La décision rendue le 20 novembre clôt plus d’une décennie de bataille judiciaire visant le dirigeant de l’IPOB (Peuple indigène du Biafra), organisation proscrite par les autorités nigérianes.
Le jeudi 20 novembre, le leader séparatiste biafrais Nnamdi Kanu a été reconnu coupable de « terrorisme » et condamné à la réclusion à perpétuité. Le procureur général du Nigeria avait pourtant demandé la peine de mort, mais le juge James Omotosho a estimé que « la vie est sacrée aux yeux de Dieu » et que la peine capitale n’est plus soutenue par la communauté internationale. Ce verdict met fin à plus de dix années de procédures judiciaires autour du chef de l’IPOB (Peuple indigène du Biafra), interdit par les autorités nigérianes.
Une condamnation confirmée pour sept chefs d’accusation
Nnamdi Kanu a été reconnu coupable sur l’ensemble des sept chefs d’accusation, allant de « terrorisme » à la diffusion de messages «intentionnellement trompeurs». À la sortie du tribunal, le procureur général Adegboyega Awomolo a salué le verdict : «La justice a été rendue, nos frères et sœurs de l’est du Nigeria vont pouvoir dormir tranquilles».
Pour sa part, Aloy Ejikamor, ancien avocat de Kanu, a dénoncé une peine «excessive, cruelle et inhabituelle», affirmant que son client fera appel. Kanu, âgé de 58 ans et détenteur de la double nationalité nigériane et britannique, avait choisi de se défendre seul, renvoyant ses avocats quelques semaines auparavant, ce qui avait déjà retardé le procès. En pleine audience, il s’était vivement emporté lorsque sa demande de liberté sous caution a été rejetée, criant : «Où est la loi ?». Escorté hors de la salle, le verdict a été rendu en son absence, avec un délai de 90 jours pour interjeter appel.
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Un parcours mouvementé
Le chef séparatiste s’était fait connaître en 2015 en appelant à l’indépendance du sud-est via la Radio Biafra, basée à Londres. Il avait alors déclaré : «Nous avons besoin de fusils et de balles», ce que l’IPOB conteste comme appel à l’insurrection. Après des manifestations en soutien au Biafra la même année, il avait été arrêté puis s’était soustrait à sa libération sous caution en 2017, avant de fuir le pays. Extradé depuis le Kenya en 2021 dans des conditions controversées, il est accusé d’avoir imposé des consignes de «sit-at-home» qui paralysent écoles, marchés et transports, accusation que l’IPOB nie.
Des condamnations à l’international
Parallèlement, un autre leader séparatiste biafrais, Simon Ekpa, détenteur de la double nationalité finlandaise et nigériane, a été condamné en septembre en Finlande à six ans de prison pour «participation aux activités d’un groupe terroriste» et «incitation publique à commettre un crime à des fins terroristes».
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L’IPOB revendique la création d’un État séparé pour l’ethnie Igbo, dans le sud-est du Nigeria, une région marquée par la guerre du Biafra de 1967 à 1970, qui avait fait entre un et deux millions de morts, principalement à cause de la famine. Le gouvernement nigérian considère l’organisation comme terroriste et l’accuse d’exacerber les tensions ethniques, affirmant qu’elle diffuse des messages alarmistes sur un prétendu génocide des Igbos.
Notre Afrik avec AFP
