousmane Sonko le 5 mars 2021. Des heurts entre la police et les manifestant avaient fait au moins un mort. AP Photo/Leo Correa

Mais pour que tous ces choix puissent être faits, l’un des préalables, est que les nations africaines retrouvent leur souveraineté sur leurs politiques et qu’elles aient des leaderships orientés vers ces horizons souhaitables. Que les choix qui sont faits prennent en compte la jeunesse du continent, ses aspirations profondes, son besoin de démocratie véritable et que les sociétés africaines produisent en leur sein, par des révolutions internes, une qualité de leadership qui les installe dans cette trajectoire-là. Il y a des actions individuelles organiques qui peuvent aller dans ce sens– j’ai toujours le sentiment que les sociétés sont en avance sur leurs gouvernants – mais ce sont les gouvernants, qui ont des leviers puissants, qui doivent organiser un cadre et créer des cercles vertueux afin que toutes ces actions soient fécondes. Et c’est ce qui manque. Le travail doit se faire à plusieurs niveaux. D’abord, des idées et des utopies concrètes. Mais celles-ci doivent se traduire aussi par de la praxis. J’ai le sentiment que la jeunesse africaine se bat pour bousculer l’ordre établi et qu’elle exprime elle-même son désir d’une nouveauté radicale, même si une partie d’entre elle va, dans des conditions dramatiques et mortifères, vers l’émigration clandestine, la majeure partie de cette jeunesse-là se bat au quotidien pour que des changements adviennent. Je suis convaincu que dans le temps de l’histoire, ces changements adviendront et qu’il faut être en mesure de lire ce qui est devant nous, mais de l’inscrire dans le temps des sociétés.

Cependant, ne craignez-vous pas que ce décalage entre ce désir de changement de cette jeunesse et la défaillance de la gouvernance sur le continent ne conduise à un sentiment que l’on croyait révolu, c’est-à-dire l’afropessimisme, et que cela ne fige à nouveau le sang des Africains ?

Oui, je le crains. Et dans certains pays on peut observer une corrélation nette entre des moments où les jeunes se battent pour des changements et des moments où ils n’y croient plus. Déjà on voit un regain de l’émigration clandestine de la part de la jeunesse africaine et on peut voir nettement que les deux sont liés. Je pense que c’est l’un des risques, lorsque le changement tarde à venir, qu’on a le sentiment qu’on n’y arrive pas, on peut baisser les bras et désespérer. Mais là aussi, je rappelle les leçons d’histoire. Je ne veux pas être « longtermiste », mais je rappelle que l’ANC a été créé en 1912 et c’est seulement dans les années 1990 qu’il a réussi à vaincre l’Apartheid. Et si on regarde les nuits et les saisons de l’ombre de l’histoire du continent, on a vu qu’elles ont fini par cesser, que les luttes ont fini par porter leurs fruits. Si on revient au moment des indépendances, on peut voir également que les luttes émancipatrices ont porté leurs fruits, même si toutes les promesses n’ont pas été tenues. Mais à chaque fois qu’il y a eu une chape de plomb sur les sociétés, si elles luttent dans la durée avec conviction et abnégation, elles finissent par vaincre et s’en sortir. Il faut faire passer le message qu’il faut de la constance et de la patience dans la lutte et le désir du changement et ne pas abdiquer aux premières difficultés.

Vous êtes à la pointe du combat des intellectuels qui dénoncent le recul démocratique au Sénégal. Quel est le sens de votre combat ? Pourquoi pensez-vous que la vitrine démocratique sénégalaise est menacée ?

Je pense que l’universitaire a une fonction sociale. Bien évidemment, il doit transmettre des connaissances et produire des savoirs, mais il doit aussi défendre des principes et des idéaux. La société le rémunère pour qu’il prenne du recul, le met dans les conditions de réflexion sur les dynamiques de cette dernière et quand celle-ci est en crise, notamment la société à laquelle il appartient, il se doit de rendre à la société ce qu’elle lui a donné. La société nous a mis dans une situation de pouvoir lui porter un regard informé. Et dans une crise, la compréhension de ce qui fait crise est nécessaire pour tenter de sortir de celle-ci. Il est absolument nécessaire que les intellectuels ne soient pas des fonctionnaires du savoir, mais qu’ils jouent leur partition. C’est le sens de mon engagement. Et pour moi, il y a un ethos de l’universitaire qui est de faire profession de vérité et de dire cette vérité à la société et aux puissants et de se mettre du côté de ceux qui subissent les injustices. Ceci étant dit, je crois que tous les observateurs sérieux et impartiaux sont d’accord pour constater le Sénégal est dans une crise de l’État de droit, dans une crise de la démocratie sénégalaise. Nous avons reculé sur plusieurs aspects. Les exemples de cet état de fait sont légion. Cette vitrine que nous étions, dont on s’enorgueillissait, aujourd’hui, nous devons être beaucoup plus humble, parce qu’un certain nombre de principes de base (des élections inclusives, une participation démocratique, des libertés publiques garanties, une justice indépendante…) ne sont plus respectées. L’interdiction systématique des manifestations, la justice qui ne fonctionne pas comme elle devrait, des arrestations et des emprisonnements arbitraires, l’élimination de certains candidats du jeu démocratique… sont des faits que quotidiennement nous observons au Sénégal. A cela s’ajoute un affaiblissement et une restriction de l’espace du débat public, une atteinte à la liberté d’informer des journalistes. Autant de faits que les observateurs et les amis du Sénégal ne comprennent pas. Ce pays se targuait depuis les indépendances, malgré les imperfections de sa démocratie, d’être une vitrine démocratique en Afrique. Nous avions suivi un chemin qui était celui d’une consolidation dans le temps nos acquis démocratiques. Mais depuis quelques années nous vivons un véritable recul démocratique et ça c’est inquiétant. Je pense que l’un des enjeux des élections qui se profilent dans quelques semaines, est de restaurer la trajectoire démocratique du pays et de l’approfondir.

Généralement, quand le continent est confronté à des crises et que nous sommes désespérés et déprimés, nous inscrivons notre horizon dans le temps de la crise. J’ai envie de dire que nous sommes dans le cycle de l’histoire et dans le temps des sociétés et qu’il faut lire les choses sous ce rapport.

Maintenant, ce que je trouve utile dans cette crise, c’est qu’elle nous indique les vulnérabilités de notre système politique, les failles institutionnelles, les lieux où l’on doit travailler pour qu’il y ait des institutions fortes, qui jouent leur rôle ; des contrepouvoirs qui opèrent et une séparation effective et réelle des pouvoirs. Il y a des dispositions liberticides qui existent dans nos textes et dont nous ne nous rendions pas compte tant que tout semblait aller bien et lorsque nous sortirons de cette crise, il faudra en tirer les leçons et effectuer le travail nécessaire dans l’espace institutionnel, de renforcement du fait démocratique. Nous devons apprendre de cette crise que la démocratie reste toujours à construire : elle est à défendre, elle est fragile, elle n’est jamais totalement acquise et qu’à chaque étape il y a des leçons à tirer pour faire en sorte que l’étape qui suit soit celle de sa consolidation et de son approfondissement.

Compte tenu de tout ce que vous venez de dire sur le recul de la démocratie sénégalaise, avez-vous quand même espoir qu’il sortira des prochaines élections un changement de cap ou qu’au contraire les jeux sont faits?

Le souhait que j’ai, c’est que la démocratie finisse par s’imposer. Même si la conjoncture semble défavorable, il faut le reconnaître, parce qu’un certain nombre d’entraves à l’inclusivité des élections ont été constatées. On dissout un parti important de l’opposition (PASTEF), on emprisonne son leader (Ousmane Sonko), on décapite son état-major et on met tout en œuvre pour empêcher cette vision sociétale et ceux qu’elle représente d’exister au moment des élections : ceci est une profonde entrave à la démocratie. Tous les citoyens ont droit à ce que leurs préférences politiques soient représentées dans l’espace du débat politique et de la compétition électorale. C’est ce qui donne sens à la démocratie : le pouvoir véritable de choisir.

 

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Maintenant, je refuse de céder au pessimisme et de considérer que les jeux sont faits pour la bonne et simple raison qu’il y a des luttes qui se mènent dans l’espace civil, politique et judiciaire et on a vu qu’elles n’étaient pas toutes vouées à l’échec. Certains juges ont pris leur courage à deux mains et ordonné que l’on réintègre M. Sonko dans les listes électorales. Cela veut dire que les institutions ne sont pas totalement affaissées, que les contrepouvoirs ne sont pas tous totalement éliminés. Nous sommes entrés dans un temps incertain, dans lequel il est extrêmement difficile de prévoir ce qui en résultera, mais je pense qu’il ne faut pas se rendre à l’idée que les jeux sont faits, l’histoire est toujours en mouvement. Les luttes démocratiques doivent être menées jusqu’au bout avec l’idée que finalement la démocratie et la Justice triompheront. Tous les individus de bonne volonté qui œuvrent pour la démocratie dans ce pays ne doivent pas céder au découragement et doivent continuer à s’engager afin que la démocratie tienne, parce qu’autrement, l’alternative serait une destruction de valeurs politiques et sociétales fondamentales que nous pensions acquises.

En tant qu’intellectuel africain quel regard portez-vous sur le panafricanisme qui connaît un large écho chez la jeunesse et quels sont les pièges que doit éviter la nouvelle génération de leaders panafricanistes ?

Je pense que c’est une excellente chose, cette « repolitisation » de la jeunesse africaine que l’on disait dépolitisée et acquise au désir effréné d’un consumérisme promu par l’économie néolibérale, comparée à celle de la génération des indépendances. Ce que j’observe dans ce panafricanisme, c’est un désir renouvelé d’une décolonisation achevée et complète, en finir avec ce que l’on appelle la colonialité. C’est normal que notre jeunesse désire fondamentalement que nos nations retrouvent leur souveraineté pleine et entière et qu’elles commercent et échangent économiquement et symboliquement d’égal à égal avec le reste du monde, particulièrement avec les anciennes puissances colonisatrices. Il y a énormément d’espaces et de lieux symboliques où l’on se rend compte que cette relation égalitaire n’existe pas. Maintenant, ce que je questionne dans une certaine forme de militantisme, c’est la caricature et la réduction de la complexité des dynamiques géopolitiques économiques et sociales, c’est-à-dire la tendance à une lecture binaire du monde, alors qu’il faut restituer au monde sa complexité. Dès fois, j’entends des lectures de nos réalités extrêmement simplistes, qui relèvent parfois du slogan.

Le souhait que j’ai, c’est que la démocratie finisse par s’imposer. Même si la conjoncture semble défavorable, il faut le reconnaître, parce qu’un certain nombre d’entraves à l’inclusivité des élections ont été constatées. On dissout un parti important de l’opposition (PASTEF), on emprisonne son leader (Ousmane Sonko), on décapite son état-major et on met tout en œuvre pour empêcher cette vision sociétale.

Pour relever les défis du continent, il me semble nécessaire de les regarder dans leur complexité et démêler patiemment les fils de l’écheveau. Pour cela, je pense que le militantisme est fondamental, mais il doit être fondé sur une lecture profonde et critique des dynamiques internes et globales. Cette lecture critique doit aller dans les deux sens : s’adresser à nous-mêmes, identifier nos espaces de responsabilités (ce que nous ne faisons pas bien à l’intérieur de nos frontières) et les distinguer de ce que nous subissons de la part de l’extérieur. Ce qui demeure constant et salutaire, c’est le désir partout dans le continent de renouveler les termes de notre présence au monde et la manière dont nous articulons nos relations dites internationales ; de retrouver pleinement notre souveraineté et de l’exercer au profit de l’épanouissement de nos peuples. Je pense que les intellectuels et les politiques doivent se saisir de ce contexte-là, de ce désir légitime de changement, et formuler des propositions et poser des actes qui vont dans le sens d’une libération complète du continent et de la réalisation des aspirations des populations.

Propos recueillis par Suzanne CHEVALIER